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2 Axes d’analyse

Publié le mardi 21 décembre 2004 | http://prison.rezo.net/2-axes-d-analyse/

2. Axes d’analyse

 Les déterminants de l’usure et du stress professionnels semblent globalement identifiés pour l’Administration Pénitentiaire. Néanmoins, une même situation n’est pas vécue de la même façon par deux personnes différentes. La théorie transactionnelle du stress émet l’hypothèse que l’impact des situations dépend des modes d’adaptation développés par la personne qui y est confrontée. De façon plus générale, on peut penser que les individus disposent de ressources qui leur permettraient de faire face aux différentes tensions relatives à leur profession, la valeur adaptative de ces ressources étant variable.
 La question est donc de savoir de quelles ressources disposent les surveillants du Centre Pénitentiaire de Marseille et quelle est la valeur adaptative de ces ressources en terme d’usure professionnelle.
 On peut décliner cette question en différents niveaux.
 En premier lieu on peut se demander si certaines caractéristiques socio démographiques ou professionnelles de l’individu peuvent influencer l’usure professionnelle ou l’adoption de modes d’adaptation.
Ensuite, on peut s’attacher aux différentes stratégies de coping qui préserveraient les surveillants du burnout. On pourrait alors se demander comment se manifestent ces stratégies dans la pratique professionnelle et quel sens elles ont pour les surveillants.
 Afin d’explorer cette question, nous pourrions tâcher d’identifier ce qui distingue les personnes en burnout d’autres personnes, en terme de modes d’adaptation. Adoptent-ils des modes d’adaptation privilégiés. Qu’en est-il des personnes qui s’accomplissent dans leur travail.
 La question des modes de coping renvoie à des ressources essentiellement psychiques, individuelles. Nous pourrions alors nous interroger sur l’élaboration des modes d’adaptation. Est-ce que leur construction pourrait également correspondre à des logiques collectives ?

 Concernant ces différentes questions, on peut à ce jour, établir un ensemble d’hypothèses quant à la nature et à l’élaboration des modes d’adaptation ainsi qu’à leur relation avec la question de l’usure professionnelle.

 Nous postulons que les caractéristiques sociodémographiques et professionnelles permettent de distinguer des groupes en terme d’usure professionnelle et d’adoption de modes d’adaptation.
- Caractéristiques sociodémographiques.
 ? Les personnes les plus jeunes sont les plus touchées par l’usure professionnelle (Cf. § 1.2.3.)
 ? Les personnes vivant en couple, bénéficiant d’un meilleur soutien social seraient plus protégées contre l’usure professionnelle.
 ? Les femmes adoptant plus de stratégies centrées sur l’émotion, seraient plus exposées à l’usure professionnelle.

- Caractéristiques relatives à la situation professionnelle.
 ? Les personnes habitant à Marseille, n’ayant pas de trajet à effectuer, seraient moins soumises à l’usure professionnelle.
 ? Les personnes les plus gradées et les plus anciennes seraient plus protégées contre l’usure professionnelle.

 Nous supposons que les styles de coping ont une valeur adaptative différenciée en terme de Burnout. (Cf. 1.2.5)
 ? Les personnes en burnout adopteraient plus de stratégies centrées sur l’émotion
 ? Les personnes en accomplissement professionnel adopteraient plus de stratégies centrées sur la résolution de problème et la recherche de soutien social.

Nous postulons également que ces résultats se traduiront dans le discours des surveillants.
 ? Les personnes en burnout évoqueront dans leur discours plus d’attitudes, de croyances et de pratiques orientées vers la maîtrise de la tension générée par la situation de travail.
 ? Les personnes en accomplissement personnel évoqueront dans leur discours, plus d’attitudes, de croyances et de pratiques orientées vers la maîtrise de la situation ou l’augmentation de leurs ressources pour y faire face.

 Enfin faisons l’hypothèse que l’adoption des modes d’adaptation s’inscrit dans une logique plus générale de perception du métier, du rôle de surveillant et de l’environnement professionnel.
 De plus, nous pensons que la dimension collective revêt une importance particulière dans l’élaboration des modes d’adaptation.