Suicide d’un jeune Messin : marche silencieuse ce matin

La famille d’Erhan, qui s’est pendu le samedi 3 avril à la prison d’Epinal, effectuera ce matin une marche silencieuse avant de déposer un bouquet de fleurs au pied de l’établissement pénitencier.
Epaulés par plusieurs associations, les proches du jeune Messin retrouvé mort dans sa cellule le samedi 3 avril (RL du 05/04) débuteront, ce matin à 10h, une marche silencieuse dans les rues d’Epinal. Le cortège se dirigera vers la maison d’arrêt où un bouquet de fleurs sera déposé. Puis la famille reviendra sur Metz où les obsèques d’Erhan, 18 ans, seront célébrées à Bellecroix. Une cérémonie religieuse à laquelle ne pourra pas assister son frère aîné. Détenu à Saint-Mihiel où il purge une peine de deux ans de prison pour trafic de stupéfiants, celui-ci n’a pas obtenu de permission exceptionnelle. Erhan, d’origine turque, s’est pendu avec un morceau de couverture alors qu’il était au mitard depuis deux jours. Il exécutait une série de peines - seize mois au total - prononcées par le tribunal correctionnel de Metz en décembre 2002 pour "vol avec violences", "vol aggravé","violences en réunion" et "détention illicite de stupéfiants". Le jeune majeur était libérable en juillet. Incarcéré à Metz-Queuleu, le 23 avril 2003, Erhan avait été transféré successivement à Strasbourg, Nancy puis Epinal en raison "d’un comportement difficile>. Soit quatre déplacements en moins d’un an. Ces périodes ont été ponctuées de séjours en hôpital psychiatrique à Jury et à Laxou pour une durée totale de cinq semaines.
Sept tentatives
Dans un communiqué, la section locale de l’Observatoire international des prisons (OP) indique que le cas d’Erhan est "l’archétype de ce qu’il ne faut pas faire>. "C’est l’exemple patent de l’échec de l’administration pénitentiaire dans sa volonté de prévenir le suicide. Le rapport du psychiatre Jean-louis Terra, à la demande du ministre Perben, indiquait que les détenus qui étaient déjà passés à l’acte ne devaient pas être placés en quartier disciplinaire. Or, il est établi qu’Erhan avait déjà tenté de se suicider à sept reprises> poursuit un membre de l’OP. Dans une missive adressée à la famille, l’administration pénitentiaire avait répondu que le détenu avait eu un comportement "auto-agressif> et qu’il faisait l’objet d’un suivi médical et pénitentiaire. "L’administration a donc été capable de le repérer et en toute connaissance de cause, elle a multiplié les risques en le plaçant au mitard et en l’éloignant des siens> ajoute un membre de l’OP.
Enfin, l’Observatoire note qu’Epinal est un site pilote en matière de prévention de l’autolyse ; "or, il en a eu quatre en moins de deux ans".
V. L
Paru le : 13/04/04 (Lorraine / Faits Divers)