« Folie de vivre » (pour des-raisons de mourir...)

« Me revoilà, presque malgré moi oserais-je dire, subissant cette pulsion venue des tripes, à écrire. Oui, écrire, encore et toujours, ventrale ment, sans savoir où je vais, surtout pas, laissant les mots éclabousser de leur verticalité ce quotidien qui est le mien. Ils se posent, se couchent en des poses obscènes, obscurcissant une feuille de papier qui ne demandait qu’à vivre. Aucun plaisir, juste une maladive envie de saigner, quand l’encre s’épanche d’une plaie que je suis seul à sentir, insensé, un sensé déguisé au masque social, degré zéro d’un statut qui me colle à la peau. Ce vomitif entache mon angoisse, et se déchirent mes espérances si funestes. Une quête, d’immortalité, où les maux, se taisent, criant « silence » sans un son... Je parcours donc les pourtours d’un moi atroce, fier mais atroce, qui me jète à la gueule sa tronche d’aliéné à son propre fait. Le miroir, dans lequel je me trouve, en fuite éperdue, vers l’ailleurs, cette autre, contrée, qui se refuse à moi en un malin plaisir. Pas de jouissance, infection de l’être, de lettres marquant au fer rouge, et noir parfois, une réalité que ma raison ignore. »
 
Nicolas V.

Extrait du mémoire "Ecrire pour survivre" de Anne-Julie Auvert