Publié le jeudi 4 décembre 2003 | http://prison.rezo.net/appel-de-marc-sontrop-detenu-a-la/ Communiqué de Marc Sontrop « Le truand qui pense, c’est le cauchemar du garde-chiourme » Madame la Ministre de la Justice, Laurette ONKELINX 1) Le scandale du cellulaire du Palais de Justice de Liège continue. 5 femmes détenues plus de quatre heures durant dans une cage de ± 1,50 m² ! [1] Trois femmes étaient assises, deux debouts entre les jambes des autres !!! Les policiers chargés de la garde des détenus se moquent très gravement du monde et j’affirme qu’ils se conduisent volontairement en sadique. Moi-même, comme d’autres détenus, j’ai passé ce jour plus de 3 heures dans une cage de 0,72m² avec un deuxième détenu alors que durant toute la matinée une dizaine de cages sont restées libres et vides !! Pendant plus d’une heure, alors qu’une dizaine de policiers restaient assis à ne rien faire, on m’a refusé de me rendre aux toilettes. Or, j’étais malade. Problème gastrique assez sérieux suite à un camembert au lait cru ... Les policiers abusent d’un pouvoir punitif. Ils sont de plus en plus occupés à refouler sur les détenu(e)s qui doivent comparaître la tension qu’ils ont de ne pas voir le « corps de sécurité » se constituer par la garde et le transfert des détenu(e)s. En quoi, nous les détenu(e)s, sommes-nous responsables des incuries des Ministres de l’Intérieur et de la Justice ? Rien, strictement rien, n’est résolu et rien ne le sera à propos de ces cages. Madame ONKELINX répète sans cesse la même chose : selon elle, à terme, un nouveau palais de justice doit se construire. C’est faux. Ce palais dans 10 ans ne sera pas encore construit. Les habitants de Pierreux ont raison de refuser, à l’emplacement choisi, cette construction. Par orgueil les mandataires politiques Liégeois s’obstinent dans leurs mauvaises décisions. On constate sans arrêt des freins et jamais de solutions. J’estime qu’il serait temps que les autorités européennes condamnent une fois pour toute, fermement, l’État belge pour tout ce laisser-aller. Quelle mesure le Ministre de l’Intérieur compte-t-il prendre devant de tels comportements ? Moi, expressément, un policier de la Zone Vesohe m’a serré les poignets quasi « à sang ». 2) Le langage judiciaire inintelligible « Un cri de désespoir non entendu » titre ‘Le Soir’ du 29/11/03, « Quatre ans pour un étrange incendiaire », l’avocat général, dans sa folie des grandeurs, réclamait 10 ans de prison ferme ! - Je suis le premier destinataire des jugements à mon encontre, or, depuis le 22 mai 2002, pas moyen d’obtenir (de mon ex-avocat Marc Nève, qu’en sera-t-il du nouvel avocat Léon Leduc ?) un arrêt de la cour de cassation. 3) 35 ans que je viens en prison. J’ai sollicité une peine intelligente et on me reconduit vers une peine inutile. Pourquoi tant d’imbécillités chez ces magistrats ? 4) Absence de soins et inactivité à la prison de Verviers. C’est à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile contre plusieurs gardiens de la prison de Lantin qu’il m’a fallu être transféré spécialement à la prison de Verviers. Si j’y ai bien été accueilli à mon arrivée par le directeur Detilloux ; pour des raisons que j’ignore, depuis plusieurs mois, la ‘communication‘ est coupée. Je vis jour après jour la réitération perpétuelle des mêmes gestes, de la même situation. C’est complètement absurde et désocialisant. « Les prestations de santé sont refusées tant que le bénéficiaire est enfermé dans une prison » (Règlement du 8/7/2002 modifiant (?) l’arrêté royal du 24/12/63 ’ Institut National d’Assurance maladie Invalidité) - depuis le 13/6/02 le docteur Eveline Clermont, ophtalmologue tenant une consultation à la prison de Lantin m’a prescrit des lunettes Varilux (+0,25 et +2,25 pour l’Å“il droit - +1,25 et +3,25 pour l’oeil gauche, mais il est à craindre que depuis Juin 2002 ma vue s’est encore d’avantage abîmée et selon moi une nouvelle consultation serait nécessaire). Conclusion de ce communiqué Les murs des prisons sont devenus invisibles, loin des yeux, loin de la conscience. On tolère mes écrits mais en général les autorités en Belgique ne répondent pas à ce genre de lettre. Sans doute, avec autant d’années de prison, me considère-t-on comme un être définitivement irrécupérable et on me frappe du décret de l’abandon. Je suis figé là entre les murs. Je ne suis plus, pour 4 ans, un être proprement humain. Au plus intime de moi-même (les yeux, les dents) j’ai besoin des soins. Par moi-même je ne sais pas me les fournir. On oppose à mes demandes les contraintes et limitations du fameux ‘manque’, manque d’argent, de gardiens, de travailleurs psychosociaux, des places dans les prisons, etc. Pourtant dans un cas comme le mien, sans aucun risque, l’alternative existait. Les juges me l’ont refusée. Savent-ils seulement pourquoi ? Cette alternative c’était UNE PEINE DE TRAVAIL. Il est complètement stupide de penser que je vais prendre en main ma réinsertion après une peine, elle-même aussi stupide que ces 4 ans de prison. La libération conditionnelle, dont je pourrais peut-être bénéficier au 2/3 de ma peine, est un marché de dupe. J’ai prévenu largement de mon incendie. C’est AVANT et non APRÈS que les travailleurs sociaux que j’avais sollicités, devaient intervenir. Juges obstinés. Policiers impulsifs. Gardiens sadiques [2]. La prison reste un lieu particulièrement criminogène et cette nouvelle condamnation ne m’apportera strictement rien de bon. « On dit depuis deux siècles : la prison échoue, puisqu’elle fabrique des délinquants. Je dirais plutôt : elle réussit, puisque c’est ce qu’on lui demande. » En espérant ne pas avoir usé de votre temps par ce long communiqué et que vous voudrez bien lui accorder la meilleure attention possible aux 4 points et la conclusion que j’évoque. Marc Sontrop détenu condamné [1] Il s’agit d’une des deux cages double [2] de la prison de Lantin. Ces propos ne concernent pas les surveillants de la prison de Verviers qui eux s’efforcent à rester correct dans les limites du SYSTÈME PÉNITENTIAIRE
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