Publié le jeudi 6 novembre 2003 | http://prison.rezo.net/la-beaute-de-l-imperfection-mai/ Artiste en prison : la beauté de l’imperfection Une démarche initiée par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation, avec le soutien de l’association culturelle et du directeur de la prison. Des échanges se sont noués avec l’un ou l’autre des détenus qui appréciaient plus ou moins le travail de Karin Zielinski : « Moi, je vais être franc, j’aime pas. Pour moi, c’est mort. Mais la technique et les idées sont originales », a démarré un des élèves plasticiens. L’artiste ne s’est pas démontée pour autant : « Mon travail est axé sur la technique et la matière. Je récupère de tôles d’imprimerie en aluminium, je les recouvre de papier de soie pour donner des reliefs. J’ajoute de la gaze, du plâtre. La figure ne m’intéresse pas. Je sens et je fais ». Elle a vite trouvé des défenseurs : « Ce que je trouve beau, c’est la simplicité » ; « Ça me fait penser à l’hiver », « Si j’avais de l’argent, je vous embaucherais pour ma décoration intérieure »... Karin Zielinski a aussi expliqué sa prédilection pour le carré et pour les couleurs claires : « Ça calme, je cherche souvent le silence dans mes toiles ». Et d’ajouter son amour de l’imperfection : « Toute imperfection, ça fait de la beauté ». Réponse d’un de ses interlocuteurs : « Donc, on doit être très beau ici ! ». Le projet a démarré lors de l’édition 2002 de Recycl’Art, où une responsable du service de probation a repéré la plasticienne. Un deuxième projet a été élaboré puisque le mari de Karin, Thierry Kentzinger, est le responsable de Rohr Environnement qui organise cette manifestation au Koïfhus. Il a été convenu que le groupe d’arts plastiques de la prison, qu’anime tous les lundis matin Jean-Luc Wetzel, professeur à Camille-Sée, exposerait à Recycl’Art 2003 (du 15 au 21 septembre prochains). « Avec du matériel récupéré, des cartonnages, des cageots, du bois, des étiquettes, nous allons réaliser une oeuvre collective », précisait hier Jean-Luc Wetzel. Ce sera, semble-t-il, la première fois qu’une oeuvre réalisée en prison sera montrée hors les murs. Dom. Poirier |