Ban Public
Le portail d’information sur les prisons
Ailleurs en Europe

Publié le jeudi 1er septembre 2005 | http://prison.rezo.net/ailleurs-en-europe/

AILLEURS EN EUROPE
(Extrait du rapport sur la prévention du suicide en milieu pénitentiaire de la Direction de l’administration pénitentiaire)

Le taux de suicide en France est parmi les plus élevés d’Europe !

Pierre TOURNIER, dans une étude effectuée en 1993 pour le Conseil de l’Europe notait qu’entre 1983 et 1991 le taux de suicide s’élevait à 14,3 pour 10000 détenus. La France se situait ainsi au 12e rang des 15 nations européennes étudiées. A titre de comparaison, dans la même période, l’Angleterre avait un taux de 7,9, la Suède de 8,1 et l’Autriche de 8,9.
S’agissant du suicide dans la société libre, la France n’a pas à déplorer dans la même période un aussi mauvais classement. Selon le Conseil Économique et Social, avec un taux de 20 pour 100 000 habitants en 1990, la France se situe en effet dans la moyenne européenne. Selon les statistiques établies par l’O.M.S., la France se situe au septième rang pour le suicide masculin et au sixième rang pour le suicide féminin, parmi un échantillon de onze pays proches d’elle sur le plan économique et social.
Certains des pays dont le taux de suicide est particulièrement bas en milieu carcéral, comme l’Italie et le Royaume-Uni, ont de façon générale un taux de suicide parmi les plus bas d’Europe. Ce faible taux de suicide en prison n’est pas seulement un effet de la mise en oeuvre de politiques actives de prévention en établissement pénitentiaire telles celles qui existent notamment en Angleterre. Les caractéristiques sociales, culturelles, religieuses des populations concernées ainsi que le développement déjà ancien de politiques de prévention, menées tant par les États que le secteur associatif à l’égard de la société libre, jouent certainement un rôle important.
Force est pourtant de constater que plusieurs pays, notamment la Suède et l’Autriche, qui ont un taux de suicide par habitant comparable à celui de la France, voire plus élevé, enregistrent cependant (sur la période 1983-1991) des taux de suicide en établissements pénitentiaires parmi les plus bas d’Europe. Ces comparaisons doivent être avancées avec précaution. Les statistiques sur le taux de suicide dans la société libre ne sont pas toujours disponibles et ont un caractère plus ou moins fiable, suivant les modalités d’enregistrement des suicides que connaissent les différents pays. Seule une étude comparée beaucoup plus approfondie permettrait d’expliquer de façon rigoureuse les différences observées. Toutefois, ces quelques indications statistiques ne peuvent que nous conduire à nous interroger sur les lacunes des politiques de prévention en France et sur les éventuels dysfonctionnements de l’institution carcérale que ces taux sont de nature à révéler.

Source : Jéricho n°188, mars 2004, ANVP