NON

Je me fiche des quatrains,
Je me fiche des sonnets,
Je suis poète et je suis libre
et libre de dire et libre de faire.
Pourquoi s’enfermer dans des mots
Que ne reflète l’esprit
Mais la seule valeur du beau ?
Je veux dire comme je sens.
La maîtrise du verbe
Je n’en ai que faire.
Mes amis me le disent,
Mon verbe est attrayant !...
J’écris selon l’humeur,
Le désir de l’instant,
J’écris comme on voit,
Comme on pense, comme on sent
Et pas autrement.
Il faut penser comme le veut
Le joug des sociétés,
Pas moins, pas plus,
Et ne dire autrement
Sous prétexte d’être violent
Ou d’être différent.
Légitime est le but ?
C’est interdit quand même.
Faites silence à vos dires,
Vous serez libérés !
Qui donc êtes-vous pour m’empêcher ?
Les mots sont à la mesure de mes
Sentiments et je dis et j’écris.
Mon humeur coutumière ne peut dire
Ne peut faire qu’en chantant !
La joie que me procure
Cet effrayant discours,
C’est de vivre librement chaque instant
Et comme on veut et comme on doit,
Je fais, je dis, j’écris sans chaîne
Et sans mesure, d’un trait, d’un éclat.
Vivre libre et des mots,
Le seul souci est de taire ses pensées.
Pourquoi serait-on obligé ?
- Pour éviter le pire...
- Le pire ? Le pire de quoi ?
- Le pire d’une infamie, d’une rumeur
ou de je ne sais quoi,
peut-être le pire d’être montré du doigt
ou je ne sais quoi.
-Ah bon ! je ne savais pas
que le pire c’était de penser.
Vos conditions sont simples
mais la pratique ne l’est point.
Comment faire si l’on... est ?
- Eh bien, ne soyez pas !
Pensez comme tout le monde
et dites comme tout le monde
le temps brisera le reste.
- Croyez vous que je puisse ?
- Ah non ! Plus de questions.
Commencez par dire : non.
- Mais...
- Je vous dis que si.
- Alors...