Publié le mercredi 15 décembre 2004 | http://prison.rezo.net/accueil-des-familles,6108/ L’association "Avec" Historique : Avant l’ouverture de la nouvelle Maison d’Arrêt de Strasbourg, les familles attendaient leur tour au parloir, dehors, par tous les temps et ceci parfois pendant plusieurs heures. Un peu partout en France, ce même constat était fait ; il convenait d’offrir à ces familles un lieu accueillant dans lequel elles puissent passer ce temps si important que constitue le temps d’avant le parloir. Reprenant l’idée à son compte, la Ministère de la Justice prévoyait la construction d’une salle d’attente dans toutes les nouvelles prisons. D’autre part, en prison, la famille devient une des préoccupations principales des détenus. Il n’est pas rare de les entendre dire :" ceux qui n’ont pas de famille ont plus de chance d’y retourner (en prison)". La famille apparaît donc, à leurs yeux, comme un support de réinsertion. Et de ce fait, si le maintien des liens affectifs est préservé, l’ancrage dans la réalité sociale, la reprise ou le démarrage d’une vie professionnelle a plus de chance de réussir que si la personne a "tout perdu" pendant son incarcération. C’est pourquoi, l’accueil des familles est dans le droit fil de la prévention et de la lutte contre la délinquance. L’action de l’Association Avec répond à une mission de réinsertion, fixée par le Code Pénal : "celui-ci doit veiller au maintien des liens familiaux en vue de faciliter le "réinsertion" et à une recommandation du Conseil de l’Europe : "faire en sorte que les relations familiales soient favorisées". Prise dans cette mouvance, l’Association Avec a donc démarré son action dès l’ouverture de la nouvelle Maison d’Arrêt de Strasbourg, dans le quartier de l’Elsau, en octobre 1988, grâce à l’accord de la Direction Régionale des Services Pénitentiaires de Strasbourg et au soutien du Directeur de la Maison d’Arrêt à cette période. Une convention a été signée entre ces différents partenaires, qui mettent à disposition le local au profit de l’Association Avec. Missions : Présentation de l’Association Avec : Constat : La réalité de cette situation qui nécessite de nouveaux aménagements économiques, sociaux et affectifs, est souvent transmise et expliquée de façon confuse aux enfants. Les cartes sont brouillées : "Où est passé papa ?..... Pourquoi n’a-t-il pas téléphoné pour mon anniversaire ? ..... Est-ce qu’il m’a abandonné ? ..... Pourquoi est-il avec les méchants ? ....." La séparation, toujours brutale, est associée à la confusion provoquant déstabilisation et angoisse. Pour le détenu, qui n’est pourtant pas déchu de ses droits et obligations parentales, l’exercice de la fonction parentale se réduit concrètement à l’espace du parloir et au courrier dans le meilleur des cas. Par ailleurs, ayant transgressé la loi sociale, il a du mal à se reconnaître dans son rôle particulier de référent de la loi. Quant au parent "à l’extérieur", il se trouve confronté à une réalité difficile à assumer : maintien de la relation avec le conjoint incarcéré, perturbations des enfants, difficultés économiques, incertitudes quant à l’avenir. La Convention Européenne des Droits de l’Enfant (art 9) ainsi que le Code de Procédure Pénale ( art D 402), convergent pour affirmer l’importance des liens lors de la séparation, tant pour le développement de l’enfant que pour les possibilités de réinsertion du détenu. C’est en s’appuyant sur ces textes et sur sa propre expérience qu’Avec a élaboré son action. 2-) Objectifs : * Procurer aide et information concernant le fonctionnement de la prison, les visites, les démarches, etc... Tous les intervenants de l’association bénéficient d’une formation à l’écoute. Cela leur permet d’accueillir les émotions, de laisser les choses se dire, les larmes couler, les appréhensions s’exprimer. Cette disponibilité particulière permet la création de liens de confiance très investis par les familles, qui sont assurées de trouver là un regard qui ne juge pas et qui les soutient pendant la durée de l’incarcération. Les accueillants d’Avec deviennent parfois des points de repère importants et procurent au minimum, apaisement et sécurité. L’accompagnement des enfants fera l’objet d’un développement spécifique plus loin. 3-) Soutenir les liens familiaux : Cet objectif se concrétise de façon multiple. Partant du fait avéré et confirmé par de nombreuses enquêtes qui reconnaît la famille comme facteur principal de la prévention de la récidive, il apparaît comme nécessité fondamentale de veiller au maintien des liens familiaux durant l’incarcération. A ce souci légitime de prévention s’associent les conclusions de travail de recherche de l’association sur les effets de l’incarcération pour les enfants. Ces effets sont similaires à ceux d’une séparation des parents qui intervient comme un coup de tonnerre dans la vie de l’enfant. Un enfant jeune n’est pas en mesure d’intégrer psychiquement l’absence du parent ; il a besoin de rencontres, de contacts physiques. Cette constatation nous amène à défendre la nécessité pour les enfants de rencontrer leur parent, même si c’est en prison, pour que puisse se manifester le continuum de leur relation. C’est à partir de cette position que nous mettrons en oeuvre toutes les initiatives qui vont favoriser le maintien des liens familiaux. Ceci passe à travers la qualité de l’accueil, l’aménagement des conditions de visite, la prise en compte des besoins spécifiques des uns et des autres, l’action en amont auprès des pouvoirs publics pour faire connaître cette position. Relation Enfants - Parents : actions de Avec Néanmoins, ce qui s’y vit, s’en rapproche. En effet, l’enfant est accueilli en tant qu’enfant, membre d’une famille, fils ou fille de ses parents. Il est présent dans ce lieu en même temps qu’un de ses parents, ou responsable durant l’avant parloir. (qui dure 30 minutes à 1 heure) Ce laps de temps est mis à profit pour permettre de vivre au mieux, d’une part la visite au parent - détenu, et pour des échanges d’autre part avec le parent" à l’extérieur". Très souvent, en effet, l’arrestation d’un des parents fait que l’enfant perd presque aussi le second parent, qui est lui-même mis tellement en difficulté, qu’il ne peut plus rester aussi présent à son enfant. Celui-ci se retrouve donc seul. C’est là que nous travaillons : éviter la solitude de l’enfant face à cet événement qui vient de surgir dans son existence, l’aider à élaborer cette expérience en le considérant comme un réel interlocuteur. L’accompagnement, ici, que ce soit celui du parent ou de l’enfant ne consiste pas seulement à donner de l’information mais à permettre une évaluation, un questionnement, à exprimer ses émotions, de façon à évoluer face au désarroi dans lequel la situation les plongent. L’accompagnement des enfants revêt également une autre signification dans l’association. Il s’agit d’accompagner au parloir des enfants pour rendre visite à leur parent détenu, quand le contexte familial ne prend pas en charge cet accompagnement (pour des raisons très diverses). Ces visites ont lieu dans un cadre privilégié par rapport aux parloirs traditionnels : pas de contrainte horaire, ni de durée, espace plus vaste, plus de luminosité, jouets et jeux adaptés selon l’âge de l’enfant. Ces conditions constituent déjà un cadre plus favorable pour la rencontre de l’enfant et de son parent. C’est pourquoi, l’association accepte également d’accompagner des enfants qui bénéficient par ailleurs de parloirs familiaux, tant ce temps privilégié de rencontre est fort pour l’un comme pour l’autre. Enfin, si le détenu est transféré dans un autre établissement dans la région, l’accompagnement se poursuit. Les parloirs de ce type font l’objet d’un travail de concertation préalable entre le détenu, l’enfant, ses référents, les services sociaux. Les accompagnateurs occupent à cette occasion une position de médiateur importante. C’est en raison de cette position que l’association a proposé aux accompagnateurs, une formation à la médiation assurée par l’organisme RESCIF. Enfin, une dimension plus spécifique de l’accompagnement s’intègre exactement dans le champ de la prévention. On connaît l’importance des phénomènes identificatoires pour la construction de l’enfant, mais on connaît aussi leur complexité. Ce n’est pas d’une façon automatique que l’enfant deviendra délinquant parce que son père ou sa mère l’a été. Au contraire, livré à lui même, en lutte à des messages confus et contradictoires, cette évaluation est rendue plus difficile. A cet égard, l’association Avec occupe une place particulièrement pertinente et dispose aujourd’hui des ressources humaines pour aller plus avant. 2) Amélioration des conditions de visite : Un travail important d’information reste à faire pour permettre la prise en compte systématique du maintien des liens familiaux lors d’une incarcération. De la même manière, tout changement, toute initiative d’amélioration, font l’objet de plusieurs années de discussion, négociations et aménagements divers avant de pouvoir aboutir, puisque nous sommes confrontés à une logique de sécurité qui est l’impératif premier de l’Administration Pénitentiaire. Il faut cependant souligner à cet égard, l’évolution récente de cette administration qui, sous l’impulsion de madame la Garde des Sceaux, inscrit dans ses orientations budgétaires, le maintien des liens familiaux. 3) L’action militante : Ces associations (une centaine actuellement en France regroupant plus de 1000 bénévoles), discrètes en général, se sont regroupées en fédération régionale, afin d’avoir une force représentative auprès des administrations. Ceci commence à porter ses fruits : Les FRAMAFAD (fédérations régionales des maisons d’accueil des familles et amis de détenus) sont considérées comme partenaires du champ judiciaire et pénitentiaire. Par contre, par rapport aux politiques familiales et de l’enfance, un travail considérable reste encore à accomplir. Si la politique de l’enfance a pour objet de favoriser l’épanouissement des enfants et des relations avec leurs parents qui contribuent à constituer les enfants comme adultes, alors la question des relations des parents emprisonnés et de leurs enfants doit être l’objet d’une attention particulière. Cette attention est portée actuellement, de façon presque confidentielle, par des personnes et des milieux sensibilisés. Il est nécessaire maintenant d’inscrire ce sujet dans le cadre de la politique de l’enfance, aux différents échelons de l’action publique, pour que cesse la précarité liée à la recherche des partenaires souvent motivés, mais toujours révocables. Démarche : 2) Moyens humains : L’ensemble des membres de l’association bénéficient d’une formation continue à l’écoute, ainsi qu’une formation à la médiation. La présence de stagiaires (école d’éducateurs de jeunes enfants, école de travail social, Université Marc Bloch, ULP) contribue à enrichir le travail de réflexion et permet de sensibiliser les futurs professionnels. Moyens financiers : La CAF contribue régulièrement sur ses fonds propres au fonctionnement. Les salaires sous contrat "emploi jeune et CEC" sont pris en charge majoritairement par l’Etat ; cependant, il reste une cote part importante à l’association puisque nous avons décidé de rémunérer les personnes en fonction de leur titre. 3) Besoins : D’autre part, le cheminement très lent, nécessaire à la concrétisation de nos projets pour les raisons citées plus haut, nous oblige à nous projeter dans le temps, démarche sans cesse fragilisée par l’incertitude de nos ressources. Enfin, pour garantir la cohérence, la pertinence, voire l’efficacité de notre action, il nous faut pouvoir l’inscrire dans la durée et bénéficier d’une sécurité relative. Toutes raisons qui nous amènent à conclure à la nécessité de bénéficier d’un conventionnement associé à une prestation de service, l’originalité et la spécificité de notre action l’ont conduite à être considérée jusqu’à présent d’une façon marginale. Il nous semble capital qu’elle soit intégrée dans les réflexions et les préoccupations des politiques de l’enfance et de la famille. En France, environ 140 000 enfants sont concernés chaque année par l’incarcération d’un parent. A Strasbourg, nous avons dénombré en 2000, plus de 7000 passages d’enfants à la Maison d’Arrêt. C’est loin d’être marginal. Et que dire, si l’on regarde le domaine des chiffres, des enjeux considérables qui se jouent dans les situations fragiles et complexes que nous rencontrons ? Très concrètement, pour pérenniser et garantir la qualité de notre action, il nous faut être en mesure de salarier 3 postes, associés à l’activité des bénévoles qui représente quant à elle, l’équivalent de 3 temps pleins. Ces trois postes se déclinent ainsi : Éducatrice de jeunes enfants, psychologue, coordinatrice. Association Avec Siège Source : M.A Strasbourg |