Publié le mardi 1er juin 2004 | http://prison.rezo.net/mercredi-14-janvier-2004/ mercredi, 14 janvier 2004 J’écris une lettre à mon meilleur ami Jérôme et une à mon père, pour passer le temps. Je les enverrai lorsque je pourrai acheter des timbres, surement demain d’ailleurs vu que je dois recevoir un mandat. Je m’assied dans ma fenêtre et me place en position de spectateur. Environ une dizaine de détenus essayes de le questionner, puis finalement c’est le petit con de Carl qui prend le dessus et qui arrive à avoir le plus de réponses. Les autres détenus font actuellement la même chose que moi, ils écoutent la conversation entre Carl et l’arrivant pour découvrir sa personnalité. La journée passe, l’arrivant n’est pas venu en promenade cet après midi, tant mieux pour lui je pense. Ce soir, je regarde la télé que d’un œil car il y a des gens dans les arbres en face de la prison, ils appellent ça le « parloir sauvage ». Ils sont environ 5, venus parler justement avec Kalidou. C’est un mauvais point pour lui. En prison, si tu vas souvent au parloir, que tu reçois beaucoup de lettres, en plus d’être envié, tu es catégorisé comme faible. En effet, une personne n’ayant ni ami ni famille dehors sera plus dangereux ici, il n’aura rien à perdre contrairement à la personne posée avant son incarcération qui fait tout pour se préserver et vite terminer sa peine pour rentrer chez lui entier. Je regarde un reportage sur les prisons, c’est impressionnant comme un journaliste montre ce qu’il veut. En regardant ce reportage, la vie du détenu ce passe comme cela : dodo-télé-repas. Dans la réalité, ce serait plutôt : cauchemar-survie-nourriture. Je me couche, et reflechis, ma tête enfouie dans mon blouson en cuir qui sent l’odeur de la prison. Maman m’a mit une taie d’oreiller dans mon linge qui sent ma maison, je ne l’utilise même pas car l’odeur me donne maintenant envie de pleurer. Je reflechis. L’œillet bascule, un surveillant entre. L’œillet bascule, un surveillant entre. « Je m’allonge sur mon lit et observe une par une les envellopes. Je fais durer le plaisir, je pense que je vais mettre toute la matinée à les ouvrir une par une ! quelle joie que de recevoir du courrier. Le seul moment plaisant de la journée ! Pour mon propre suspens, je commence par les lettres officielles. La première me signale que le mandat de ma mère est passé et que mon compte est créditeur de 150€. Je me retiend d’ouvrir les lettres manuscrite et ouvre la seconde officielle. Une lettre me signalant qu’un expert psychiatre passera prochainement pour m’analyser. Enfin, les plus importantes à mes yeux. Je reconnais l’écriture d’Olivia, j’ouvre sa lettre. |