Publié le samedi 28 mai 2005 | http://prison.rezo.net/description-de-la-prison/ 5. Description de la prison préventive de Champ-Dollon La prison de Champ-Dollon, inaugurée en 1977, a pris le relais du pénitencier de Saint-Antoine, jugé peu sûr, insalubre et de trop faible capacité d’accueil. A l’inverse de la prison de Saint-Antoine qui était située au coeur de la vieille ville genevoise, la prison de Champ-Dollon a été construite en pleine campagne, dans un espace de verdure à l’écart de tout endroit de passage. A moins donc de s’y rendre expressément, il est rare que la population l’aperçoive. Le mur d’enceinte en béton nu, sans fil de fer barbelé ou électrifié ni autre obstacle supplémentaire, est d’une hauteur de 7 mètres et comprend une porte unique, monumentale, coulissante que, pour l’anecdote, l’artiste mandaté a exécuté en barreaux couleur rouille censés représenter les fanons d’une gueule de baleine. Les bâtiments à l’intérieur du mur sont regroupés en un bloc comprenant l’administration, un autre contenant les cellules proprement dites et un dernier où se situent les ateliers. Les matériaux utilisés sont le métal, le verre et le béton, avec une nette prépondérance de ce dernier. C’est à cause de cet aspect bétonné et austère que la prison de Champ-Dollon a suscité peu après son inauguration une vague de mécontentement, aussi bien parmi les détenus, dont certains avaient organisé des émeutes, que dans la presse qui la qualifiait d’inhumaine. Paradoxalement, des voix se sont aussi élevées dans la population libre pour protester contre ce qui ressemblait à une prison "de luxe", souvent comparée à un hôpital ou à un hôtel. En 23 ans d’existence, les lieux se sont humanisés avec la réalisation de peintures murales, l’ajout de quelques plantes vertes dans les couloirs et l’adoption de mesures telles que la possibilité de prendre ses repas en commun dans les couloirs. La prison dispose d’un terrain engazonné non couvert pour la promenade et le football et d’une salle de gymnastique couverte. La capacité d’accueil théorique est de 270 personnes. Depuis 1984, la population carcérale est cependant plus élevée, exception faite de 1995, 1996 et 1997. Lorsque le nombre de détenus dépasse le maximum prévu, on ajoute des lits dans les cellules, qui passent alors du statut de cellule individuelle à celui de cellule à deux. Pour les hommes, on compte 127 cellules à 1 place de 12 m2, 34 cellules à 3 places de 25 m2, et 3 cellules à 5 places de 38 m2. Pour les femmes, on compte 14 cellules individuelles, et 4 cellules à 3 places. Chaque cellule comporte des toilettes avec une porte mettant à l’abri des regards, et un lavabo. Des barreaux existent sur un tiers de la surface de la fenêtre, que l’on peut donc ouvrir pour l’aération, les deux tiers restants étant constitués d’une vitre blindée. Il n’y a pas d’extinction des feux, les détenus peuvent donc bénéficier toute la nuit de l’électricité s’ils le désirent. Les postes de télévision et de radio ainsi que les lecteurs audios sont autorisés. Les détenus bénéficient d’une heure de promenade par jour, peuvent faire du sport en salle deux heures par semaine et du culturisme un jour sur deux. S’ils le désirent, et sur leur demande seulement, les détenus hommes peuvent s’inscrire à différentes activités, de la reliure à la cuisine en passant par la déconstruction d’appareils informatiques. Les femmes peuvent profiter d’ateliers proposant des activités artistiques créatrices. Pour cinq heures et demie de travail par jour, un détenu touche 17 FS. L’attente entre l’inscription à l’atelier et la participation effective peut être de quelques semaines selon le nombre de demandes à traiter. Les repas sont servis chauds, sur des plateaux véhiculés dans des chariots identiques à ceux d’un hôpital. Un service de prêt de livres est organisé. En plus de la visite d’aumôniers, les détenus ont la possibilité d’assister à une cérémonie religieuse une fois par semaine, chrétienne ou musulmane. A l’entrée dans la prison, chaque détenu reçoit un set comprenant entre autres une brosse à dents et de la pâte dentifrice. Etant donné son statut de prison préventive, la prison de Champ-Dollon n’accorde aucun congé, par opposition aux établissements d’accomplissement des peines. |