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1 II L’univers carcéral

Publié le lundi 8 décembre 2003 | http://prison.rezo.net/1-ii-l-univers-carceral/

Nous nous proposons dans cette partie de présenter l’institution pénitentiaire marocaine dans son aspect organisationnel, en dénombrant et analysant ses moyens d’action. Nous présenterons ensuite quelques aspects du déroulement de la vie quotidienne des détenus et comment cette vie est agencée par le règlement intérieur des prisons. Enfin, nous tenterons de présenter et d’analyser les méthodes de traitement utilisées pour la rééducation des détenus, d’en mesurer la portée et d’évaluer les résultats.

Parler d’"univers carcéral" ou pénitentiaire n’est pas exagéré, tellement les prisons et leurs occupants constituent une entité distincte en marge de la société globale. La vie à l’intérieur des prisons ne peut être décrite que par ceux qui l’ont effectivement vécue, d’un côté ou de l’autre des barreaux, Plutôt d’un côté que l’autre, celui des enfermés. Aussi fertile que soit l’imagination, on ne peut que se rapprocher à un degré plus ou moins éloigné de la réalité carcérale sans jamais la saisir ou la maîtriser totalement. C’est que le monde pénitentiaire présente une multitude de particularités. La première particularité qui caractérise cet "univers", est une démographie galopante qui défie les prédictions les plus pessimistes ; devant elle, Malthus ferait figure d’un optimisme juvénile. La deuxième particularité, vient des règles qui l’organisent. En effet, les détenus vivent selon un rythme, des horaires et des modalités fixées par l’administration. En troisième lieu, les membres de cette mini société ont leur façon de se comporter entre eux, leurs valeurs et leur morale. En fin, si les détenus se résignent à l’emprisonnement, cela ne veut pas dire qu’ils l’acceptent.

1-Démographie pénitentiaire
Les taux annuels de progression de la population pénale sont inquiétants. D’année en année, la courbe ascensionnelle ne connaît pas de répit. Le nombre des détenus ne progresse pas seulement en valeur absolue, il progresse aussi quant au taux par 100.000 habitants. D’autre part, la longueur des peines prononcées et de l’emprisonnement subi, tend à se prolonger ; ce qui a pour résultat, l’encombrement des établissements.

a-L’évolution des effectifs
Au 31 Juillet 1987, le nombre des détenus incarcérés dans les différentes prisons du Royaume, relevant de la Direction de l’Administration pénitentiaire était de 29.000 environ (28440 très exactement) ce qui représente 0,12 % de la population totale estimée à la même date à 23.000.000 d’habitants. L’observation statistique rétrospective permet de constater que l’effectif pénal est en constante progression depuis l’indépendance, passant de 8797 en 1963 au chiffre inquiétant qui vient d’être signalé en 1987, soit une progression de l’ordre de 328 % ! En l’espace de 24 ans, l’effectif pénal a plus que triplé. Il est à souligner que les chiffres présentés dans le présent travail ne concernent que les effectifs résiduels au 31 Décembre de chaque année. Ces clichés statistiques périodiques ne reflètent pas la masse des entrants et des sortants entre le 1er Janvier et le 31 Décembre. Le mouvement de la population pénale est en effet beaucoup plus important. Il représentait pour le 4° trimestre 1984 un total sortant de 25.161 prisonniers soit plus de 100.000 par an. Sur la base de ces données, ou pourrait, évaluer le nombre des individus qui transitent chaque année par les prisons à 130.000 [1] soit 0,6 % de la population totale. Si on prend en considération le fait que les mineurs de 15 ans ne sont pas admis en prison, sauf de très rares exceptions et que par conséquent on déduit de la population totale cette tranche qui n’est pas concernée par le phénomène carcéral et qui représente 42,16 % soit 9.696.800 habitants, l’univers statistique réel tombe à 13.303.200 habitants. Dans ces circonstances, le pourcentage des individus concernés par le mouvement de la population détenue s’élèverait à 0,98 % de la population totale. Si on pousse la pondération plus loin en rapportant le nombre d’hommes et de femmes détenus à leur nombre respectif au sein de la population totale âgée de plus de 14 ans, en nous basant sur le nombre de la population totale estimée au 31 Juillet 1987 et la proportion d’hommes et de femmes dégagée par le dernier recensement général de la population, on aura comme population totale 13.303.200 habitants dont 6.571.780 hommes et 6.731.420 femmes. Considérant que la population pénale féminine tourne autour de 10 % de l’ensemble des détenues, on peut en déduire que 117.000 détenus de sexe masculin passent chaque année par l’institution pénitentiaire, soit 1,78 % de la population totale masculine âgée de plus de 14 ans. On est alors très loin du 0,12 % constaté en première analyse et généralement admis comme taux d’incarcération. Si on ne prend en considération que les personnes en âge d’exercer une profession c’est-à-dire entre 19 et 60 ans, le taux s’élève, (toujours pour la population masculine) à 2,43 %, ce qui constitue une véritable côte d’alerte pour l’économie nationale et le développement du pays, qui reposent essentiellement sur la main d’œuvre masculine. Tous ces bras, qui devaient normalement se trouver dans les usines, les champs ou les chantiers, participent à l’effort collectif de développement économique et social, se trouvent non seulement retirés du potentiel productif national, mais représentent une lourde change pour trésor public ; sachant qu’un détenu coûte à l’Etat 50 DH par jour ses nourriture, hébergement, surveillance et entretien et que la création d’une place revient à 20.000 DH [2] d’où un poids considérable pour les ressources de l’Etat dans ces années de vaches maigres. L’évolution progressive des effectifs touche toutes les catégories pénales. En ce qui concerne la population masculine, elle a accusé une progression de 40 % en l’espace de 10 ans, allant de 16.649 en début de période à 23.280 en fin de période. Ces chiffres comprennent trois catégories pénales, à savoir les présumés innocents, à savoir les prévenus et les condamnés en instance ou dans les délais de recours, les condamnés définitifs et les contraints par corps en matière de dette [3]. La première catégorie est passée de 8.169 en 1975 à 10.402 en 1984 soit 27 %. La deuxième a accusé une progression de 48 %, passant de 7.830 à 11.603. Enfin, la troisième a connu le taux le plus élevé, soit 96,5 % (voir tableau ci-après). Il faut signaler que ces chiffres sont aujourd’hui largement dépassés. Nous déplorons la décision surprise des autorités pénitentiaires de nous refuser l’accès au chiffres concernant les années 1985 à 1987 pour des raison que nous ignorons.


Il est à souligner que ces chiffres sont aujourd’hui largement dépassés, étant donné que l’effectif pénal a pratiquement doublé depuis. Cependant, ils gardent toute leur pertinence quant aux tendances dégagées. La population pénale de sexe féminin a connu durant la période de référence
a progressé de 62% passant de 891 en début de période à 1443 en fin de période. L’évolution globale a été de :
60% pour les prévenus et condamnés en instance ou dans les délais de recours .
67% pour les condamnés définitifs
68% pour les contraints par corps
La progression de l’effectif des prisons dépasse de beaucoup celle de la population globale. Cette dernière connaît une progression dégressive aux alentours de 2,1% tandis que la population pénale croit à un rythme qui varie entre 5 et 13% chaque année. En longue période elle se stabilise autour de 9% et tend à doubler tous les 10 ans. Cette moyenne doit être pondérée par des facteurs extra judiciaires qui viennent périodiquement abréger les peines en cours d’exécution telles que la grâce ou l’amnistie. Ces dernières années, la grâce royale touche un nombre de condamnés de plus en plus important. En effet plusieurs milliers de condamnés bénéficient chaque année de la clémence du souverain à l’occasion des fêtes nationales et religieuses, sur proposition de l’Administration Pénitentiaire. Il a été observé qu’après une mesure de grâce ou d’amnistie touchant un grand nombre de détenus, l’effectif pénal, après avoir accusé une chute considérable, se ressaisit très vite et reprend son inexorable ascension. La population pénale croit en dents de scie. Elle progresse par à coups, accusant tantôt une stabilité, voire même un net recul pour repartir aussitôt de plus belle. Les fluctuations peuvent affecter quelques mois ou quelques années. Ainsi, au cours de la même année, les effectifs peuvent varier de manière considérable dans un sens ou dans l’ autre, d’un mois à l’autre, voire même en l’espace d’un ou de quelques jours. Aussi, observe-t-on une forte baisse des effectifs pendant les mois de l’été, particulièrement en juillet août ; les taux les plus élevés étant enregistrés durant les mois de l’hiver. Ces fluctuations trouvent leur explication dans d’autres facteurs qu’une hausse ou une baisse saisonnière de la criminalité. Ainsi, le renforcement des effectifs de la police, la multiplication des rondes, les campagnes d’assainissement, la création de nouveaux commissariats de police ainsi que la nomination de nouveaux responsables des administrations chargées de la justice pénale, contribuent concurremment à constater et à réprimer un plus grand nombre d’infractions. De même, que des évènements tels que l’amnistie, la dépénalisation de certaines infractions ou les grandes vacances de l’été contribuent séparément à baisser le nombre des infractions relevées. Toutefois, la tendance générale qui se dégage de l’observation statistique en longue période est une tendance à la hausse régulière aussi bien dans l’absolu que relativement à la croissance démographique nationale. Ceci peut être largement expliqué par le développement de l’administration de la justice (police, gendarmerie et tribunaux) qui a connu une importante évolution qualitative et quantitative durant les vingt dernières années, ce qui n’a pas été le cas pour l’infrastructure pénitentiaire qui n’a pas suivi le mouvement général au même rythme et qui reste en deçà des besoins de la société en matière d’hébergement des détenus.

b-L’encombrement des prisons
Parmi tous les problèmes de l’administration pénitentiaire, celui de l’hébergement décent de la population pénale est du moins le plus épineux. Le surpeuplement des prisons entrave irrémédiablement don action d’éducation et de rééducation. En effet, la population pénale dépasse de loin, en nombre, la capacité d’hébergement des prisons. Ce phénomène a tendance à s’aggraver et à se perpétuer avec le prolongement de la durée moyenne d’emprisonnement.

A Effectifs réels et capacité d’hébergement
La règle n° 19 de l’ensemble des règles minima pour le traitement des délinquants, adoptées par le Conseil Economique et Social et approuvées par l’assemblée générale des Nations Unies en 1955, prescrit que chaque détenu devra disposer d’un espace minimum de 1,50 m² et prescrit le recours aux autorités sanitaires de chaque pays membre pour fixer des standards nationaux. L’étude effectuée par le service de la prévention du Ministère de la santé publique au début des années 1970 a permis d’évaluer la capacité d’hébergement totale dont disposait l’administration pénitentiaire à 7.000 places. Depuis, quelques années, un millier de places a été construit ça et là, portant cette capacité à 8.000 « lits ». Considérant que la population pénale avoisine les 29.000 détenus, la surcharge peut être évaluée à 21.000, soit une surcharge nette de 350%. Dans certains établissements pénitentiaires, le surpeuplement atteint des proportions inquiétantes allant jusqu’à 750%. Tel est le cas de la prison civile d’Agadir (sise à Inezgane), conçue initialement en 1973 pour contenir 275 détenus et qui en contenait 1120 à la date où nous rédigeons ce travail (mars 1986). Ce phénomène d’encombrement est aggravé par celui de la vétusté et de l’insalubrité de du parc pénitentiaire, dont la plupart des établissements datent du début du siècle sinon du siècle précédent. La quasi totalité des prisons actuellement en service doivent être désaffectées pour cause de non conformité avec les normes élémentaires d’hygiène et de salubrité. Une étude réalisée par les autorités pénitentiaires en 1974, à l’occasion de la préparation du plan de développement économique et social, en a estimé la capacité inutilisable à 5000 places. Si on devait en tenir compte, la capacité réelle d’hébergement serait ramenée à 3000 places et le déficit grimperait à 26.000 places soit in encombrement de 1000 %. La situation de plusieurs établissements pénitentiaires est explosive. En plus de la prison d’Agadir dont le cas est évoqué ci dessus, celle de Laalou qui héberge les délinquants de la capitale est très éloquente. Conçue pour d’autres fins et aménagée pour héberger 283 prisonniers, elle contient en permanence plus de 1400, soit une surcharge de 500%. Fleuron du système, la Maison Centrale de Kenitra n’héberge pas moins de 1500 détenus pour une capacité théorique initiale de 425 prisonniers, détenus appelés à y purger de très longues peines, soit trois fois et demi son potentiel. La liste peut être prolongée à volonté, sans retrouver un seul établissement pénitentiaire épargné par l’encombrement. Les prisons les mieux loties fonctionnent aux alentours de 200% de leur capacité d’hébergement théorique.. Même celles récemment ouvertes sont déjà encombrées, tel est le cas de la prison civile de Safi qui, ouverte en 1983/1984 pour héberger 240 détenus en contient 1500 trois années plus tard !!! Dans ces conditions, on ne peut pas parler d’encombrement mais de compression forcée des détenus. Chaque jour, des réfectoires, des salles de classe ou de soins sont transformées en locaux de détention et le flot des nouveaux arrivants ne semble pas voué à un tarissement prévisible ! Lors d’une entrevue que nous a accordée le Directeur Général de cette institution, il nous confie que son souci majeur avant toute autre considération est de parvenir un jour à trouver une place pour tout ce monde qu’on lui adresse chaque jour. Ayant pris par nous même l’ampleur du problème, nous mesurons son inquiétude et la partageons. La situation des prisons et la tendance générale à la croissance des effectifs à y incarcérer ne laissent entrevoir aucune amélioration dans un avenir prévisible. Les détenus continueront d’arriver de plus en plus en détention pour y purger des peines de plus en plus longues.

B-La durée du séjour
Le 31 décembre 1975, 8.112 condamnés purgeaient un total de 491.666 mois de prison, soit une moyenne de 5 ans. A la même date en 1984, 11970 détenus purgeaient un total de 795141 mois de détention soit une moyenne de 5 ans, 6 mois et 12 jours. En 10 ans, la moyenne des peines en cours d’exécution a connu une croissance de l’ordre de 10.66%. Les séjours supérieurs à 5 ans ont augmenté de 46% en l’espace de dix années, passant de 2039 en début de période à 2978 en fin de période, +939. Durant cette période, on a pu observer que les séjours supérieurs à 10 ans ont connu une augmentation de 45%, passant de 1109 en 1975 à 1591 en 1984. Considérant que cette catégorie de détenus est appelée à effectuer un long séjour en prison, il est normal qu’elle connaisse une croissance régulière sans que cela ne traduise une hausse réelle de la grande criminalité. En effet, on retrouve chaque années les mêmes prisonniers auxquels s’ajoute un petit nombre de nouveaux arrivants que nous évaluons, compte tenu de la croissance des effectifs et des libérations en cours d’année (fin de peine, remises de peines, etc.) à 11% par an. Le nombre des détenus condamnés à des peines inférieures à 5 ans a connu une évolution similaire, passant de 6071 à 8992 entre 1975 et 1984 soit une croissance de 48 % en fin de période. Cependant la similitude de la croissance n’induit pas la même conclusion. Aucun détenu recensé en 1980 ne se trouve en prison encore en 1984 et encore moins pour le même motif. Il s’agit d’autres détenus, condamnés pour d’autres crimes et délits. Cette croissance de la petite et moyenne criminalité traduit un taux de criminalité élevé et une récidive accrue. Cette catégorie concourt au gonflement des chiffres relatifs aux effectifs de la population pénale et de son mouvement. La durée de séjour en détention pose un autre problème en ce qui concerne les prévenus et les condamnés en instance ou dans les délais de recours (personnes présumées innocentes). Cette catégorie a connu une progression de 30%. En 1975, les prévenus, stricto sensu , c’est à dire ceux qui n’ont pas encore été condamnés en premier ressort représentaient avec un effectif de 5562 détenus 32 % de la population pénale. En 1984, ils n’en représentaient plus que 20,50% avec un effectif de 5071. On constate donc une baisse des effectifs de cette catégorie. Durant le même laps de temps, les détenus en instance ou dans les délais de recours, ont vu leur nombre grossir de 96% (3179 en 1975 contre 6270 en 1984). En valeur relative, les condamnés en instance ou dans les délais de recours qui représentaient 37% des détenus présumés innocents en représentent 55% en 1984. Considérant la durée de la détention préventive avant jugement, on constate en 1984 une nette amélioration par rapport aux années précédentes, avec quelques îlots de « résistance » irréductibles (Cours d’appel de Fès, Rabat et Casablanca) .


La durée moyenne de séjour des prévenus a considérablement baissé en 1984. En ce qui concerne les détentions préventives de plus de quatre mois, On constate qu’elles ont connu une baisse de l’ordre de 28%. 75% des de prévenus incarcérés depuis plus de quatre mois sont à la disposition des cours et chambres d’appel, 8,5% à celle de la cour spéciale de justice (chargée de juger le affaires de corruption, concussion, détournements et autres délits similaires commis par des fonctionnaires et personnes assimilés), enfin 7% sont incarcérés sur ordre du tribunal permanent des Forces Armées Royales. En conséquence, il s’agit généralement de prévenus pour faits qualifiés « crimes » dont la longue prévention s’explique par les besoins de l’instruction obligatoire en la matière. L’observation statistique a permis de constater que certaines juridictions ont plus tendance que les autres à prolonger la durée de la détention préventive. Le record en la matière pour la décennie concernée par l’étude est détenu par la cour d’appel de Fès, avec 21,5% du total des prévenus incarcérés depuis plus de quatre mois, soit 343 sur un effectif total de 1606 alors que la cour d’appel de Casablanca dont la compétence territoriale couvre 4 millions d’habitants n’en compte que 7% et celle de Rabat 11%. Enfin, une dernière catégorie de détenus contribue à gonfler artificiellement l’effectif des délinquants. Il s’agit de personnes qui n’ont commis ni crime ni délit ou infraction quelconque. Il s’agit de la catégorie de la catégorie des contraints par corps ou « détenus pour dette » dont le nombre a doublé durant la décennie qui a coïncidé avec la récession économique et le réajustement structurel, et donc avec la dégradation du niveau de vie de la population marocaine. L’ensemble des détenus que nous avons énumérés sont pris en charge par l’intendance pénitentiaire qui en assure la garde et la charge.

2- L’intendance pénitentiaire
L’intendance pénitentiaire peut être ramenée à une dimension sécuritaire. L’administration doit assurer la garde des détenus et leur entretien. Il en découle une double obligation :
• celle d’assurer la sécurité du corps social en empêchant les détenus de s’évader et commettre de nouveaux délits, détruire des preuves ou échapper à la sentence prononcée ;
• et celle d’assurer la sécurité matérielle des prisonniers eux mêmes en assurant leur entretien et en leur assurant les moyens de subsistance.
La première obligation fait appel à des obstacles et des techniques appropriées tandis que la deuxième consiste à leur assurer le gîte, le couvert et les soins.

a-La sécurité
La sécurité des prison a pour but primordial d’empêcher toute évasion individuelle ou collective. Elle repose, dans une large mesure, sur l’architecture spécifique des prisons . Mais, aussi ingénieuse que soit la conception ou la réalisation d’un obstacle, elle ne peut égaler l’imagination et la détermination d’un captif décidé à le franchir pour retrouver la liberté , d’où le rôle capital de la surveillance active.

A-Les obstacles inertes
L’architecture pénitentiaire est pensée et réalisée de manière ce que les locaux de détentions soient constamment sous surveillance. Les prisons sont réparties en « quartiers ». Dans chaque « quartier », un poste de garde permet par sa disposition et son orientation à un seul surveillant d’avoir dans son champ visuel la totalité du couloir ou du « pavillon » dont il a la garde. Tous les postes de garde sont reliés au bureau du responsable de l’équipe en service (chef de poste) ou au poste de garde central par des « sonnettes » actionnées en cas de danger ou d’alerte. Dans les grandes prisons, des sirènes d’alarme sont disposées dans les quartiers de façon à permettre aux agents en difficulté de donner l’alerte si besoin est. De même que sur les toits, une sirène puissante permet d’ameuter les gardiens et gradés, généralement logés dans l’enceinte de la prison ou tout près, en cas de besoin de renfort. Toutes les prisons sont équipées de téléphone. Prés de chaque appareil est affichée une liste des numéros à composer en cas d’urgence. Certaines sont équipées de postes radio reliés aux réseau de la police. L’architecture pénitentiaire permet une d’exercer surveillance maximum à partir de certains points stratégiques. Les cellules sont toujours disposées le long de couloirs rectilignes, larges et dégagés de tout obstacle pouvant gêner la vue. Toutes les portes sont dotées de judas qui permettent aux surveillants de voir ce qu’il y a derrière avant d’ouvrir. Lors des « rondes », ils permettent aux agents de vérifier que tout va bien dans les cellules et les dortoirs sans avoir à les ouvrir. Dans les prisons pavillonnaires qui comportent plusieurs étages, un filet dit de sauvetage est disposé entre chaque étage et le suivant. Une précaution pour éviter la mort de détenus qui se jetteraient dans le vide par désespoir, ou qui seraient jetés par d’autres détenus, la violence étant une constante dans les prisons. Toutes les portes sont doubles. Du coté intérieur, une porte en bois massif doublée de tôle de fer ferme la cellule (d’où le nom de tôle donné à la prison) . Coté Extérieur, une grille en barreaux de 25 mm. Entre les deux systèmes de fermeture, une distance qui permet le va et vient de la porte. Cette disposition des locaux permet l’aération des chambres les jours de grande chaleur en ouvrant la porte et maintenant la grille fermée. Tous les couloirs , pavillons et quartiers donnent sur un couloir central ne contenant aucun lieu de détention. Toutes les issues y aboutissant sont dotées de sas ou « écluse de sécurité », composé de deux grilles successives éloignées de quelques mètres l’une de l’autre et qui permettent une limitation du flux de détenus lors du passage entre les deux grilles. Le principe de fonctionnement des écluses de sécurité consiste à ne jamais confier la garde des deux grilles au même gardien. De chaque coté, un surveillant assure la garde de sa grille. Pour le passage d’un détenu, l’agent placé du coté de sa provenance lui ouvre le passage, puis l’enferme dans l’écluse avant de donner le signal d’ouverture à son collègue. Le détenu se trouve toujours seul entre les deux grilles et toujours enfermé. Le couloir central est une pièce maîtresse dans l’architecture pénitentiaire. Il comporte un forte pente, et en cas d’émeute ou d’attroupement dans cet ultime passage avant la sortie, Un simple jet d’eau et au besoin quelques litres de savon liquide le transformeront en une patinoire ramenant tout le monde vers le fond de la détention où les écluses de sécurité permettent d’organiser le retour au calme. L’entrée de la prison est protégée par une porte blindée assez renforcée pour résister à un assaut éventuel, du moins jusqu’à l’organisation de la riposte. Elle donne également sur un sas de sécurité et se trouve séparée des lieux affectés aux détenus par deux grilles au moins. Des dispositifs mécaniques ou électroniques (miroirs au plafond, fausses ou portiques etc.) permettent de contrôler les véhicules de livraison ou de service à leur entrée ou sortie [4]. Les murs d’enceinte sont très élevés (entre 8 et 12 mètres), ils ne doivent comporter ni portes ni fenêtres. Aucun objet ne doit être déposé à coté ou à proximité d’un mur d’enceinte. que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Un chemin de ronde les sépare des bâtiments de la prison, aucune issue ou fenêtre ne doit donner sur le chemin de ronde dont l’accès a lieu de l’extérieur de la détention à l’instar des toits de la prison. Le local ou porte donnant sur les toits est toujours fermé par une porte doublée d’une grille. L’usage des échelles est limité aux cas d’extrême nécessité. Il se fait toujours sous bonne surveillance. Après usage, les échelles sont enfermées dans un local approprié dont la clé est gardée par le surveillant chef et toujours enchaînées aux murs et cadenassées. La sécurité par voie d’obstacles inertes s’étend aux égouts qui sont munis de
grilles imposantes en bronze d’une très haute résistivité et à chaque embranchement. Les fils électriques aériens sont enroulés de fil barbelé. Des quartiers spéciaux sont réservés aux détenus dangereux qui y vivent isolés. Ils font l’objet d’une surveillance renforcée. Enfin, des instruments destinés à maîtriser les détenus déchaînés tels que menottes, camisoles de force ou autres dispositifs complètent cette large panoplie qui, comme nous l’avons souligné, ne saurait remplacer la vigilance des hommes chargés de la surveillance.

B-Les techniques de la surveillance active
La garde des détenus repose sur un certain nombre de normes et de techniques propres à l’administration pénitentiaire. On peut dire que ces techniques qu’elles sont strictement tournées vers la sécurité de l’établissement et qu’elles ne comportent aucun aspect éducatif. Elles ne sont rapportées ici que dans le but d’apporter un éclairage nécessaire sur le déroulement de la vie des prisonniers au quotidien et sur leurs rapports avec l’institution en vue de mettre en lumière certaines des causes de la tension latente qui explose de temps à autre dans les prisons alors que rien ne semblait la laisser prévoir . Les détenus ne sont pas libres d’aller et venir à l’intérieur de la prison. Chacun de leurs mouvements obéit à des règles codifiées dans le « règlement » interne. Le coucher, le lever, les repas, la douche (quand il y en a), les promenades en file indienne dans les préaux de quelques mètres carrés etc. sont calculés dans leur moindre détail. Leur régularité est d’une précision métronomique. Dans ce monde « parallèle », toujours sur le qui vive, rien n’est laissé au hasard ou à l’imagination. Les prisonniers sont comptés, recomptés et décomptés plusieurs fois par jour. Ils sont fouillés et leur cellule perquisitionnées fréquemment. Leur courrier et leurs lectures sont censurés. Chacun de leurs faits et gestes, chacun de leurs moments sont épiés de jour comme de nuit. La garde ne dort jamais.

1)L’appel des détenus
L’idée d’évasion hante l’esprit des surveillants et de leurs chefs. Un détenu qui s’évade est une preuve que quelqu’un a failli à sa mission. Un directeur de prison déclarait il y a quelques années à la presse : "Je préfère cent fois un suicide à une évasion" [5]. Aussi, la première préoccupation des agents est de vérifier le plus souvent si "tout le monde est là". La première vérification a lieu le matin à la relève de 8 heures qui coïncide avec l’ouverture des locaux. Au cri du prévôt, les détenus se mettent de bout et s’alignent en deux rangées face aux surveillants qui précèdent à un comptage contradictoire dont les résultats sont consignés sur le registre de garde. Les chefs de poste, entrant et sortant, procédant à la récapitulation, et si les chiffres correspondent aux effectifs réels, l’un prend le service et l’autre le quitte ; dans le cas contraire le comptage est refait jusqu’à concordance ou constatation d’un manquant. Cette opération est renouvelée à la relève de la garde de Midi et du soir. Chaque surveillant ou gradé doit connaître à tout moment le nombre des détenus qui lui sont confiés et l’endroit où ils se trouvent. Dans chaque quartier, un tableau donnant les renseignements relatifs à l’appel de la population pénale est constamment mis à jour par le responsable du quartier. A l’entrée de la détention, un tableau centralise la situation totale des effectifs présent ou momentanément absents par sexe, catégorie pénale et, le cas échéant, le motif de la sortie (évasion, hospitalisation, corvée extérieure, audience etc..). Ce tableau est maintenu à jour de façon continue. Outre l’appel à l’occasion des relèves, les agents effectuent fréquemment des appels de contrôle ou contre-appels soit de leur propre initiative, soit sur instructions du Directeur ou du surveillant-chef. Toute absence constatée doit être signalée sur le
champ. La nuit, les appels ne peuvent pas avoir lieu, mais le contrôle continue sous forme de rondes nocturnes.

2)Les rondes de contrôle
Un nombre variable de rondes est effectué chaque nuit par chacun des surveillants de service, suivant l’horaire et l’itinéraire fixés chaque jour par le surveillant-chef. L’horaire est toujours modifié. Au cours de sa ronde, le surveillant doit effectuer un nombre de contrôles qui sont soit d’ordre général (fermetures, écoute des chambres) soit spécifiés dans le registre de service. Le surveillant doit consigner ses observations et constatations par écrit en face de la prescription. Un contrôleur de rondes, espèce d’horloge à pointer, est fourni aux surveillants de nuit pour justifier l’heure à laquelle ils ont effectué leur ronde et les coins de la prison visités (par le truchement de boites de rondes, où vient s’emboîter l’horloge de contrôle, qui sont munies de codes spéciaux). Le surveillant-chef et le chef d’établissement effectuent des rondes de nuit pour vérifier que tout va bien et s’assurer que les gardiens sont bien éveillés et se trouvent chacun à son poste. L’action de surveillance est complétée par la fouille et la perquisition.

3)La fouille
Les détenus sont très souvent soumis à la fouille corporelle ainsi que les locaux qu’ils occupent. La première opération consiste à vérifier par palpations que le détenu ne transporte pas sur lui, dans ses vêtements ou son corps des objets interdits ou dangereux. Elle est pratiquée obligatoirement avant chaque sortie à l’extérieur et après chaque retour. Elle est également obligatoire au retour du parloir. La fouille est l’une des rares opérations dont l’initiative est laissée aux subordonnés et même encouragée. Elle porte sur les vêtements du détenu qui lui sont retirés et vérifiés pièce par pièce et son corps même est soumis à un examen méthodique qui consiste à fouiller les cheveux, la bouche, les mains, les aisselles, l’anus, l’entre jambes et la plante des pieds. Les résultats de cette fouille ne sont pas toujours décevants. Les techniques de la fouille sont inculquées aux nouvelles recrues avec force détails. La réglementation la qualifie « d’acte d’autorité pour lequel l’avis du détenu ne compte pas ». Il s’agit d’un contrôle obligatoire auquel tous les détenus doivent être soumis sans exception. Cependant, si elle doit être imposée c’est avec tact et sans rudesse ou brimades inutiles. La fouille ne doit pas être détournée de son objectif sécuritaire ou être entachée d’abus, de plaisanterie ou de remarques déplacées concernant l’anatomie de l’individu. (extraits du règlement interne des prisons) Le détenu infériorisé par sa nudité et sa situation, assiste impuissant à ce qu’il considère, non sans raison, comme une intrusion forcée dans son intimité. La fouille est vécue par le prisonnier comme un viol, elle le marque de façon indélébile et il en gardera le souvenir aussi longtemps qu’il se souviendra d’avoir fait de la prison. Car, si le règlement prescrit le tact, la correction et la discrétion, la fouille est souvent pratiquée avec brutalité et discrimination. Des commentaires déplacées sur le physique du détenu, accompagnent souvent la fouille. Les détenus sont toujours fouilles par une personne de leur sexe. La fouille des locaux vise un peu les mêmes buts que la fouille corporelle dont elle comble les lacunes. Elle est ordonnée et organisée inopinément par le surveillant-chef qui l’annonce à ses agents au dernier moment. Les surveillants profitent de l’absence des occupants de la cellule (cours, réfectoire, corvée ou activité sportive) et y procèdent à une perquisition minutieuse des lieux à la recherche d’objets dangereux ou interdits que les détenus auraient introduit en trompant la vigilance de leurs gardiens. Ils parviennent souvent à découvrir des objets aussi hétéroclites que dangereux. En effet, des objets que nous considérons comme anodins et inoffensifs peuvent se transformer en détention en armes et instruments redoutables d’évasion. Ainsi, des sachets en plastique taillés en lanières et tressés fourniront une corde qui facilitera l’évasion, permettra de se pendre ou d’étranger un "ennemi". Des cuillères, fourchettes ou os bien aiguisés se transforment en autant de poignards et autres armes blanches. De tels objets peuvent être dissimulés n’importe où ! Une lame de rasoir peut être cachée dans une boîte d’allumettes, dans un livre ou tout simplement sur le battant de la porte. Aussi, les techniques de la fouille sont très élaborées. Ces perquisitions permettent de trouver toutes sortes d’objets : armes blanches, sommes d’argent, correspondance clandestine, stupéfiants etc.. Souvent, des trafics organisés ou des projets d’évasion sont découverts à l’occasion de la perquisition. La perquisition est complétée par un sondage quotidien des barreaux pour vérifier qu’ils n’ont pas été sciés pendant la nuit et un changement fréquent de cellules accompagné de mutations des individus d’un groupe à l’autre visent à briser les connivences et réduisent les chances de réussite de projets non révélés par la perquisition.

C-La censure
La censure du courrier permet de contrôler les communications du détenu avec l’extérieur. Mais, cette censure est moins fructueuse que l’interception du courrier clandestin que les détenus tentent de faire passer au dehors hors censure pour le faire parvenir à leur complice resté en liberté. Aussi, tout papier qui peut servir à une telle fin est prohibé. Les détenus qui désirent écrire des mémoires ou des œuvres littéraires reçoivent une dotation en feuilles de papier parafées et comptées dont l’utilisation doit être prouvée et contrôlée. Les boîtes en carton et papier d’emballage sont récupérés immédiatement après usage et détruits. Malgré toutes ces précautions, il arrive aux agents de découvrir des messages écrits sur des boîtes d’allumettes ou de cigarettes ou même sur le corps des détenus envoyés au tribunal ou à l’hôpital. Les livres offrent un moyen de correspondance privilégié. Un volume peut cacher une correspondance rédigée au crayon sur les pages même de l’ouvrage. Pour cette raison et pour empêcher des lettres de quitter la prison sous cette forme, les livres admis en détention sont limités qualitativement et en quantité. Les ouvrages admis sont immédiatement lus tamponnés, inventoriés et comptabilisés avec le patrimoine de la bibliothèque avant d’être remis aux détenus. Ceux-ci doivent le restituer à la bibliothèque après lecture et en tous les cas avant d’être libérés ou transférés. Les livres de la bibliothèque peuvent servir pour l’échange de messages entre des détenus séparés par mesure de sécurité. La parade consiste après chaque prêt à vérifier les pages une à une et à les compter avant de remettre l’ouvrage en circulation. Les stylos, crayons, plumes ou autres instruments pouvant servir pour l’écriture sont soumis à un contrôle rigoureux. Ils sont distribués par le chef de quartier pour l’écriture des lettres autorisées, en même temps que le papier spécial fourni par l’administration de la prison et récupérés après usage. Mais l’Administration ne s’intéresse pas seulement et uniquement à sa sécurité. Celle des détenus est assurée à travers leur entretien.

b-L’entretien des détenus
L’entretien des prisonniers consiste à les maintenir dans un état de santé physique et moral satisfaisants en vue de les restituer un jour à la société, sinon meilleurs qu’il n’y étaient entrés, du moins en l’état. Cet entretien consiste à les loger dans des conditions décentes, d’assurer leur alimentation à travers des denrées saines et une nourriture équilibrée, de les habiller correctement de façon à leur éviter la chaleur de l’été et les rigueurs du froid l’hiver, et enfin veiller sur leur état de santé physique et mentale.

A-L’hébergement
La prison est avant tout un lieu où l’on héberge des individus. C’est une évidence. Se pose alors la question de savoir comment et dans quelles conditions les détenus sont hébergés. Cette question appelle une autre qui lui est corollaire et qui se rapporte à l’hygiène des locaux et corporelle.

1)L’équipement
Les conditions d’hébergement diffèrent d’une catégorie d’établissements à l’autre, selon qu’on se situe au niveau d’une maison d’arrêt, d’un pénitencier ou d’une maison centrale. En maison d’arrêt, où le mode d’emprisonnement est l’emprisonnement en commun, les prisonniers sont placés dans des chambres communes. La "chambrée" varie de 20 à 100 détenus suivant la situation géographique de l’établissement et le mouvement de la population pénale. Ces établissements connaissent une surcharge dont le taux dépasse parfois 400 %. Les détenus s’alignent pour dormir jusqu’à cinq individus au mètre carré, couchant à même le sol, "tête bêche" dans une indescriptible promiscuité. La literie "Maison d’arrêt" se compose de :
- 1 natte en feuilles de palmier nain tressées ;
- 2 ou 3 couvertures en laine, suivant les saisons, l’effectif et les stocks disponibles.
Dans les prisons civiles d’exécution, la situation n’est guère meilleure dans les chambres communes. Par contre, il existe une amélioration relative pour les condamnés à de longues peines. Dans ces établissements et dans les pénitenciers agricoles, le nombre de détenus par cellule est relativement restreint et se réduit à trois ou quatre par cellule de 3 m², prévue initialement pour un seul pensionnaire. Sous la pression des flux des arrivants, l’Administration s’est retrouvée dans l’obligation de dépasser les normes préétablies [6]. Le surpeuplement de ces établissements est de l’ordre de 200 % à 250 % [7]. Vu le nombre, sans cesse croissant, des réclusionnaires et les menaces qui pèsent sur la sécurité de certains établissements, des équipements collectifs ont été soit suspendus d’usage, soit convertis en locaux de détention. L’expérience vécue dans certaines prisons (notamment à Kenitra, Taza, Chaouen ou Essaouira) a démontré le danger que peuvent représenter des rassemblements importants de détenus dans un même local [8]. La literie "Maison Centrale" se compose de :
- Une banquette en béton scellée au mur ou un lit métallique (suivant les disponibilités).
- Une paillasse fourrée de paille de maïs ;
- Un traversin (suivant les disponibilités) ;
- Deux ou trois couvertures suivant les saisons, l’effectif et les stocks disponibles.
Les malades sont, sauf de rares exceptions, hébergés dans l’infirmerie de l’établissement. Leur literie est plus soignée et se compose de :
- 1 lit métallique à ressorts ;
- 1 matelas en laine ;
- 2 draps changés 1 fois par semaine ;
- 1 oreiller avec taie ;
- 1 ou 2 alaises (en toile ou en caoutchouc selon le cas) ;
- autant de couvertures que de besoin.

2)L’hygiène
L’hygiène corporelle et des locaux occupe une large place dans la législation pénitentiaire. Les chapitres 4 et 6 du dahir du 26 Juin 1930 sont consacrés à la santé et à l’hygiène. Un nombre considérable d’instructions d’ordre interne se rapporte à la propreté des locaux et des personnes. Dans la pratique, cette préoccupation se traduit par l’imposition d’une douche tous les entrants, suivie de la désinfection de leurs effets vestimentaires à la poudre D.D.T. Les cheveux des détenus sont coupés très courts et d’une manière fréquente. En cas de phtiriase, ils sont rasés. En principe, les détenus doivent prendre chaque semaine un bain chaud ou une douche. Dans la réalité, cette obligation n’est pas toujours respectée pour cause de surpeuplement d’une part, et de l’insuffisance des installations d’autre part. Les locaux sont nettoyés chaque jour avant le petit déjeuner. Ils sont désinfectés chaque semaine et traités périodiquement par les services municipaux d’hygiène contre les parasites et les rongeurs. Ces lieux de concentration humaine présentent un lieu de prédilection pour le pullulement de ces créatures (Punaises, poux, rats et souris). Dans chaque local de détention, dortoir, salle de classe, réfectoire, atelier ou cellule, il existe des toilettes avec arrivée d’eau potable. Par mesure de sécurité, ces toilettes ne possèdent pas de porte permettant aux usagers de s’y enfermer et n’ont pour clôture qu’un petit muret. L’odeur qu’elles dégagent, mélangée avec l’odeur dégagée par les individus (sueurs et haleine) donnent une senteur âcre et piquante spécifique aux prisons. Dans son livre "La Maison Centrale de Nîmes", Perrier écrit "... détail à noter, l’odorat découvre partout où les condamnés passent, une émanation animale et nauséeuse". Un siècle après, cette constatation demeure valable. La prison "C’est d’abord une odeur" [9] ; une odeur qui pique tel un essaim de moustiques affamés, et qui oblige à se gratter. Malgré les divers désinfectants et la désodorisation au grésil pur, distribué généreusement, elle persiste, tenace et agressive. Les vêtements sont lavés une fois par semaine. La ration de savon distribuée aux détenus est de 10 grammes par jour et par personne. Les effets lavés par leur propriétaire, alors que les effets pénaux sont lavés par la corvée désignée à cet effet.

B-Le costume pénal
Le costume pénal se compose de deux tenues l’une pour l’été et l’autre pour l’hiver ;
La tenue d’été est composée pour les hommes de :
- 1 veste en droguet rayé noir et blanc ;
- 1 pantalon de même tissus et mêmes couleurs ;
- 1 chemise en cretonne écrue ;
- 1 calot en droguet.
Pour les femmes :
- 1 blouson en droguet rayé rouge et blanc, ou
- 1 caftan en droguet rayé noir et blanc ;
- 1 pantalon (saroual) de même qualité et couleur.
La tenue d’hiver est constituée comme suit :
Pour les hommes :
- 1 veste en drap de laine gris-marron grossier ;
- 1 pantalon de même qualité ;
- 1 chemise de cretonne bleue ;
- 1 bonnet en drap.
Pour les femmes :
- 1 Caftan, en drap de laine grossier, gris-marron ;
- 1 "Saroual" de même qualité (n’est plus fourni ces derniers temps).
Le port du costume pénal est obligatoire pour les détenus condamnés à plus de 3 mois de prison. Les contraints par corps pour dettes, les prévenus, les accusés, les condamnés à une peine inférieure à 3 mois d’emprisonnement, les "détenus politiques" ainsi que les condamnés en instance ou dans les délais d’appel en sont exemptés. Cependant, les condamnés admis au travail à l’extérieur doivent porter l’uniforme pénal. D’autre part, les personnes visées par l’exonération ci-dessus, dont les vêtements sont usés ou insuffisants ainsi que ceux d’entre eux qui consentent à effectuer un travail susceptible de détériorer leurs vêtements personnels ont la faculté de réclamer et obtenir des effets vestimentaires appartenant à l’administration. Les autorités administrative et judiciaire peuvent ordonner que des prévenus, accusés, dettiers, faillis ou des détenus politiques portant le costume pénal. Cette mesure doit cependant être justifiée et dans tous les cas dictée par des considérations d’ordre ou d’hygiène pour la première et dans l’intérêt de l’instruction pour l’autre. L’usage des sous-vêtements par les condamnés n’est pas permis. Ils ne peuvent être autorisés à en user que pour des raisons de santé. Le port du costume pénal est mal ressenti par les condamnés qui y voient une dégradation supplémentaire, une sorte d’aggravation de leur peine. L’un d’entre eux nous a confié : "La tenue est faite pour nous faire sentir qu’on est marqué, qu’on constitue une catégorie à part, des sous-hommes en quelque sorte, des insectes que les gardiens peuvent écraser impunément". Pour un "intellectuel", "le costume pénal est un autre supplice dégradant. C’est une privation supplémentaire de liberté, celle de s’habiller différemment. Dans la vie courante, en s’habille comme on peut mais aussi comme on veut. En prison, même ce droit est confisqué par l’administration". Pour un surveillant, le costume pénal permet de "distinguer entre les prévenus et les condamnés. C’est un moyen efficace de les séparer. D’un rapide coup d’œil, vous repérez ceux qui peuvent être désignés pour les corvées, ou les travaux. Grâce au costume pénal, on peut savoir immédiatement et sans demander au bureau si un détenu a le droit de recevoir la visite ou s’il a droit au panier. D’autre part, l’uniforme pénal est un instrument de dissuasion efficace contre les tentatives d’évasion et un de repérer facilement un évadé qui est ainsi arrêté par le premier agent des forces de l’ordre qu’il rencontre". Ainsi, les mots sont lâchés. La vérité sort de la bâche des enfants, mais aussi de celle des subalternes. Sécurité, ségrégation, marquage sont les causes réelles et profondes de l’institution du costume pénal, vestige d’un autre temps qui a remplacé le marquage au fer rouge. Quel détenu doté d’un peu de sens s’aviserait de s’enfuir avec une tenue aussi révélatrice. Quand bien même il s’en trouverait qui le fasse, il sera vite poursuivi par le classeur publique, arrêté et reconduit en prison. Ainsi la tenue sert à marquer les individus "dedans" et "dehors". Dans beaucoup de pays, dont la France, les condamnés sont depuis longtemps dispensés du port du costume pénal. Ils gardent leurs effets personnels et l’Administration leur fournit le bleu de travail lorsqu’il en est besoin.

C-La nourriture des détenus
L’article 2 du dahir du 26 Juin 1930, portant règlement du service et du régime des prisons affectées à l’emprisonnement en commun, dispose que le directeur est chargé sous le contrôle du chef du service pénitentiaire de : " (…) 2- veiller à la nourriture des détenus". La logique de cette disposition découle du fait que le détenu enfermé à qui on a retiré son argent ne peut pas subvenir à ses besoins par ses moyens propres. De cette incapacité, naît son droit à la nourriture et l’obligation pour l’Administration ’ Son tuteur - de le nourrir. Malgré l’obligation légale faite personnellement au Directeur de la prison de veiller à la nourriture des détenus, il ne dispose pas d’un budget ou de crédits alloués à cet effet. Il ne possède aucun droit d’initiative en matière de nutrition. C’est l’Administration centrale qui ravitaille périodiquement les prisons et conclut les marchés locaux relatifs à l’alimentation des détenus, avec le souci avoué de ménager à l’extrême les deniers publics tout en assurant un minimum d’équilibre alimentaire. Trois régimes alimentaires sont prévus dans ce sens. Un pour les malades et deux pour les valides . Des aménagements tendent à améliorer l’alimentation de certaines catégories de détenus. De temps en temps, des notes de service apportent un réaménagement du régime alimentaire, compte tenu, des recommandations des autorités sanitaires ou de l’état des stocks disponibles dans les magasins de l’Administration pénitentiaire.
La ration hebdomadaire se compose comme suit :
- 9 repas à base de légumes secs ;
- 3 repas à base de couscous ;
- 2 repas à base de riz.
Les rations autres que celle de la viande sont supérieures ou égales aux besoins réels des détenus. Une large part de la population active en liberté n’arrive pas à se procurer autant de denrée alimentaires qu’ont les prisonniers. Cependant, si on ne lésine pas sur la quantité, la qualité est la grande absente de la nutrition en milieu pénitentiaire. Il ne s’agit pas de la qualité intrinsèque des composants des repas ou de leur valeur nutritive, mais plutôt de la façon dont la nourriture est préparée et de celle dont elle est servie et qui conduisent finalement à une sous consommation. En effet, l’ordinaire pénitentiaire ne nourrit pas. Même en abondance, il ne profite pas à son consommateur. Pourtant, ni les protides ni les lipides ou glucides n’y font défaut. Le mal vient de la façon dont fonctionnent les prisons. La nourriture pénitentiaire - ou pitance - est mal préparée, mal mangée et mal assimilée. "Elle est le mauvais lait d’une mauvaise mère, distribué sans amour" [10]. Une grande quantité de cette nourriture alimente les égouts et les poubelles des prisons. En conséquence, les rats y pullulent et y atteignent des tailles les mettant en condition d’affronter courageusement les chats élevés clandestinement par les détenus et même les mettre en fuite. L’Administration a fini par prendre note de ce gâchis qui ne profite à personne et a tenté d’y apporter un remède en édictant des instructions en vue d’améliorer la préparation des repas. A partir de 1980, certaines épices et condiments ont été introduits dans la ration alimentaire des prisonniers, (poivre gris, coriandre fraîche, persil, colorant, ail et oignons). Ces instructions n’ont pas donné les résultats escomptés. Soit par mauvaise volonté des cuisiniers de fortune, soit par ignorance des règles élémentaires de l’art culinaire ou tout simplement par habitude et résistance au changement. Il faut dire que bon nombre de surveillants n’arrivent pas à se nourrir chez eux aussi convenablement que le préconise l’Administration pour les détenus, compte tenu de leur situation pécuniaire précaire et de la hausse générale du coût de la vie, ce qui engendre chez eux une réaction qui consiste à refuser l’idée qu’un détenu délinquant soit mieux traité qu’eux, réaction comme toute compréhensible. Dans le même ordre d’idées, les instructions de l’Administration contiennent une recette fournie par les gens du Service Central (qui n’emploie aucun diététicien, nutritionniste ou simple cuisinier). A notre avis, même respectée, cette recette donnerait à très court terme le même résultat. En effet la recette "miracle", consiste en cet extrait d’un des notes de services adressées aux établissements pénitentiaires en l’objet :
- Faire bouillir l’huile avec les oignons, persil, coriandre, sel et épices et ajouter le cas échéant les tomates fraîches ;
- après ébullition, ajouter l’eau nécessaire et verser le riz ou les légumes secs ainsi que le concentré de tomates, selon le repas à préparer [11].
Nous avons testé personnellement cette préparation dont le goût rappelle étrangement la "Harira". On est on droit de se demander s’il est possible de se nourrir éternellement de "Harira". Aucune place n’est laissée à l’imagination ou à la fantaisie, aucune variation n’est permise. Les détenus, telles des femmes en début de grossesse, manifestent un désir étrange et irrésistible de croquer un légume vert furtivement subtilisé. Ils prennent de gros risques en préparant leur "popote" la nuit à l’aide de poêles dont ils ont le secret. La matière grasse est récupérée sur la ration de viande les jours de distribution et le charbon acheté au marché noir [12]. Les détenus qui ont les moyens peuvent se procurer une fois par mois, certains denrées dont la liste est limitativement arrêtée par l’Administration (beurre, fromage, café, savon, cigarettes, lait, sucre et conserves). Ces achats sont effectués par l’économat de la prison et payés par prélèvement sur le pécule des détenus. Les prévenus peuvent recevoir tous les jours un panier de vivres fourni par leur famille. Ils ont aussi la faculté de se faire livrer leurs repas par un restaurateur patenté. A notre connaissance, cette faculté serait tombée en désuétude à force de ne pas être utilisée. Les condamnés ont droit au "panier" une fois par semaine, le jour des visites. Les détenus ont également droit à la viande une fois par semaine. La réglementation prévoit que ce service gras leur soit en outre servi les jours de fête. Sur recommandation du Ministère de la Santé Publique, consulté à ce sujet, la ration de viande a été portée au double au lendemain de l’indépendance puis triplée à partir de 1977. Depuis, la crise a atteint la "gamelle" du détenu et ou est revenu à une seule distribution hebdomadaire de 150 grammes par prisonnier. En violation des dispositions légales susvisées, les jours de fête ne sont plus marqués par un repas gras, à moins de coïncider avec le jour de distribution hebdomadaire. Depuis quelques années, la coutume qui consistait à immoler un mouton par groupe de 100 détenus le jour de l’Aïd El Adha, au sein de tous les établissements a été abandonnée. La crise à elle seule ne saurait justifier cette mesure qui semble être l’œuvre du service des unités de production, les antenais étant prélevés sur le cheptel ovin des pénitenciers agricoles.

D-Les soins
Il n’existe pas une pathologie pénitentiaire propre. Les pensionnaires des établissements pénitentiaires peuvent être atteints de toutes sortes de maladies. Cependant, les maladies "sociales" ou celles dues à un manque d’hygiène y sont plus fréquentes que les autres. Le taux anormalement élevé de ces maladies trouverait son explication dans le milieu d’origine des détenus d’une part et d’autre part dans le promiscuité et les conditions précaires d’hygiène qui règnent dans les prisons. Issus, généralement des milieux pauvres et miséreux (2), les délinquants sont porteurs de certaines maladies sociales telles que la tuberculose pulmonaire, les maladies vénériennes, les maladies parasitaires du tube digestif ou les maladies mentales dues à un dysfonctionnement dans les conditions de vie. Le milieu carcéral aggrave de tels cas et constitue un terrain de choix pour la propagation contagieuse de ces maladies. Il engendre certaines maladies tels que le diabète, l’angoisse, la neurasthénie les troubles cardiaques, maladies dues à la sédentarité et à la claustrophobie. Le manque d’hygiène est à l’origine d’autres maladies telles que la gale différents eczémas, la phtiriase (prolifération de poux), les maladies sexuellement transmissibles, différentes maladies de la peau ou de l’appareil digestif. Certaines maladies infectieuses existent à l’état endémique latent, et connaissent de temps en temps des flambées, cycliquement (méningite cérébrospinale). Tous ces malades sont dirigés en premier lieu sur l’infirmerie de l’établissement où ils reçoivent les premiers soins et où leur mal est diagnostiqué. Dans chaque prison, un médecin conventionné assure une ou deux vacations par semaine et est tenu de se rendre à la prison en cas d’appel urgent. Il est assisté et relayé par un infirmier ou un aide soignant issu du cadre des surveillants et ayant suivi une formation plus ou moins approfondie soit dans les écoles d’infirmiers soit dans les services sanitaires du Ministère de la Santé Publique. Le rôle de l’infirmier consiste à exécuter les prescriptions du médecin, à donner les premiers soins en cas d’urgence et à prodiguer les soins infirmiers courants aux détenus malades dont l’état ne justifie pas l’intervention du médecin. Enfin, il trie les malades et juge de la nécessité de leur auscultation par le médecin. Depuis quelques années, des jeunes médecins effectuent leur service obligatoire au sein des grandes prisons. Cette initiative louable ne pouvait avoir que des retombées bénéfiques pour la santé de la population pénale. Le choc entre deux conceptions de la médecine, celle du gardien axée sur les impératifs de sécurité et celle du disciple d’Hippocrate dont la sécurité représente le dernier des soucis devant la santé des ses malades s’est traduit par des incidents entre les médecins qui s’estiment à juste titre, seuls juges de l’état de santé de leurs malades et la direction de certains établissements qui a d’autres paramètres à prendre en considération et qui, armée de son pouvoir hiérarchique entend rester seul maître à bord et dicter sa conduite à tout le monde y compris au médecin. L’infirmerie est un lieu de soins et de repos pour les détenus malades. Elle est aussi un refuge prisé par les simulateurs en quête de tendresse et d’attention et un lieu d’évasion" pour les détenus privilégiés ou nantis. Le médecin n’est pas le seul à pouvoir y admettre les prisonniers malades. L’infirmier, le surveillant-chef et le Directeur peuvent en décider le placement, sinon de droit, du moins dans les faits. Pour éviter les conflits ouverts, le médecin entérine l’initiative prise par l’une ou l’autre de ces personnes. Le médecin conventionné se rend rarement à la prison. Exerçant souvent dans une formation de Santé Publique, les malades sont conduits jusqu’à lui, enchaînés deux par deux et sous bonne escorte. Cette situation renforce le prestige de l’infirmier dont la satisfaction est recherchée par tous les détenus. La visite des malades, pose moins de problèmes que leur traitement. En effet, l’achat des médicaments obéit à une procédure très compliquée et bureaucratique. Les prescriptions du médecin mettent un retard préjudiciable à être mises en pratique. Il faut remplir des formulaires, recueillir des offres de prix (inutiles vu la réglementation des prix des médicaments) et expédier, le tout à l’Administration centrale pour autorisation. Parfois, l’autorisation met des jours à parvenir. Dans des cas limites, l’autorisation d’acheter les médicaments arrive après la libération, l’hospitalisation ou le décès du malade. Lorsque l’état de santé d’un détenu est jugé grave ou critique, la procédure est abrégée et l’autorisation sollicitée par téléphone, chose qui n’exclut pas l’accomplissement des formalités ci-dessus à posteriori. Ces dernières années, les détenus sont obligé d’acheter eux-mêmes les médicaments dont ils ont besoin. Cette situation aggrave les charges qui pèsent sur la famille. Des cabinets dentaires sont installés dans la plupart des établissements pénitentiaires. Les soins dentaires y sont dispensés par des médecins-dentistes sous convention, et consistent souvent en des extractions. Le régime alimentaire des détenus explique dans une large mesure les problèmes dentaires dont ils souffrent (scorbut, déchaussements, caries etc..). L’alimentation riche en protéines est en contre partie très pauvre en calcium et en vitamines (absence du lait et produits laitiers ainsi que des fruits frais ou secs), éléments nécessaires au maintien de la dentition en bon état. Le manque d’hygiène contribue également à la propagation des maladies dentaires et gingivales en milieu carcéral. Les prothèses sont considérés comme des accessoires devant être acquises par les détenus eux même ou leur famille. Sur le plan de la prophylaxie, un minimum d’hygiène est assuré dans les prisons par la distribution d’une ration mensuelle de 300 grammes de savon destinée à la toilette et à la lessive. Le grésil et le D.D.T. sont utilisés pour la désinfection des locaux et vêtements. Mais le surpeuplement des prisons, véritable plaie de tout le système, ne laisse aucune chance à la prévention et la médecine n’est sollicitée que sous sa forme et dans sa phase curative.

[1] Total des sortants de l’année + effectif au 31 décembre

[2] Prix base 1984

[3] Contrairement à plusieurs législations pénales, le code de procédure pénale Marocain de 1959 permet toujours la contrainte par corps des débiteurs envers les particuliers

[4] Des prisonniers se sont évadés à bord de véhicules de livraison, cachés entre les marchandises ou même plaqués contre le châssis du véhicule au risque de se faire écraser

[5] Le Directeur de la maison d’arrêt de Nîmes ( le nouvel observateur ’ 29 juin 1981)

[6] dans la pratique pénitentiaire, on évite de loger deux individus dans un local seuls. On compte sur la délation ou le témoignage d’une troisième personne en cas de conflit entre les deux.

[7] La situation n’est guère meilleure ailleurs. A la prison des Baumettes de Marseille, grande métropole française, que nous avons visitées dans le cadre de ce travail, les cellules individuelles contenaient le jour de notre visite 4 ou 5 personnes.

[8] En 1972, un début de mutinerie a éclaté dans le réfectoire de la maison centrale de Kenitra. Depuis cet évènement, les repas sont servis dans les cellules et le réfectoire désaffecté et reconverti en cellules

[9] Simone BUFFARD « Le Froid Pénitentiaire » - page 57

[10] Simone BUFFARD ’ « Le froid pénitentiaire » éditions - Le seuil Paris - Page 27

[11] Note n° 89/AP

[12] Voir plus loin « les relation humaines verticale »