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dimanche, 11 janvier 2004

Publié le lundi 31 mai 2004 | http://prison.rezo.net/dimanche-11-janvier-2004/

dimanche, 11 janvier 2004

Maman !
Je me penche par dessus cette table de béton pour la serrer dans mes bras. Je ne contrôle plus mes émotions, je pleure. Moi qui me suis toujours moqué des personnages de Real Tv qui pleurent en voyant leurs parents au bout de deux semaines de séparation, je fais maintenant moins le malin.
Maman pleure aussi, je l’embrasse puis m’assied. Je lis dans son regard de la pitié, mais maintenant je souris.
« 
- Comment ça va Olivier ?
- Ca va, et toi ? et vous tous ? raconte moi !
- Tout le monde pense beaucoup et souvent à toi, tes amis passent tous les jours, et il y a tes sœurs et Olivia qui m’ont accompagné, mais ils n’ont pas encore le droit de parloir, ils ont fait une demande mais c’est en cours..
- Ok
Ma mère m’observe
- Qu’est ce que tu as à la lèvre ?
- Je me suis battu mais c’est pas grave tout va bien
- Fais bien attention s’il te plait, ne te fais pas d’amis ici et...
- Oui oui oui, ne t’inquiète pas maman ! J’ai décidé de faire ma peine tranquillement dans mon coin.
- Très bien. Je t’ai envoyé un mandat de 100€ et je t’ai emmené plein d’affaires, d’après ce qu’ils m’ont dit, ils ont tout directement mis dans ta cellule, mais les ¾ de ce que je t’ai emmené a été refusé.
- Ah bon ?
- Oui, par exemple ils ont enlevé tous les vétements de couleur bleu, je ne sais pas pourquoi.
- Oui, je l’ai lu dans les regles de vie de la prison, il est interdit de s’habiller en bleu, surement pour ne pas être de la même couleur que les surveillants..
- D’accord, j’ai aussi emmener des livres qu’ils ont refusé.
- Pareille, c’est ridicule mais d’après eux un livre peux être une arme.. bref !
- Sinon, j’ai rencontré une personne, que l’avocat nous a présenté, une éducatrice qui va venir te voir ici pour ensuite donner un rapport au juge, essaye de faire bonne impression !
- Oui t’inquiète.
- Et puis un expert psychiatre va venir te voir très bientôt normalement pour établir un bilan qui determinera si tu es quelqu’un de dangereux ou pas. »

Nous continuons de discuter pendant une demi heure, puis un surveillant arrive et me demande de repartir.

Ca m’a vraiment fait bizarre de voir ma mère, je me sens différent. Finalement, je vais essayer de lui obéir, il faut que j’évite les contacts avec les autres détenus, mais hélas, c’est impossible. Il faut à tout prix que ces six mois se passent bien pour moi, pour que je puisse ressortir entier de cette prison.

Je retourne dans ma cellule, mon esprit imprégné par l’image de ma mère. Mes habits sont dans un grand sac poubelle, je vide le tout sur mon lit et observe.
Ok, ça va être difficile de jouer le caïd avec tous ces habits sans marque. Mais à la limite, je ne risque pas de me les faire voler ! d’ailleurs, ce jogging vert grenouille là, personne ne me l’enviera.
Moi qui suis d’habitude très désordonné, je prends un certain plaisir à ranger mes affaires. Je les plis délicatement une par une, c’est peut-être le fait d’avoir enfin quelque chose à moi ici qui me procure ce plaisir. Mais la chose que je préfère dans ce colis, c’est l’odeur de ces habits. L’odeur de l’assouplissant, et de cette feuille de tissu odorante que maman met dans le sèche linge. Ca sent ma maison.

Tout en regardant un jeu télévisé à la télévision, je reprend mon carnet d’affinité et note :

Carl : Ennemi, à souhaiter, contre une paire de chaussette que je lui cantine des tonnes de choses. Ne pas avoir peur de lui, petit con d’après ce que m’a dit kalidou. Ne pas avoir d’affinités.

Du bruit à la fenêtre. Je tend mon oreille et entend que l’arrivant, dont Kalidou m’a parlé était apparemment à destination. Le pauvre. Je me souviens de mon arrivée, je me mets à sa place. Apparemment c’est un français aussi. Nous sommes donc maintenant trois mineurs français dans cette prison : Le cambrioleur nécrophile, l’arrivant et moi.
J’essaye d’écouter sa voix, je veux voir s’il a une voix imposante car comme prévu, à la prochaine promenade, dans le but de faire mes preuves vis à vis des autres détenus, il faudra que je fasse partie des racailles qui le « victimeront ».