Publié le mardi 16 juillet 2002 | http://prison.rezo.net/20-fevrier-2002-lettre-au/ Madame le Garde des Sceaux
Madame le Ministre,
Mon client fait l’objet d’une mesure d’isolement depuis le 13 février 2002 et ce, en l’absence de motif valable après deux mois de détention dite normale au sein de ce même établissement pénitentiaire. Il faut rappeler que Monsieur Michel GHELLAM est l’un des évadés de la centrale de Clairvaux (novembre 1992), évasion durant laquelle un surveillant a trouvé la mort. Il faut également rappeler que l’instruction judiciaire de cette affaire n’a pas permis de déterminer les circonstances exactes du décès de ce surveillant.
Force est de constater que depuis son arrestation en août 1993, la mise à l’isolement est une mesure systématique pour Monsieur Michel GHELLAM, puisque celui-ci se trouve depuis près de 10 ans emprisonné sous ce régime très dur de l’isolement. Vous n’êtes pas sans savoir qu’une mesure d’isolement est inhumaine, destructrice et procède plus du barbarisme que "d’une bonne administration de la sécurité carcérale". Les dégradations liées à l’isolement sur le physique et le psychisme de l’être humain ont été étudiées et constatées par des Médecins et Professeurs renommés. En parlant de l’isolement lors d’un colloque d’Amnesty international, Christiane VOLLAIRE, infirmière a déclaré : "L’isolement tue. A cette agression qu’est l’absence de tout, le corps répond par le dérèglement de tout. Il est travaillé par l’isolement comme il le serait par n’importe qu’elle machine à torturer. Passé au laminoir de l’isolement le prisonnier en ressort souvent diminué à vie, physiquement et mentalement". Il serait bon, je pense, Madame le Garde des Sceaux, de méditer sur les déclarations de Madame VOLLAIRE qui demeurent malheureusement toujours d’actualité. En tout état de cause, vous trouverez ci-joint copie des certificats médicaux établis par des médecins attestant de l’incompatibilité de l’état de santé de Monsieur Michel GHELLAM avec une telle mesure d’isolement. Dans ces conditions et vu l’urgence, je vous demande d’ordonner le placement de Monsieur Michel GHELLAM sous un régime de détention ordinaire ou d’envisager un rapide transfert dans un autre établissement.
Entre temps, Je vous prie d’agréer, Madame le Ministre, l’expression de ma considération distinguée.
Françoise LUNEAU
Copie : Monsieur GHELLAM pour information |