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(2004) Vive la mariée !

Publié le dimanche 7 novembre 2004 | http://prison.rezo.net/2004-vive-la-mariee/

 Bilan - Atelier 2004
 « Vive la mariée ! »
proposé dans le cadre de la convention
 TNB - SPIP 35 -CP

Le partenariat Théâtre National de Bretagne - Centre pénitentiaire de femmes reste fidèle à des principes de départ posés en 1991.
Ils se déclinent en deux axes de travail : la programmation de spectacles (théâtre, danse, musique) et l’organisation d’ateliers qui le plus souvent aboutissent à un spectacle dans lequel jouent les femmes-détenues et des comédiens professionnels.
Si la mission première d’un théâtre est bien évidemment un lien direct avec un public qui viendra au théâtre, il nous semble toujours aussi important que le mouvement s’inverse parfois et que nous allions vers ceux ou celles qui ne peuvent venir à la rencontre des artistes. Pour le TNB, un(e) détenu(e) a droit à l’accès à la culture au même titre que n’importe quel autre citoyen.

L’objectif de ce partenariat est aussi d’éviter la désocialisation en détention et d’y trouver des espaces de construction personnelle, d’épanouissement, d’accomplissement de soi, de formation.

Le projet « Vive la mariée »

La marionnette est pour Julika Mayer l’endroit de croiser les disciplines artistiques : arts plastiques (installations visuelles et sonores) et arts vivants (théâtre, danse, marionnette, cirque). En s’associant à d’autres artistes, elle propose aux femmes du centre pénitentiaire de Rennes d’explorer le thème de la mariée. Convaincue que les objets sont dessinés et destinés à créer nos rapports au monde, elle apporte photos, objets, textes et textiles évoquant le mariage. Elle questionne avec le groupe comment les mythes et les rites résistent en nous. Comment je me rêve mariée ? Le fantasme du plus beau jour de ma vie...
les habits de ce fantasme...

Diplômée de l’Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette ; elle a notamment côtoyé Philippe Genty, Martine Viard, Bruno Meyssat, Marie Vayssière et Franck Soehnle. Co-fondatrice en 1999 de la Compagnie Là Où, elle créé Intérieur d’après M. Maeterlinck, Question d’odeur de R. Fichet, Petits Chaos, (Détails) les grands poissons mangent les petits, puis Heimat, Habitable.

Le projet se déroule sur deux années.
Il se construit à partir des cheminements et étapes de la production d’un spectacle.
Il prend la forme de sessions thématiques autonomes telles que, pratique de corps, construction de marionnettes et animation d’objets, Voix, pratique du jeu d’acteur, Lumière, Costumes, Scénographie, Son, Image.

La première étape a eu lieu au cours de l’année 2004.

Les thématiques proposées ont été « pratique de corps » et « construction de marionnettes et animation d’objets »

Des liens seront réalisés entre les modules par la constitution d’un journal de bord personnel et l’élaboration de traces visuelles.

A l’issue des différents modules, est prévue la réalisation d’un spectacle en août 2005.
Par ce dernier module l’ensemble des stagiaires pourront travailler en commun sous la direction d’une équipe artistique professionnelle.
Intervenants envisagés : Julika Mayer-marionnettiste, Maud Le Pladec-danseuse, Laurent Méninger, comédien, Laure Mahéo-costumière...

La première étape : avril -> août 2004

Descriptif :

Période : du 14 au 25 Août 2004
Horaire : 10h/12h et 13h30/17h30 (les intervenants sortent à l’heure du déjeuner)

Lieu : salle de spectacle du centre pénitentiaire

Effectif : 9 participantes du Centre de Détention

Intervenants : Julika Mayer, marionnettiste, Laure Mahéo, costumière, Gwénola Drillet, référente TNB du projet, Maud Le Pladec, danseuse, Gwendal Mollo, technicien TNB.

Contenu
1) Réalisation de marionnettes
2) Travail autour des notions d’espace, installation, de manipulation (rapport corps / objet).

Déroulement :

Des rendez vous préalables ( les 26 mai, 30 juin et 2 août) ont été proposés à la médiathèque pour présenter l’atelier d’été, coordonnés par Anne-Marie Sinan, Conseiller insertion probation et Catherine Gloaguen médiatrice culturelle du SPIP.

- Temps d’échanges sur les différentes approches et techniques du spectacle vivant et autour du thème « la mariée / fiction-documentaire ».
- Diffusion d’extraits de vidéos : « Elle était et elle est même » Jan Fabre, « Les Mains » de Christophe Loizillon, « Le temps des gitans » Emir Kusturiza
- Distribution d’un dossier recueillant textes et iconographies à chaque participante (Sophie Calle, extraits du dictionnaire des symboles, Louise Bourgeois, extraits de presse...)

Montage technique de l’atelier : fin juin, entrée de la majorité du matériel (tissus, outils, éclairages, console son...)

14 et 15 août : 1 week-end pratique de corps
pratique de massages, ateliers d’improvisation, approches du shéma corporel, exercices de concentration et d’écoute.

du 16 au 25 août : atelier de construction (relâche le dimanche 22 août)
technique à base de couture, marionnette portée, marionnette -mannequin.
Etapes de construction : la tête, le cou, introduction des yeux et exercices de manipulation à partir du regard, habillage, installation et mise en situation de la marionnette.

25 août : mise en situation des marionnettes réalisées par les femmes
à travers un parcours déambulatoire, le public pouvait découvrir le double de chaque femme en mariée, manipulée par elles mêmes.
Ce rendez-vous était ouvert aux femmes du centre de détention, au personnel de la pénitentiaire, au personnel du TNB, aux tutelles.
Rencontre à l’issue de la présentation avec l’ensemble des visiteurs.
Temps de bilan interne aux participants du stage

27 août : démontage
Eléments de bilan de l’atelier d’été

D’un point de vue organisationnel :

Un projet sur deux ans :
- La première étape a été réalisée
- La suite de ce travail va permettre aux femmes de s’inscrire dans la durée

Préparation et concertation de cet atelier
L’énoncé clair des règles d’organisation, de l’engagement en tant que participant est essentiel au bon fonctionnement de l’atelier ( ex : absences de l’atelier autorisées exclusivement en cas de parloir et téléphone)
Ces conditions sont indispensables pour permettre aux participantes de l’atelier, au personnel de détention et à l’équipe artistique la compréhension des contraintes de travail respectives et la prise en considération du travail de création réalisé en salle de spectacle.
Nous avons constaté cette compréhension mutuelle de l’ensemble des interlocuteurs. Cela souligne la faisabilité de ce type d’action en toute harmonie.

Nous pouvons encore tenter d’améliorer :
- la communication interne de ces règles entre les différents équipes de surveillantes (équipe week-end)
- la cohérence et la compatibilité entre des activités annuelles (chorale par exemple) et l’engagement dans cet atelier dont l’activité est condensée mais qui est plus ponctuel.
- la compatibilité avec des activités régulières (promenade par exemple) si elles ont lieu en dehors des temps du stage (avant l’horaire du démarrage de l’atelier par exemple)
- La visibilité et la transparence de cette action en rédigeant une note expliquant contenu et planning au personnel pénitentiaire
- L’anticipation de certains problèmes (par exemple, l’impossibilité pour les femmes de conserver en cellule leur marionnette après )

Nous pouvons proposer quelques initiatives nouvelles :
- Invitation au moment de la présentation publique du personnel de soin psychologique/psychiatrique. Envisager des liens et des échanges avec ces équipes.
- Prévoir l’arrivée des intervenants une heure avant l’arrivée des participantes dans l’espace

D’un point de vue du contenu :
- à nouveau la pratique de corps se révèle comme un axe essentiel de travail dans le contexte carcéral.
- Débuter par un week-end « danse » a permis de construire le groupe
- L’atelier de construction est une activité manuelle, individuelle qui demande de la rigueur, de la concentration et beaucoup de patience
- La proposition d’une thématique de l’atelier par Julika Mayer et son implication sur chaque étape de travail a été essentielle. La connaissance du milieu carcéral et de ses caractéristiques favorise le projet.
- Les réactions à la thématique du mariage ont été vives mais se sont avérées très créatrices.
- La présence d’un technicien pour les trois derniers jours de l’atelier était intéressante pour l’installation lumière et son. Il faut cependant penser davantage son intégration au projet.

Autres remarques

- La présence de trois femmes ayant eu l’expérience de l’atelier d’été de l’année précédente était porteuse. Il est important de garder un fil conducteur avec l’année prochaine.
- Importance de la venue et des témoignages de personnes extérieures au milieu pénitentiaire lors de la présentation publique du travail.
- Nous pouvons constater que ce type de travail développe la capacité de concentration, la prise de confiance, la capacité de mener un travail individuel à l’intérieur d’un groupe, la capacité d’écoute, de regard sur le travail de l’autre.

Perspectives :

Quel travail complémentaire à cette évaluation ?

6 octobre 2004 : rendez-vous bilan avec les participantes de l’atelier à la médiathèque

automne 2004 : séances de travail pour le montage des images filmées -> réalisation d’une vidéo témoin

cohérence du projet avec les autres actions du centre pénitentiaire :
novembre : souhait d’articuler l’atelier TNB avec d’autres programmations culturelles au sein du centre pénitentiaire. Julika Mayer propose d’assister au stage de François Possémé, « musique assistée par ordinateur, chant » les 28 et 29 novembre 2004.

6 décembre 2004 : Projection d’une vidéo montée à partir des images réalisées au cours de l’atelier et moment de l’installation
Installation d’une exposition animée des marionnettes réalisées dans le cadre de l’atelier à la médiathèque

Permettre le rendez-vous au spectacle

Mettre en scène 2004
Le festival Mettre en scène est un événement rennais. Il est important que les femmes puissent y être associées. Pendant le festival, des lectures publiques de nouvelles étrangères seront déclamées dans différents quartiers rennais. Ces textes ont été choisis par Jota Castro en lien avec les populations immigrées résidant à Rennes. Des comédiens se déplaceront et liront ces nouvelles dans la ville grâce à un « vélo-pupitre ». Pour l’année 2004, Jota Castro, artiste franco péruvien, envisage une de ces lectures au centre pénitentiaire.

Aziz Chouaki, auteur contemporaine présente un de ses textes mis en scène par Martinelli en janvier 2005. A partir de description de scènes de mariage en algérie extraites de son ouvrage « étoile d’Alger » une lecture par des comédiens et par l’auteur est proposée dans la médiathèque.

Marie Vayssière, metteur en scène présentera sa dernière création programmée au TNB en février : une adaptation du texte d’Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, pour cinq comédiens.

 
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