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8 Conclusion

Publié le samedi 25 décembre 2004 | http://prison.rezo.net/8-conclusion,6089/

Conclusion

En résumé, l’étude des modes d’adaptation a consisté pour une part en l’analyse des relations statistiques entre burnout, stratégies d’adaptation et caractéristiques sociodémographiques. Il apparaît que les surveillants les plus jeunes étant rentrés plus tôt dans l’administration et ayant un niveau de diplôme plus élevé soient les plus vulnérables à l’usure professionnelle. D’autre part nous avons tâché de repérer la nature, le sens et les logiques de construction de ces modes d’adaptation. Trois logiques ressortent. Celle de l’ordre négocié, centrée sur le maintien des places institutionnellement dévolues, correspondrait aux agents répondant au profil moyen de la population des surveillants du Centre Pénitentiaire de Marseille en terme d’usure professionnelle. Les personnes en burnout centrée sur l’identité professionnelle, témoignent d’une plus grande difficulté à se constituer en collectif de travail, ce dernier pourrait alors les aider à maintenir l’étanchéité du rapport entre l’intérieur et l’extérieur. Les personnes en accomplissement personnel, se centrent sur l’aspect concret du métier de surveillant, la gestion de la charge de travail qu’elle soit physique ou psychique. Ils identifient des sources de satisfaction internes à leur travail. L’apparente satisfaction qu’ils semblent trouver dans la cohésion d’équipe traduit un sentiment d’appartenance à un collectif qui leur permet de soutenir la façon dont ils font face aux tensions inhérentes à la fonction de surveillant. Dans ce cas il semble préconisé de favoriser la construction des collectifs de travail mais aussi de maintenir les efforts d’orientation et de prise en charge des personnes en difficulté.

D’autres questions ont été laissées sans réponse par cette étude, leur approfondissement aurait pourtant pu apporter un éclairage sur la question de l’usure professionnelle. Comment se fait-il qu’ils n’y ait pas de réelle représentation de l’Administration Pénitentiaire ? Que signifient des termes tels que réinsertion et social pour eux ? Qu’est-ce qui est en jeu dans la comparaison incessante entre surveillants et détenus ? Quels enjeux se cachent derrière la question du secret médical ? D’où provient le maintien de fausses croyances concernant le SIDA ? A quoi correspond réellement l’image de l’ancien ? Pourquoi les surveillants s’attachent à l’idée que le mythe de la ‘prison bagne’ prévaut dans l’opinion publique ? Quelles sont les réelles incidences des derniers changements au sein de l’institution ? Quelles logiques président à l’insertion ou non des femmes en détention homme ? Quelle est l’étendue du phénomène de harcèlement moral ou de choc post traumatique qui sont parfois des situations concomitantes à l’usure professionnelle ? Nous pourrions également élargir nos investigation à l’encadrement qu’en est-il de son côté ? Quelles représentations, quelles logiques guident leurs pratiques ?