EN DÉCEMBRE 2004, UN COLLOQUE A DRESSÉ LE BILAN DE LA LOI DE 1994 QUI A CONFIÉ AU SECTEUR HOSPITALIER LA SANTÉ DES PERSONNES DÉTENUES. L’OCCASION DE FAIRE LE POINT SUR LA FAISABILITÉ D’UNE DÉMARCHE D’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ EN PRISON. UNE ENQUÊTE SUR LA SANTÉ MENTALE DES DÉTENUS, PRÉSENTÉE DANS CE CADRE, POINTE L’AMPLEUR DU TRAVAIL SANITAIRE À EFFECTUER.
La prise en charge sanitaire des personnes incarcérées a été profondément modifiée par la loi de 1994 qui a instauré le rattachement direct des services de soins - jadis dépendants de l’administration pénitentiaire - aux établissements hospitaliers. Cette loi a aussi intégré un volet concernant la
promotion de la santé en prison.
De nombreuses actions de prévention et d’éducation pour la santé ont ainsi pu être expérimentées et sont maintenues depuis.
Animées par les Comités d’éducation pour la santé, des “formations action” [1] ont été lancées sur une dizaine de sites.
Elles ont réuni surveillants, équipes des unités de consultations et de soins ambulatoires, membres des services pénitentiaires d’insertion et enseignants.
Une activité de “prévention santé” a par exemple été instaurée en 1994 au “Centre des jeunes détenus de Fleury Mérogis”.
Elle concernait la prévention du VIH et des infections sexuellement transmissibles et fait dorénavant partie intégrante du programme de la “semaine des arrivants”. À Melun et à Fresnes, des “ateliers santé” inspirés du théâtre et animés par un professionnel de santé et une comédienne sont organisés sur la base de 5 à 6 séances réparties sur deux mois. Mais des questions persistent sur ces actions dans le contexte de la prison, en particulier avec le niveau élevé de violence qui règne dans certains établissements, exacerbée notamment par la surpopulation carcérale.
L’éducation pour la santé nécessite une écoute mutuelle et un climat de sérénité sans lesquels le partage d’informations ne peut avoir lieu.
En outre, la violence neutralise la portée des interventions mises en place et constitue en soi un facteur de risque important pour la santé physique et
psychique. Le constat dressé par deux médecins psychiatres (voir encadré ci-dessous) souligne l’urgence d’une prise en compte de ces facteurs.
40 % DES DÉTENUS SOUFFRIRAIENT DE DÉPRESSION
Lors du colloque Santé en prison (7 décembre 2004), les premiers résultats d’une enquête menée par deux psychiatres sur la prévalence des troubles mentaux dans la population carcérale ont été présentés. Sur la base des 799 détenus interrogés de juin à septembre 2004, on estime que parmi la population carcérale masculine de France métropolitaine, 40 % souffrent de dépression, 33 % d’anxiété généralisée, 20 % de névrose traumatique, 17 % d’agoraphobie, 7 % de schizophrénie et enfin 7 % de paranoïa ou de psychose hallucinatoire chronique.
Pour en savoir plus
• Les actes du colloque Santé en prison - Dix ans après la loi : quelle évolution dans la prise en charge des personnes détenues ?
• L’étude épidémiologique sur la santé mentale en prison sous la direction des professeurs Bruno Falissard et Frédéric Rouillon