Association Trait d’union 77
rue Cordeliers
77100 MEAUX
(à côté de la Maison d’Arrêt de Meaux)
« ENTREZ, c’est ici votre maison, je vais vous faire visiter. » Depuis hier après-midi, les familles de détenus de la maison d’arrêt de Meaux ont droit à un local d’accueil, un 60 m 2 de trois pièces agréable, avec réfrigérateur, bouquet de fleurs en décoration. Jean-Paul Feraud, président de l’association Trait d’union 77, accueille les arrivants. Cette association a été créée en mai dernier par la Croix-Rouge et le Secours catholique, dans le but d’ouvrir ce lieu d’accueil. A partir du mois de novembre, le local sera ouvert tous les après-midi de parloir. D’ici là, les familles peuvent y passer les vendredis et samedis après-midi.
« Une heure sous l’Abribus c’était déprimant » « Je viens trois fois par semaine depuis seize mois, commente l’épouse d’un détenu de Lizy-sur-Ourcq. L’hiver dernier, j’étais enceinte. Attendre une heure sous l’Abribus à l’entrée de la prison, c’était déprimant. J’arrivais au parloir complètement gelée. C’est vraiment bien, cet appartement. » L’association regroupe 70 adhérents, dont 25 bénévoles qui ont suivi deux jours de formation. « On est ici à l’écoute, sans juger ou faire la morale », explique Zerda, bénévole. Pour son premier après-midi d’ouverture, aucune famille n’a refusé d’entrer, et la cafetière a tourné à plein régime. Les mères de détenus discutent entre elles ou avec les bénévoles. L’association informe sur les droits et les aides accordées aux familles, les horaires de train ou de bus. Le projet, lancé depuis plus d’un an, a mis du temps à aboutir. Il a fallu convaincre la propriétaire de louer son appartement à l’association. « On a tous eu des moments de découragement, mais il fallait un lieu d’accueil. Les familles en attente étaient exposées au froid, mais aussi au regard des passants. Et les enfants restaient parfois seuls dehors dans des conditions dangereuses », explique Jean-Michel Salin, directeur de la maison d’arrêt, qui a adhéré à titre privé à l’association. Trait d’union souhaite maintenir le lien entre le détenu et sa famille. « Car souvent, après un an, il ne reste que les mères à venir à la prison », estime Jean-Michel Salin. Quand la maison d’arrêt fermera fin 2004 au profit de la prison de Chauconin, l’association suivra le déménagement. « On a le temps de nous rôder. Ici, il y a cent familles, principalement de Seine-et-Marne. A Chauconin, nous en accueillerons 600, de toute la région parisienne. Nous penserons à leur fournir un repas. »
Valentine Rousseau
Le Parisien , samedi 11 octobre 2003
DOROTHÉE a pris un café au local d’accueil avant d’accéder au parloir, puis y est revenue, pour « décompresser ». Sa fille âgée de 3 ans grignote les petits gâteaux disposés dans une assiette en plastique et la jeune femme de 31 ans prend un second café. Comme toutes les familles de détenu, elle se réjouit de cette ouverture. « C’est chaleureux, il y a même une salle de jeux pour les enfants. Ils seront moins turbulents à attendre ici que dehors, au froid. » Depuis cinq mois, Dorothée vient à la maison d’arrêt trois fois par semaine, rendre visite à son mari. Le mercredi, elle y emmène ses deux aînés de 5 et 7 ans. « Dans ce local, je vais discuter plus volontiers avec les autres familles. On est plus détendus. C’est toujours un peu l’angoisse d’entrer dans une prison. Je n’y avais jamais mis les pieds de ma vie. En sortant du parloir, j’ai besoin de parler. »
Le Parisien , samedi 11 octobre 2003