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Lettres de détenus souhaitant expirer leur peine à la Nouvelle-Calédonie

Publié le dimanche 12 février 2006 | http://prison.rezo.net/lettres-de-detenus-souhaitant/

“ Beaulieu, le 1er juin 1873
A Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Excellence,
Par suite de deux jugements rendus à Cherbourg : l’un le 19 Avril 1873, par le premier Conseil de Guerre, je fus condamné à cinq ans de prison ; l’autre le 25 du dit, par le Tribunal Maritime, à six mois de prison.
Ex-Commis aux Vivres de la Flotte, je me trouve placé sous les ordres de l’Autorité civile, et en ce moment, à la Maison Centrale de Beaulieu.
Permettez-moi de venir solliciter près de vous Excellence, d’être dirigé sur la Nouvelle-Calédonie afin d’y subir la peine qui m’a été infligée.
Je ne crois pas devoir vous cacher que mon but, en vous demandant cette faveur, est de chercher par mon travail et ma conduite, les moyens indispensables pour me créer une position honorable dans cette colonie.
Jeune et vigoureux, habitué aux climats des colonies que je fréquente depuis onze ans, le désir ardent d’arriver à une position louable et méritante, voilà dans quelles conditions je viens vous supplier, Excellence de vouloir bien avoir la bonté d’accueillir ma demande favorablement
Je suis avec un profond respect,
Excellence,
Votre très humble subordonné,
A. Biron, détenu à Beaulieu
(Calvados) N° 23832 ”

“ Quimper, le 25 Juillet 1875
Condamné par les Assises de Quimper à huit années de réclusion, je désirerais obtenir la faveur de subir ma peine dans les conditions qu’il plaira au gouvernement d’imposer aux prisonniers qui sur leur demande seront transportés à la Nelle Calédonie.
Je suis encore actuellement détenu à la Maison de Justice de Quimper ; la petite vérole qui a éclaté à Beaulieu ayant empêché que je fusse transféré dans cet établissement où je dois subir ma peine.
En dehors du fait pour lequel j’ai été condamné, jamais aucun reproche sérieux n’a pu m’être adressé sur ma conduite, je ne suis donc pas un malfaiteur dangereux. Je suis jeune, vigoureux, et assez bon agriculteur, je pourrai donc peut être rendre quelques services dans un pays neuf et m’y refaire à moi-même une position honorable. L’existence en Bretagne dans une petite localité serait désormais impossible pour moi & ma famille, sans parler des inconvénients de la surveillance qui expose celui qui a eu le malheur d’en être atteint à devenir un pilier de prison.
J’ai 29 ans, ma femme en a 28. Elle désirerait m’accompagner avec nos deux enfants dont l’un est âgé de cinq ans et l’autre de treize mois.
J’ai donc l’honneur, Monsieur le Directeur, de venir vous demander la grâce d’être transporté à la Nelle Calédonie avec ma femme et mes enfants ou du moins si la chose est impossible pour le moment de bien vouloir classer ma demande afin d’en tenir compte pour l’avenir, si vous jugez qu’elle le mérite.
Veuillez agréer
Monsieur le Directeur
L’assurance de mes sentiments les plus respectueux
Baron ”

“ Beaulieu au 9 mars 1873
A son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Monsieur le Ministre
Le nommé Eugène Basset agé de 18 et demie, comptable, vous adresse cette supplique pour vous demander l’autorisation d’être envoyé à la nouvelle Calédonie, étant frappé d’une condamnation de 4 années de Prison pour Vol et Faux et n’ayant plus de relations avec ma famille, voilà pourquoi Monsieur le Ministre je vous adresse cette lettre.
J’ose espérer, Monsieur le Ministre que vous voudrez bien agréer ma lettre et m’accorder l’autorisation que j’implore de votre bonté.
Et je suis avec respect votre humble et dévoué serviteur
Eugène Bassiet,
Maison centrale de Beaulieu, Calvados ”

“ Maison Centrale de Fontevrault, 11 janvier 1874
A Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Monsieur le Ministre,
Augais Jean, détenu sous le N° 39587 à la maison Centrale de Fontevrault, à l’honneur de solliciter de votre bienveillance la faveur d’être déporté à la nouvelle Calédonie, en raison de la longueur de la peine qui lui a été infligée (8 années de réclusion) par arrêt de la Cour d’assises de la Vienne, en date du 26 Novembre dernier, pour attentat à la pudeur.
Il ose espérer, Monsieur le Ministre, que vous envisagerez sa position, & que vous daignerez lui accorder l’objet de son humble demande.
Dans cette attente, j’ai l’honneur d’être,
Avec un profond respect,
Votre très obéissant subordonné, Augais ”