Publié le samedi 28 mai 2005 | http://prison.rezo.net/le-projet-kap-a-la-prison-de-champ/ 4. Le projet KAP à la prison de Champ-Dollon Durant 3 semaines (de fin mai à début juin 1997), toutes les prescriptions médicamenteuses sont répertoriées à Champ-Dollon et à la PMG sur des formulaires préimprimés (dont un exemplaire figure en page suivante) lors de chaque consultation médicale, qu’il s’agisse d’un traitement nouvellement prescrit ou reconduit. Les formulaires sont directement remplis par le médecin prescripteur. Ils contiennent les rubriques suivantes : nom du médicament, dosage, forme galénique, posologie et quantité totale à administrer. Cette dernière est calculée par le prescripteur selon la date d’arrêt prévue du médicament. Les médications non-stop (traitement de durée indéterminée) sont indiquées comme telles. Figure également sur les formulaires une rubrique indiquant le diagnostic principal motivant le traitement en question, le nom du médecin prescripteur, le lieu, la date de la consultation et le degré d’urgence de la consultation, "garde sur place" signifiant que la consultation a été effectuée "en urgence", le jour même de la demande du détenu ou du rapport de symptômes aigus par les gardiens ou l’équipe infirmière. Un consentement oral (après une information sur les modalités de l’étude et le droit du détenu de refuser la participation sans aucune conséquence pour lui) est documenté dans le dossier du patient à la prison. Notons que sur le questionnaire ne figure pas le nom du détenu, mais seulement ses initiales, sa date de naissance, son sexe, sa nationalité et son état civil. Cette récolte systématique fournit une base de données qui permettra premièrement de se faire une idée précise de la prescription médicamenteuse en milieu carcéral, en termes de qualité comme en termes de quantité, deuxièmement d’établir une comparaison avec la prescription à la PMG, après ajustement selon l’âge des patients, les diagnostics et éventuellement d’autres différences comme le sexe, la nationalité et l’état civil, et troisièmement de présenter un "état des lieux" de l’une des activités médicales de la prison de Champ-Dollon qui pourrait s’avérer utile comme point de comparaison pour d’éventuelles études analogues ultérieures. Les données sont récoltées pendant trois semaines, à chaque consultation, si bien qu’un patient qui a été vu plusieurs fois durant ce laps de temps figurera autant de fois dans l’étude. Pour deux raisons exposées ci-dessous, nous avons choisi de limiter notre étude à la prescription médicamenteuse de la première consultation. Premièrement, l’étude analogue réalisée à la PMG, et qui nous servira de point principal de comparaison, ne s’est également occupée que de la première prescription pour chaque patient. Deuxièmement, et c’est là l’argument majeur, le risque serait grand, si l’on tenait compte des consultations suivant la première, d’introduire un biais par surreprésentation artificielle d’un médicament qui ne serait que reconduit. Si l’on analyse en effet les prescriptions médicamenteuses des deuxièmes consultations et des consultations ultérieures des 56 patients qui ont bénéficié de plus d’une consultation durant la période de l’étude, on se rend compte que 30 patients (54%) ont vu leur traitement reconduit sans changement, ou réduit d’un ou plusieurs médicaments ou encore n’ont pas eu de prescriptions lors des consultations suivant la première. Par ailleurs, 3 patients (5%) ont vu le premier médicament être substitué par un médicament de la même classe (2 anti-inflammatoires non stéroïdiens et 1 laxatif), et que 23 patients (41%) ont reçu en ajout un ou plusieurs médicaments d’une autre classe (11 patients ont reçu un traitement dermatologique, 5 patients ont reçu un somnifère, 4 ont reçu un antiinflammatoire non-stéroïdien, 2 un médicament contre le rhume, 2 un traitement antiallergique, 2 un myorelaxant, 2 un laxatif, 1 un antalgique topique, 1 un antiulcéreux, 1 un antidiarrhéique, 1 un collyre simple, 1 un antihémorroïdaire et 1 un antalgique opioïde). Dans quelques situations précises toutefois, et qui seront dûment mentionnées, nous nous servirons des consultations suivant la première pour tenter de mieux cerner le profil de la prescription d’un des médicaments étudiés. Les tests statistiques ont été réalisés au moyen du logiciel SPSS (Statistical Package for the Social Sciences ». Nous avons analysé séparément le nombre total de prescriptions et le pourcentage de patients qui ont reçu différentes sortes de médicaments. Pour les comparaisons entre des variables à intervalle (comme l’âge ou le nombre de consultations concernant les deux sites [PMG vs prison]), nous avons utilisé des t-tests pour échantillons indépendants. Pour comparer des variables dichotomiques, nous avons utilisé le test de chi carré. Les différences ont été considérées comme significatives si p |