Publié le samedi 13 décembre 2003 | http://prison.rezo.net/nathalie-menigon-sa-demande-de/ Dominique SIMONNOT - Libération.fr, le mardi 25 novembre 2003 Action directe : Ménigon reste en prison Les experts ont jugé son état compatible avec la détention : la demande de libération de Nathalie Ménigon en raison de son état de santé a donc été rejetée hier. Pourtant, selon Jean-Louis Chalanset, son avocat, la teneur des expertises est « surprenante », comme il l’a relevé lors d’une conférence de presse des amis de l’ancienne militante d’Action directe, regroupés au sein du collectif « Ne laissons pas faire ». A 45 ans, Ménigon, condamnée à perpétuité pour des attentats et deux assassinats, est incarcérée depuis 1987 et souffre d’hémiplégie et de paralysie partielle dues à des accidents cardio-vasculaires. « Selon un cardiologue, rapporte Me Chalanset, Nathalie Ménigon est parfaitement soignée au centre de détention de Bapaume, alors que, quelques lignes plus haut, il estime que parmi les onze médicaments qu’elle absorbe quotidiennement certains peuvent avoir des effets délétères et même contradictoires et que la plupart devraient être supprimés... » Plus politiquement, l’écrivain Maurice Rajsfus a rappelé que Maurice Papon, « criminel de guerre ayant à son actif la déportation de 1 680 juifs bordelais, avait été libéré en raison de son état et s’était montré très gaillard dès sa sortie ». La comparaison avec Papon, le PCF la fait aussi, ajoutant par la voix d’Henri Malberg, président de sa commission justice : « Avec l’allongement des peines, le petit nombre de mises en liberté, on tourne le dos à ce qui est fondamental dans l’emprisonnement, la préparation au retour dans la société. » Ce retour, Pierre Carette vient de le connaître. Ex-militant des Cellules communistes combattantes, condamné à perpétuité après des attentats, il a été libéré des prisons belges en février après dix-sept ans d’enfermement : « Quelle signification a le maintien en détention des prisonniers d’Action directe alors que tout le monde sait que les longues peines sont pathogènes ?, dit-t-il. Ce qu’attendent les autorités, c’est le reniement des idées. Ils y restent fidèles et c’est leur droit. Mais, après dix-sept ans de prison, un militant n’est pas en état de reprendre des activités politiques comme avant. Et les autorités belges ont compris qu’ils avaient plus à perdre en me gardant en prison qu’en me libérant. » Ménigon a décidé de faire appel. |