Publié le dimanche 30 novembre 2003 | http://prison.rezo.net/intimes-convictions/ « Intimes convictions » « J’étais nu, nu et atroce. La réalité d’une naissance est ainsi : SALE. La vie m’a dégueulée dans son monde, sans le choix de rien, sauf celui d’imposer l’existence, à l’être. Je me suis donc retrouvé enfermé à l’ombre, où l’étrange clarté du pourquoi a l’indécence de se taire. Et comme tous les mômes, j’ai crié après la baffe. Sûrement en un réflexe de lucidité inconsciente. Il me faudra du temps pour la retrouver... Cette garce. Et j’ai même chialé. Oui, renaître à 20 piges n’épargne pas la douleur, celle-ci fut poignardante. Je me rappelle ces larmes, creusant des sillons aux allures de gouffres. Il en reste des traces, vestiges dans ce qui me sert d’âme. Accroché à l’hier, accouché au présent, je suis cette plaie ouverte qu’il sied sur demain de nourrir. Ma mère m’a condamné à mort me forçant vie, cette assassine que j’aime, et c’est pour une seconde fois que je crève. Ainsi en est le hasard, un embryon sur le retour, un avorton ensanglanté, expulsé des entrailles, de VOS entrailles, à tous. (...) Me voilà donc, entre quatre murs, ceux de mon propre corps. Je dépéris, au moins je le sens. C’est une vue de l’esprit pour certain. PAS POUR MOI. Mon ventre se trompe rarement. Il me sait incarcéré dans une taule de chaire, et rit de me voir ainsi me débattre dans les méandres de la curiosité. Mon seul plaisir, me savoir assez con pour m’euthanasier, quand j’aurai l’héroïsme de le faire. Car il ne suffit pas seulement de courage pour se butter, mais aussi l’antique référence de la lucidité. » Nicolas V. Extrait du mémoire d’Anne-Julie Auvert "Ecrire pour survivre" |