Publié le jeudi 15 janvier 2004 | http://prison.rezo.net/nor-scoe9801038c-formation-pour/ Circulaire n° 98-106 du 25 mai 1998 B.O.E.N. n° 23 du 4 juin 1998 Texte adressé aux recteurs ; aux inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’éducation nationale ; aux directeurs régionaux des services pénitentiaires ; aux directeurs régionaux de la protection judiciaire de la jeunesse. La formation représente un enjeu primordial pour les jeunes détenus : c’est pour eux une condition de leur réinsertion sociale. Plus que d’autres encore, les jeunes détenus sont concernés par l’objectif d’accès à une qualification défini pour l’ensemble des jeunes par la loi du 10 juillet 1989 d’orientation sur l’éducation. Les enquêtes menées par l’administration pénitentiaire montrent que les trois quarts des mineurs et jeunes détenus sont sans diplôme ni qualification professionnelle et que la moitié d’entre eux se trouve en situation d’illettrisme. Sur le plan des apprentissages, les études conduites par les services de la protection judiciaire de la jeunesse sur ses publics délinquants mettent en évidence des dysfonctionnements cognitifs importants : troubles du langage oral et écrit, difficultés à symboliser et à se dégager du contexte immédiat, incapacité ou refus à évaluer des risques, à relier les actes avec leurs conséquences sociales ou pénales ou à prendre en compte la dimension des règles et des lois. À ces données psycho-pédagogiques caractéristiques des publics délinquants, il convient d’ajouter les troubles sérieux du comportement et les difficultés d’ordre psychologique et psychiatrique que présentent des jeunes incarcérés pour des délits ou des crimes plus graves (atteinte aux personnes, infraction à la législation sur les stupéfiants...). Pour l’ensemble de ces raisons, l’action pédagogique auprès des mineurs et jeunes détenus est un enjeu essentiel, même si les difficultés scolaires récentes de la plupart d’entre eux engendrent souvent des résistances, voire une opposition à l’égard d’une scolarisation classique. Le temps d’incarcération des mineurs, bien que sa durée moyenne reste de quelques mois, peut favoriser un changement d’attitude à l’égard de la scolarité qui, d’abord vécue comme source d’échec et d’insatisfaction, peut devenir un cadre de référence et de reconstruction. L’action pédagogique en milieu pénitentiaire doit donc s’adapter à la diversité des publics jeunes et à l’évolution des conditions de la détention : en pratiquant, dès la première semaine d’incarcération, un positionnement pédagogique de tous les jeunes détenus et un repérage des illettrés, 1 - La place de l’enseignement dans l’organisation des « quartiers mineurs » La création des secteurs d’hébergement réservés aux mineurs implique donc que chaque établissement concerné : 1) Mette progressivement en place une équipe pluridisciplinaire constituée de l’ensemble des intervenants, sans omettre les surveillants en poste fixe, capables de prendre en compte tous les aspects de l’incarcération des mineurs. 2) Élabore un projet spécifique dans lequel s’inscrivent le référent et l’équipe pluridisciplinaire. Ce projet de fonctionnement doit situer le rôle et les champs de compétences respectifs de tous les intervenants et comporter une définition précise des règles de vie et des activités. Au niveau local, les services de l’administration pénitentiaire et de la protection judiciaire de la jeunesse veillent à associer les services de l’éducation nationale aux commissions de suivi des mineurs, organisées régulièrement conformément aux principes formulés dans la circulaire AP-PJJ du 4 février 1994. 2 - La projet d’enseignement Même lorsqu’ils ne restent que quelques semaines, tous les jeunes doivent se voir offrir la possibilité d’un bilan personnel. Un repérage systématique de l’illettrisme sera pratiqué par les enseignants, à l’aide des tests et logiciels développés dans le cadre de l’observatoire interministériel sur l’illettrisme en prison. Le positionnement pédagogique assuré par les enseignants sera complété par des actions de bilan avec l’aide des différents partenaires susceptibles d’apporter leur concours. 2.2 Les méthodes pédagogiques Une attention toute particulière devra être apportée aux jeunes en plus grande difficulté et notamment en situation d’illettrisme. Il convient de rechercher des outils efficients et motivants (outils informatiques ou audiovisuels, base de données pédagogiques accessible sur un support multimédia, ludothèque-bibliothèque, journal de détenus...). Quelques outils pédagogiques expérimentés et évalués dans les quartiers mineurs sont listés dans une fiche jointe en annexe. Les corps d’inspection s’attacheront, avec les responsables des unités pédagogiques régionales, à mener une réflexion collective et des concertations régulières en ce domaine. 2.3 Cursus Il revient au responsable local d’enseignement, informé dès l’accueil, de procéder aux inscriptions des candidats engagés dans un cursus diplômant. Les services académiques veilleront à faciliter leurs démarches. Lorsque la certification ne peut être atteinte pour diverses raisons (déstabilisation, temps d’incarcération...), un document récapitulatif des parcours de formation suivis doit être élaboré afin d’assurer une liaison avec l’extérieur. Un livret type élaboré à l’échelon national par le ministère chargé de l’éducation nationale et le ministère de la justice, joint à la présente circulaire, sera expérimenté au premier semestre 1998. Le livret de formation sera attesté par le responsable de l’unité pédagogique régionale. Il permettra un suivi pédagogique mais ne saurait constituer un élément de certification. 3. L’organisation des enseignements Pour la prise en charge des mineurs détenus, le responsable local d’enseignement assure, dans le cadre de l’équipe pluridisciplinaire, la liaison avec les éducateurs et les structures dont le jeune dépend et transmet aux instances compétentes les informations utiles : Il veille à ce que la charge difficile de l’enseignement aux mineurs ne repose sur un seul enseignant impliqué dans le quartier, mais s’appuie sur la diversité des moyens d’enseignement disponibles sur le site : intervention dans le « quartier mineurs » des divers enseignants en poste sur le site, de vacataires et de bénévoles, participation de jeunes à des groupes d’adultes et inscription à l’enseignement à distance. 3.2 Modalités de scolarisation Les activités d’enseignement proposées dans le document d’accueil prennent la forme d’interventions hebdomadaires définies, courtes et fréquentes, étalées sur un minimum de quatre jours. Il convient d’assurer la scolarisation des jeunes engagés dans des études et d’avoir une politique incitative à l’égard de tous les jeunes détenus, même au-delà de 16 ans, pour qu’ils pratiquent un ensemble d’activités hebdomadaires pédagogiques, éducatives et sportives. L’obligation scolaire est ainsi mise en œuvre de manière adaptée ; elle prend son sens dans le cadre de la prise en charge globale assurée par l’administration pénitentiaire et dans le souci de l’adhésion du jeune à un projet de formation. 3.3 Suivi du dispositif d’enseignement aux mineurs Une synthèse de la politique menée régionalement en direction des mineurs sera adressée par les unités pédagogiques régionales, en fin d’année scolaire, aux deux ministères concernés. La ministre de la justice, garde des sceaux Élisabeth GUIGOU La ministre déléguée, chargée de l’enseignement scolaire Ségolène ROYAL Annexe 1 Textes de référence L’affectation est de la compétence de l’inspecteur d’académie pour les formations implantées dans le département. » Circulaire AP/PJJ du 23 juillet 1991, modifiée par la circulaire du 20 mars 1995 qui a défini les établissements habilités à recevoir des mineurs. Circulaire AP/PJJ du 4 février 1994 portant sur le régime de détention des mineurs dans le cadre de quartiers spécifiques. Pour tous les jeunes adultes en détention, l’enseignement poursuit plusieurs objectifs : un objectif éducatif de soutien à la personne, Au niveau départemental, l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’éducation nationale, est chargé d’impulser et de suivre la mise en œuvre de la mission d’insertion dans les établissements et les districts ou bassin de formation ou d’emploi. » Annexe 2 Base pédagogique pour l’enseignement aux jeunes détenus Parmi les outils qui ont présenté des qualités tant pour l’efficience des apprentissages fondamentaux, la motivation suscitée que pour l’adaptation sur des temps courts de formation en milieu pénitentiaire, on peut retenir : Le fichier lecture « LETTRIS » Nathan Le fichier « LETTRIS » propose des activités organisées sur quatre axes (l’oral, la lecture, l’écriture et la clarté cognitive) et une progression sur 14 thèmes adaptés au monde adulte. Il doit permettre : de s’adresser aux plus bas niveaux (au moins pour les premiers thèmes), sans pour autant simplifier les exercices et ne viser que des performances élémentaires. Elle comporte 5 modules. Chaque module est centré sur des objectifs : réactiver les acquis ; La méthode « Livre Accès » Magnard Composée de 4 livres et de 4 fichiers pédagogiques, cette collection s’adresse aux adolescents et jeunes adultes qui connaissent des difficultés de lecture et écriture. Les livres (vivre son âge, vivre son corps, vivre en société, vivre au travail) rassemblent des productions culturelles différentes : articles de presse, chansons, textes littéraires. Les fichiers poursuivent l’objectif d’une maîtrise de la langue indispensable à une qualification de niveau V. L’outil vidéo « En 1 mot », association AFIM Composé d’une série de 35 petits films de fiction d’une durée d’environ 5 minutes, « En 1 mot » est le support à des activités pédagogiques ayant pour objectifs principaux de : favoriser l’expression orale et écrite par l’étude simultanée de textes et d’images. Les mallettes de jeux pédagogiques, Groupe d’études ludopédagogiques Le GEL propose des mallettes pédagogiques issues d’un travail de recherche et d’expérimentation ; en particulier dans le dispositif PAQUE, destiné aux jeunes de 16 à 25 ans non qualifiés. Chaque mallette comprend : un jeu complet, un document d’accompagnement pédagogique, et une disquette contenant une version informatique du jeu. L’activité ludique apparaît comme un support pédagogique original et sérieux : il est un mode d’approche pédagogique privilégié et complémentaire dans des champs thématiques particuliers, dans le système des relations interpersonnelles, dans des comportements cognitifs et de décision. Le dispositif multimédia REACT, (réseau d’accès à la connaissance pour tous), société TELID REACT est un dispositif multimédia qui donne accès, sur CD-ROM, à des bibliothèques d’outils pédagogiques sélectionnés dont, entre autres : les outils d’évaluation de la DEP du ministère de l’éducation nationale, Le formateur consulte librement la base de données, choisit, personnalise et affecte les exercices en fonction des besoins de chaque apprenant et de son projet pédagogique. Le dispositif favorise la création de parcours individuels de formation. À chaque exercice peut être associé un test conditionnant l’exercice ou la leçon suivante. L’expérimentation de ces outils s’inscrit dans une tradition de recherche pédagogique des enseignants exerçant en milieu pénitentiaire. De nombreux outils informatiques ont été utilisés dans ce contexte pour motiver les adultes et permettre également des démarches plus individualisées, en particulier : le programme LUCIL (lutte contre l’illettrisme) produit par « Vendôme Formation », Parmi les plus utilisés on peut citer : le langage informatique LOGO, conçu par S. Pappert, du MIT. Annexe 3 ACADEMIE : VILLE : Livret d’attestation du parcours de formation générale suivie par Nom : Prénom : Date de naissance : Lieu de naissance : |