Publié le mercredi 26 mai 2004 | http://prison.rezo.net/lundi-15-decembre-2003/ lundi, 15 décembre 2003 Une nouvelle journée commence. Direction la douche. Je commence déjà, au bout de quelques jours à avoir mes habitudes, automatismes. Je me recouche après cette douche tiède, et attends tranquillement la promenade de 11h00. Finalement, je pense qu ?il ne m ?arrivera rien de mal ici, il suffit de ne pas se faire remarquer ! On m ?appelle à la fenêtre, au loin, une voix que je ne connais pas. Je me lève péniblement et réponds en criant. « - C ?est Walid, j ? suis un gars d ?Elancourt, les 7 mares, j ?ai entendu dire que t ?es de Maurepas ?! Walid, Elancourt.. ça me dis quelque chose.. Je creuse dans ma mémoire... J ?ai déjà entendu parler de lui. - Heu ouais ouais je suis de Maurepas. - Ok ok t ?es de quel quartier à Maurepas ? - L ?Agiot. - Ah ouais c ?est juste à côté de chez moi ça, t es un voisin, gros, t ?inquiète ça va bien se passer ici, si t ?as un soucis, tu m ?en parles, gros. - Ouais mais c ?est bon, pas de soucis, je fais ma peine tranquillement. - Ok, t ?es tombé pour quoi ? - Une bagarre qui a mal tourné et toi ? - Ah moi t ?as vu j ?ai fait un braquage dans un bureau de tabac. - Où ça ? à Maurepas ? - Ouais ouais. Bizarre, je suis toujours au courant de tout ce qu ?il se passe dans cette ville et je n ?ai jamais entendu parler de tabac braqué. - Ok ok et bien on se voit à la promenade alors hein ? - Ouais gros.
Je m ?assied sur mon lit.
Walid, walid, walid ?
Je me souviens !!!
Putain ! cet enfoiré ! il est tombé pour viol ! quel menteur ! En plus il avait violé une fille que je connaissais bien. Moche d ?ailleurs. Comme quoi il devait vraiment être en manque. MAIS QUEL MENTEUR ! C ?est clair, je vais le balancer aux autres ! Il n ?y a pas de raison. Je ne vois pas pourquoi ce violeur aurait le privilège de ne pas marcher du coté ouest de la promenade. Quand je pense qu ?on avait juré de la venger avec mes amis. Heureusement la justice s ?en était occupée, mais même, il n ?y a pas de raison que ce ne soit pas su.
Je me remets à la fenetre.
« - Hééé ! Kalidou ? - Ouais Ouais ! c ?est qui là ?! - Ouais c ?est Olivier, t ?as un yoyo ? - Ouais ouais pourquoi ? - Il faut que je t ?envois un truc ! - Ok Ok mets ta main. »
Je mets ma main par la fenêtre et intercepte le yoyo. J ?ecris un message sur un bout de papier, déchiré de mon livre « Bienvenue à la maison d ?arrêt des Yvelines ».
Walid, il n ?a jamais fait de braquage, cet enfoiré il est là pour viol, je le connais.
Je demande à Kalidou de sortir son bras, je fais tournoyer le yoyo et l ?envois de toute ma force. Il l ?attrape, tire et prends le message que j ?ai soigneusement plié dans le sac plastique.
Carnet d ?affinités. Walid : Ennemi. A éviter absolument.
Je mets un drapeau par ma porte pour qu ?un surveillant vienne me voir.
Il arrive au bout d ?une bonne demi-heure. « - Salut Olivier, que veux tu ? - Je souhaiterais savoir s ?il est possible que l ?on m ?inscrive en cours de français, d ?anglais et d ?histoire-géo. J ?aime bien, lorsque je parle aux surveillants, bien former mes phrases. Avec toutes ces racailles ça me permet de me démarquer. - Ok Olivier, et c ?est d ?ailleurs une bonne idée, je te passe ton emploi du temps tout à l ?heure et je vais m ?occuper de ton inscription. A tout à l ?heure. - Merci. » J ?ai l ?impression que les surveillants réagissent comme les détenus. Certains sont agréable, sociables, d ?autres infectes et renfermé. Je repense à cette phrase, concernant les surveillants de prison, d ?un rappeur français : « Porte clé à perpétuité ». Mais d ?un côté, je préfère sa place, à cette heure ci. Promenade dans une demi heure. Je commence à réaliser ce que j ?ai fait vis à vis de Walid. Pourvu que cette promenade se passe bien. |