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L’île des esclaves de Marivaux (février 2005)

Publié le mercredi 3 novembre 2004 | http://prison.rezo.net/l-ile-des-esclaves-de-marivaux,5761/

COMPAGNIE DES LUMAS

L’île des esclaves de Marivaux
Création en Maison d’arrêt

l’entre-dévoration est le fondement de la nature.
 Claude Régy (L’ordre des morts)

COPRODUCTION : COMPAGNIE DES LUMAS, CELESTINS, THEATRE DE LYON, THEATRE DE VILLEFRANCHE SUR SAONE

avec le soutien de la VILLE DE SAINT ETIENNE, du CONSEIL GENERAL DE LA LOIRE, de la REGION et de la DRAC RHONE-ALPES et avec la participation artistique du JEUNE THEATRE NATIONAL

Compagnie des Lumas - 12, place Villeboeuf / 42000 Saint-Etienne - Tél : 04 77 32 57 33
Association Loi 1901 - Siret : 428 122 162 00012 - APE : 923A - licence : 42/0219
La Compagnie des Lumas est subventionnée par la Ville de Saint Etienne, le Conseil Général de la Loire, la Région Rhône -Alpes et la DRAC Rhône -Alpes.

L’ILE EN MAISON D’ARRET

La Compagnie des Lumas, dans le cadre de sa prochaine création, L’île des esclaves de Marivaux, propose aux maisons d’arrêt des villes qui l’accueillent, un atelier de jeu et une représentation de la pièce. Ces interventions sont proposées durant la période de résidence de la compagnie dans le théâtre de la même ville.

L’île des esclaves, c’est la tragédie d’un naufrage sur les rives d’une île. Deux couples maître/esclave y survivent. Ils sont pris en main par les habitants de l’île, menés par Trivelin, qui vont les contraindre à une inversion de rôle. Ces derniers sont en fait les descendants d’anciens esclaves enfuis il y a un siècle de la société à laquelle les couples maître/valet appartiennent toujours. Ils voient dans cette expérience ambiguë un cours d’humanité.

La Compagnie des Lumas propose donc à un groupe de 10 détenus de participer à un atelier de « jeu de rôle théâtral ». Cet atelier sera mené par Eric Massé, le metteur en scène du projet et par Thomas Poulard, le comédien qui joue Trivelin. C’est donc du point de vue de Trivelin que la pièce de Marivaux sera abordée, la maison d’arrêt étant comme une métaphore de l’île, une microsociété avec des règles autonomes. Il semble intéressant, le temps d’un stage, d’inverser le processus et que ce soient les détenus qui, accompagnés de Thomas Poulard, expérimentent un travail choral autour de cette parole et mènent le jeu. Après 5 ou 6 séances, le quatuor de comédiens maître/esclave intègrera ce travail. Comme les personnages échouant sur île, ils devront se plier aux règles de cette microsociété (île /prison) qui auront été inventées au sein de l’atelier. Après 1 ou 2 nouvelles séances, une représentation de la pièce, ainsi réinventée, sera donnée.

« Ce qui m’intéresse avec les détenus, c’est de pouvoir leur proposer la même chose que je propose à quiconque avec qui je travaille, amateurs ou professionnels, et finalement, d’inventer avec eux un spectacle avec une adresse au public singulière. Ce n’est qu’une étape supplémentaire dans notre parcours, cet atelier va alimenter le spectacle que l’on créera en mars. On n’en attend pas de choses quantifiables mais plutôt qu’il nous aiguille sur des chemins de travail, des sensations. » Eric Massé

LE PROJET

L’idée de ce projet est d’amener une circulation entre le lieu clos, lieu d’enfermement qu’est la prison, et le lieu ouvert qu’est un théâtre, de faire circuler des personnes et des émotions entre l’intérieur et l’extérieur durant le processus d’une création. Associer les détenus à ce processus c’est leur permettre d’être au cœur d’un travail de réflexions politiques et de recherches théâtrales.

THEMES DE TRAVAIL

• LE JEU
Tout l’apprentissage théâtral se fera par le jeu : le terrain de jeu de l’acteur étant le même que celui de l’enfant qui joue à jouer, c’est un lieu de travail et de recherche qui affranchit chacun de sa peur d’être jugé. « Quand on joue, il n’y a pas de jugement d’appréciation ». Par extension, travail sur le thème du « mentir vrai » de l’acteur.

• LE TEXTE
Travail sur la parole de Trivelin sur le choc immédiat qu’elle peut produire. Comment les détenus s’approprieront-ils cette langue du XVIIIème ? Comment y raconteront- ils leur vécu ? (Ex : leur arrivée en prison, l’initiation aux règles, ses rituels avec ses contraintes et ses humiliations). Comment transmettent-ils, à leur tour les règles du lieu et comment mènent-ils les expériences proposées ?

• LE GROUPE
Travailler avec et sur le groupe, lui-même étant matière d’écriture qui rencontre et transforme une parole. Créer un chœur dans la diversité des voix et la singularité de chacune. Voir comment la parole circule et se partage dans ce chœur d’hommes, composé des dix détenus et d’un comédien, et comment le même groupe intègre enfin le quatuor d’acteurs qui subit le jeu de rôle 

DEROULEMENT

Période d’atelier proposée :
- Première quinzaine du mois de février 2005 à la maison d’arrêt de Valence
- Deuxième quinzaine du mois de février 2005 à la maison d’arrêt de Villefranche sur Saône
Module d’une semaine et demi à raison de 3 heures de pratique par jour.
Une première rencontre dans les semaines précédant l’atelier peut être organisée afin que la Compagnie rencontre les participants et leur expose le projet. 

L’atelier se déroulera comme suit :
Séance 1 : lecture de la pièce et exposition du projet
Séances 2 à 5 : Travail théâtral collectif et individuel à base d’improvisation sur la parole des habitants de l’île.
Séance 6 et 7 : Rencontre et travail avec le quatuor d’acteurs naufragés
Séance 8 (voir 9) : Une ou deux présentations de 45mn des travaux réalisés + discussions entre détenus et spectateurs (détenus et personnel de la maison d’arrêt et invités extérieurs) / Bilan avec les détenus.

CREATIONS 2005 / 2006

Après trois saisons de recherches et de créations autour des meurtrières contemporaines, où nous nous sommes davantage intéressés au processus qui conduit au meurtre qu’à l’acte lui-même, il nous a semblé évident d’entamer une recherche sur le moment qui suit l’acte transgresseur : l’enfermement.
En maisons d’arrêt, centres de détention, hôpitaux psychiatriques, ou autres lieux plus métaphoriques, nous nous efforcerons de scruter quelle est la part d’intimité qui survit à l’enfermement et à la surveillance généralisée.

Dans ces univers, où l’on se surveille autant que l’on est surveillé quelle place reste-t-il pour l’intimité alors que la moindre émotion peut être considérée comme une faiblesse ?
Nous nous interrogerons sur la fragmentation de l’être qui en résulte, sur ce perpétuel déchirement entre intimité et représentation. Comment corps et parole réagissent au regard de l’autre ? Quelle valeur donner à une parole énoncée sous surveillance ? A quel endroit le corps se dérobe-t-il et laisse-t-il apparaître un peu de son intime ?

Ces questionnements, déjà esquissés avec Encouragement(s), spectacle à la charnière entre nos tragédies meurtrières et ces recherches autour de l’enfermement, seront développés autour d’un premier diptyque sur l’enfermement physique saison 2004 / 2005 puis d’un second sur l’enferment psychiatrique au cours de la saison 2005 / 2006. Ces diptyques mettront en abîme des écritures contemporaines et classiques.

Pour la saison 2004 / 2005 nos recherches se partageront entre Concertina et l’Ile des esclaves de Marivaux.

- Concertina est créé suite à un atelier en maisons d’arrêt et autour de textes de personnes travaillant (Fragmentation d’un lieu commun de Jane Sautière) ou étant détenues en prison, dont la correspondance d’un meurtrier condamné à perpétuité (Le parloir de mes songes - Cent lettres à perpétuité de Michel X).

- L’Ile des esclaves sera créé à la suite de l’atelier Marivaux dirigé par Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux, au sein de l’Unité Nomade de Formation à la Mise en Scène (CNSAD de Paris - direction Josyane Horville).

En 2005 / 2006, nous aborderons des projets autour de l’enfermement psychiatrique et la parole aliénée en confrontant des matériaux textuels contemporains théâtraux ou non et une écriture classique très structurée telle Phèdre de Racine 

LA COMPAGNIE DES LUMAS... 

... rassemblée autour d’un projet artistique et politique, pas d’idéologie ou de parti, mais une action citoyenne, la compagnie défend une vision du théâtre et du public qu’elle interroge par le biais d’écritures contemporaines et classiques mises en abîme. Mobilisée pour un théâtre en prise directe avec le public, la Compagnie des Lumas tente d’inventer de nouveaux rapports avec ce dernier en l’intégrant dans son processus de réflexion et de création.
Se mobiliser, c’est croire en la vertu de la parole et la faire circuler entre les différents acteurs de la cité (auteurs, comédiens, spectateurs...). Cette parole pose le problème de l’individu face à la société où se joue la tragédie du politiquement correct et son cortège de mensonges, et propose des figures en rupture avec le consensus social, en quête de leur vérité.

La recherche de la vérité, ce besoin insatiable d’aller au plus profond
de l’existence cachée des êtres, c’est à la fois notre poison et notre remède.
 Jean Vilar

Eric Massé est metteur en scène et comédien
Il a été formé au CNR d’art dramatique de Bordeaux et à l’Ecole du CDN de Saint-Etienne. Depuis 1999, il joue dans créations atypiques (théâtre, théâtre gestuel, théâtre d’intervention, cabaret...) mises en scène par Agnès Coisnay, Dusan Jovanovic, Hervé Dartiguelongue, Sophie Le Garroy, Eva Doumbia, Nathalie Vueillet... et poursuit un travail expérimental auprès d’Alexandre Del Perugia et du collectif des Bouffons de Luxe.
En 2000, il crée avec Angélique Clairand la Compagnie des Lumas, et entame une trilogie sur les meurtrières au travers de textes contemporains, Meutries...ou les tragédies de cuisine.
En 2001, il intègre l’Unité Nomade de Formation à la Mise en Scène au CNSAD. Au sein de l’Unité Nomade il travaille au TNS et au festival d’Art Lyrique d’Aix en Provence. Il monte L’île des esclaves de Marivaux lors d’un chantier dirigé par Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux à Paris. A Cracovie il travaille dans un atelier avec Kristian Lupa (2003).
Au printemps 2004, il crée Concertina d’après des textes de Jane Sautière et de Michel X est présenté dans le cadre des Intranquilles 2004.
Saison 2004-05, la Compagnie des Lumas est en résidence au Théâtre de Villefranche sur Saône.

Thomas Poulard est comédien
Il a été formé à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot (Paris) et à l’ENSATT (Lyon). Il y a principalement travaillé sous la direction de Nada Strancar, Alain Knapp,Paul-André Sagel, Claudia Stavisky, Philippe Delaigue et Serguei Isaev.
Au théâtre il travaille avec Marie-Sophie Ferdane, Christophe Perton, Jean Lacornerie, Michel Dieuaide, Thierry Mennessier, Emilie Valentin, Nicolas Ducron, et Simon Delétang

DEVIS

Pour la formation des détenus par 2 formateurs d’une durée totale de 36 heures soit 2 fois 18 heures.
- La somme de 2 016 € HT

Pour la cession de 1 représentation de L’ILE DES ESCLAVES de Marivaux, mise en scène Eric Massé, au sein de la maison d’arrêt.
- la somme de 1 665 € HT

Pour les frais annexes liés à la formation et à la représentation, les frais d’hébergement de l’équipe étant pris en charge dans le cadre de la création du spectacle tout public.
- la somme de 300 € HT

- TOTAL HT 3 981 € HT

 
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