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1993 : Perpétuité ? Un tunnel sans fin

Publié le samedi 20 septembre 2003 | http://prison.rezo.net/1993-perpetuite-un-tunnel-sans-fin/

« Perpétuité ? Un tunnel sans fin, dans lequel on finit par ne plus espérer voir au loin, apparaître une lueur de sortie. Car il n’y a pas de limite dans le temps. C’est une chute interminable dont on perçoit à peine les différentes étapes qui produisent notre minutieuse destruction. La mort à petit feu, qui commence par la perte de toutes notions, affectives, familiales, sociales, si on ne parvient pas à entretenir un lien avec l’extérieur. Tout étant fait, pour que ce lien soit brisé... C’est la destruction progressive de toutes les facultés morales, physiques, mentales. Comme un obsédant sentiment d’inutilité, d’être un poids mort et lourd à supporter pour la famille, l’impression d’entraîner sa femme, son amie, dans sa chute en brisant ou en limitant leur propre existence . Le sentiment de se voir vieillir pour rien. Pour personne. Pas même pour soi. (...) Perpétuité, c’est bien autre chose qu’une simple privation de liberté, c’est la négation de l’individu. Une parenthèse qui fait de nous des moitiés d’hommes. (...) Tiens, voici deux fois que j’utilise ce terme « extérieur ». rien que l’emploi de ce mot, montre à quel point, on s’exclut d’un monde vivant. À quel point on s’inclut dans la parenthèse. »

Extrait du mémoire d’Anne-Julie Auvert "Ecrire pour survivre"