Publié le mardi 9 mars 2004 | http://prison.rezo.net/2004-information-prison-pour-les/ de Laurent JACQUA - 9959 / 2D à Monsieur Le Député, Madame La Députée, Yzeure le, 20 janvier 2004 Objet : Courrier d’information prison pour les Elus de l’Assemblée Nationale. Monsieur Le Député, Madame La Députée, Je reviens vers vous pour la seconde fois afin de ne pas sombrer dans l’indifférence, même si je comprends que le sort d’un détenu n’a pas beaucoup d’importance. Lors de ce premier envoi de courrier, j’étais en quartier d’isolement à la Maison d’Arrêt de Bois d’Arcy. Depuis les choses ont un peu évoluées puisque je suis dans un établissement pour longues peines. La loi du 4 mars 2002 permettant une suspension de peine est une bonne chose mais elle n’est accordée, trop souvent, qu’en phase terminale. J’ai d’ailleurs engagé la procédure même si mes bilans sanguins sont, fort heureusement, excellent grâce à la tri thérapie. Une réponse négative ne m’empêchera pas de recommencer car c ‘est une question de principe, en effet les prisons ne sont pas des hôpitaux et tous les détenus malades ont droit à une certaine indulgence. Je n’essaye pas d’échapper à mes responsabilités qui ont conduit à ma condamnation, mais je fais appel à la part d’humanité de ceux qui veulent croire qu’il y a toujours au-delà de tous délits, de tous crimes, un espoir de pardon, de compréhension, pour reconstruire et vivre. Monsieur BADINTER a un jour plaidé la cause de Monsieur PAPON en ces termes : Madame, comment dois-je prendre ces mots alors que je suis tout aussi malade, sinon plus ? Je suis actuellement libérable en 2021. Sur ma peine j’ai déjà effectué dix ans. On ne peut pas parler de droit de l’homme sans en appliquer les principes élémentaires. Mon livre (« la guillotine carcérale » Ed. Nautilus ) évoque la terrible traversée d’un malade au sein du monde carcéral, je vous invite à le lire afin de mieux comprendre la phrase de MALRAUX qui disait : Madame, Monsieur, j’aimerai avoir votre soutien de Député, car vous êtes les représentants du Pays des droits de l’homme et à ce titre, vous ne pouvez accepter que des détenus continus de subir des conditions d’un autre âge. Je reste dans l’attente de votre réponse et, Vous prie d’agréer, Monsieur Le Député, Madame La Députée, l’expression de mes salutations les plus distinguées. Laurent JACQUA |