Publié le jeudi 4 mars 2004 | http://prison.rezo.net/mutinerie-de-clairvaux-les-raisons/ En 2003, deux mutineries (mais l’année n’est pas finie…) ont éclaté à la maison centrale de Clairvaux (Aube). Dans cette prison ultra-sécuritaire, se trouvent environ 150 prisonniers, tous condamnés à de longues peines (et parmi eux, beaucoup sont condamnés à perpétuité, sans date de sortie fixée), avec derrière eux de longues années déjà effectuées en maison d’arrêt ou dans d’autres centrales. La seconde mutinerie a eu lieu le 16 avril. Cette fois-ci, la révolte est partie des ateliers du bâtiment B, qui ont été incendiés par 80 prisonniers, notamment en protestation contre la fermeture stricte des cellules le jour. Suite à l’intervention des forces de l’ordre en fin d’après-midi, 13 prisonniers ont été transférés les jours suivants. Même punition : retour en maison d’arrêt, et QI pour certains. C’est suite à ces mutineries que Perben, le garde des sots, a annoncé la création des ERIS : des équipes de « super-matons », entraînés comme les keufs du GIGN, cagoulés comme eux, également experts au maniement de la matraque… Durant ces 30 dernières années, plusieurs mutineries et évasions spectaculaires ont eu lieu à Clairvaux, provoquant la mort de cinq détenus et d’un maton. Encouragé par une direction (Danet et Dupaty) exceptionnellement arbitraire et barbare, les prisonniers qui se sont mutinés en 2003 n’ont fait qu’entretenir une respectable tradition... Petit rappel pour les plus jeunes : le 18 juillet 1974, la révolte qui débuta dans un bâtiment, laissant très vite l’ensemble de la prison aux mains des mutins, permis la destruction totale des ateliers. C’est lors de l’intervention de la police que deux prisonniers ont été tués. Tous les ans, dans la cour de la prison, l’Administration Pénitentiaire célèbre la mémoire des matons tués à Clairvaux lors des différentes mutineries et évasions. C’est le moins qu’on puisse faire, nous, de leur rappeler que ce sont nos franginEs que visent les matons du mirador… nos franginEs aussi qui continuent à se battre à l’intérieur… La situation, dans les centrales, est la suivante : le rapport de forces entre prisonniers et matons a entériné la pratique de laisser une certaine liberté de mouvement (toujours strictement limitée…), permettant ainsi à ceux qui doivent passer des dizaines d’années entre quatre murs d’aller boire un café dans la cellule d’un poto, faire une petite bouffe à plusieurs… C’est grâce à ce rapport de forces qu’au parloir peut être préservé un minimum d’intimité pour les couples, lorsque les matons sont obligés de ne « plus s’en mêler ». Bref, ce minimum de sociabilité et d’intimité, bien dérisoires pour les gens qui sont dehors… ça s’appelle l’humanité. Mais l’humanité doit être un luxe pour ces messieurs-dames de la Pénitentiaire… Danet et Dupaty n’avaient qu’un mot à la bouche : « la reprise en main » de leur prison. Perben a réitéré, suite à la mutinerie de Moulins (novembre 2003) sa volonté que les portes des cellules soient fermées, en journée, dans toutes les centrales. Alors quoi ? En serrant la vis en détention et au parloir, pas étonnant que ça leur pète à la gueule ! Parce que nous savons que les prisons ne sont faites que pour humilier, contrôler les « classes dangereuses » (nous contrôler), distiller toujours et encore la peur… SOLIDARITE AVEC LES MUTINS ! contact : vivelesmutins@free.fr
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