Proposition 7 : "Des médiateurs dans toutes les prisons"
par Jean-Paul Delevoye  [1]

LES REVOLTES et les violences naissent moins des misères que des injustices. Et la privation de liberté, lorsqu’elle s’impose, n’est pas privation de droits. Qu’un détenu, pendant sa période d’emprisonnement, perde ses droits est préjudiciable à sa réinsertion. Ainsi, il est difficile de faire renouveler ses papiers d’identité lorsqu’on est en prison, les préfectures exigeant que le requérant se présente en personne. Est-ce bien le rôle de la prison de fabriquer des sans-papiers ? Nous avons débloqué 40 dossiers de ce type à Marseille. Autre exemple : est-il normal que les personnes ne retrouvent pas à leur sortie des droits acquis avant la détention, les indemnités journalières et les minima sociaux, par exemple ?
Ces constatations sont apparues lors de l’expérimentation des délégués du médiateur, que j’ai mise en place depuis mars 2005 dans cinq établissements pénitentiaires. Nous n’avons pas vocation à être les procureurs systématiques des administrations ni leurs défenseurs. Nous sommes indépendants. Les détenus l’ont compris. 
 
Et ils nous saisissent de litiges sur les calculs de réduction de peine, l’accès à internet pour leur formation, les effets personnels égarés par l’administration, sans explication. Des parents nous ont demandé la lettre que leur fille suicidée avait laissée dans sa cellule. Pour des questions de procédure, elle était bloquée chez le procureur... C’est ce que j’appelle une médiation combative, réactive et de proximité. J’étends l’expérience à 10 établissements pénitentiaires et, avec mes 300 délégués du médiateur sur la France entière, je suis prêt à la généraliser.

Source : Le Nouvel Obs