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France Info : reportage sur les suicides en prison

Publié le mardi 16 décembre 2003 | http://prison.rezo.net/france-info-reportage-sur-les/

Reportage de Nathalie Bourrus
à la Maison d’Arrêt de Privas

NB : Ca s’appelle un acte d’écrou, c’est l’accueil d’un nouvel entrant en prison. Le premier surveillant lui explique des petites choses.
Surveillant  : Si votre comportement est correct, en étant à Privas, ce n’est pas le 7 février que vous pourrez sortir ... Vous bénéficiez de 7 jours de réduction de peine par mois. Voilà c’est ça.
NB : De nombreux spécialistes estiment cet accueil indispensable pour éviter, ce qu’ils nomment, le choc carcéral. Selon le rapport Terra remis aujourd’hui au Garde des Sceaux, ce choc peut conduire éventuellement à des suicides. Dans le couloir peint en bleu, Amid, 35 ans, discutte tranquillement avec Valentine l’infirmière psychiatre. Il la connait bien.
Amid : J’ai été au mitard, ils m’ont mis 4 jours en isolement, après ils m’ont mis avec les moeurs - j’ai pas à être avec les moeurs -, après je me coupe les veines pour qu’ils me mettent où je suis. C’est vrai Madame Valentine, ou pas ?
Valentine  : C’est vrai
NB : C’est des erreurs commises ?...
Valentine : Je dirais qu’il y a une telle surpopulation aussi qu’ils n’ont pas forcément le choix.
NB : Le mitard quand on est déprimé ? Des choses comme ça ?
Amid : C’est dangereux, c’est très dangereux. Tu es enfermé toute la journée, tu es un animal, comme un animal. Comme moi, ça m’est arrivé. Madame valentine dites franchement ?
Valentine : Oui, vous, vous avez été en situation très très difficile. La parole, prendre le temps, les laisser pleurer, effectivement...
NB : Les écouter et essayer de repérer les sujets à risques, à Privas, il y a du monde : 2 infirmières, un psychologue, un psychiatre, un généraliste. Mais le problème explique le psychiatrique, c’est qu’on se renvoit les détenus de l’hopital à l’extérieur et nous. Et malgré les efforts, à Privas, on se taillade aussi les veines. Rémi, 30 ans, vient dele faire.
Rémi  : moi c’est mon fils, c’est un bout de nous, on nous enlève un bout de nous, moi c’est ce qui m’a fait péter les plombs.
NB : "Je veux m’en sortir, mais j’ai besoin d’aide, c’est sur !" ajoute Rémi d’un air calme.

Interview de Ban Public

BP : Les familles, face à cette situation, ne peuvent pas accepter qu’une administration leur dise, c’est un suicide "Point". Ils n’ont pas accès à des contre-expertises. Ils n’ont pas accès au médecin qui a réellement vu leur frère, leur enfant. Il y a une opacité face à cette réalité qui est totale.
NB : Et cela n’arrive pas à toutes les familles ?
BP : Non, les directeurs ne sont pas tous pour une opacité mais l’Administration pénitentiaire, en général, n’a pas pris en compte le réel problème des suicides jusqu’à cette année. Il y a ce rapport Terra qui va sortir. On commence à prendre en compte effectivement la difficulté de vie des prisonniers et ce problème des suicides qui est 7 fois plus elevé en prison que dans le monde extérieur.

 
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