Publié le lundi 27 mars 2006 | http://prison.rezo.net/intervention-de-pierre-victor/ Convention nationale Justice des Verts 2006 C’est avec plaisir que j’ai accepté l’invitation de la commission justice des Verts, à venir parler de ce sujet (Mise en oeuvre de mesures et sanctions pénales) à cette convention nationale. Pour moi c’est loin d’être de la technique, mais je n’aurai guère le temps d’expliquer pourquoi pour le conseil de l’Europe, comme pour moi, parler de « mesures et sanctions pénales » et non de « peine », comme on le fait systématiquement en France, c’est une véritable rupture épistémologique, mais aussi politique. Au lieu de faire dans le juridisme, on commence à prendre la réalité de plain fouet. Exemple : Le Rapport Warsmann concernant en particulier la gestion des courtes peines a commis cet exploit politique d’aborder le sujet des courtes peines sans quasiment prononcer le mot « détention provisoire » (Le sujet avait déjà été traité avant...). Quand on sait un peu comment fonctionne la justice pénale, une bonne partie des courtes peines est exécutée avant d’avoir été prononcée. Cet ensemble « mesures et sanctions pénales » sur le plan scientifique est quelque chose de très compliqué : quand quelqu’un a passé 4 mois en détention provisoire (il fait l’objet d’une mesure et non d’une sanction) et qu’il est finalement condamné à 4 mois ou plus, il découvre brusquement qu’il s’est trompé, il s’agissait d’une sanction en définitive (qui sera d’ailleurs difficile a aménager puisqu’elle a déjà été exécutée en grande partie). Avec cet exemple, faire entrer dans le débat politique ce concept de « mesures et sanctions pénales » (introduit indirectement début 90 par le conseil de l’Europe) est un choix important et rencontre une résistance considérable (universitaire, scientifique et politique) sur lequel on pourrait dire énormément de choses. Certains finissent par considérer que la prison sur le plan juridique est un lieu d’exécution des peines alors qu’un tiers des détenus sont présumés innocents (en détention provisoire). Si le droit a un sens, ils n’exécutent pas une peine, ils font autres choses qui prendra un sens différent (cf Outreau) dans la suite de leur histoire. C’est en tant que militant politique que je m’adresse à vous dans cette période où il convient de limiter les débats et les diagnostiques que nous avons tous déjà faits et où il convient de prendre en urgence des décisions. Qu’est-ce que ces décisions ? Ce sont des discussions programmatiques, qui indiquent ce que l’on va faire ou tenter de faire ; je ne suis pas un grand optimiste des chances de la gauche pour la période mais cela n’empêche pas d’agir. Il y a urgence à indiquer pourquoi il est souhaitable que la gauche durable et unie s’impose. Dans cette démarche programmatique urgente, des tas de propositions émergent (et on a tendance à refaire chaque fois l’histoire de la prison) ; elles doivent se centrer autour de trois références que je voudrais faire partager au Parti Socialistes, au Parti Communistes et aux Verts : 1 - Une référence systématique aux travaux du Conseil de l’Europe : 2- La question des travaux scientifiques : 3- La société civile organisée : C’est d’abord le Collectif « Octobre 2001 » [2] créé à l’occasion du 20e anniversaire de l’abolition de la peine de mort et qui aujourd’hui rassemble18 organisations (avec des grands absents dont le PS et l’OIP, absents mystérieux de ces deux initiatives...). Le collectif n’est pas une liste de sigles mais bien de grandes organisations (associatives, syndicales, politiques) : le PC, les Verts, Le Club social démocrate « Des Maintenant en Europe », la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, l’ACAT... La deuxième initiative, plus informelle mais très porteuse, c’est l’initiative de campagne « Trop C Trop » [3] autour du numerus clausus pénitentiaire de Bernard Bolze, qui là encore rassemble nombres de forces politiques et associatives. En terme programmatique, sans rentrer dans le détail, vous pouvez retrouvez les textes que je propose mais aussi ceux de club « Des Maintenant en Europe » sur le site de la commission Justice des Verts [4],« que je salue, Laurent... ». J’aimerais trouver la même ouverture d’esprit au PS pour mettre en ligne des textes en discussion qui ne sont pas des bibles... celui de la commission justice des Verts suit et joue un rôle majeur comme d’autres dans cette discussion programmatique. Quatre points : * Code Pénal : - 1 - suppression de la peine perpétuelle. - 2 - suppression des périodes de sûreté. Dans la dernière version de la loi pénitentiaire M. Lebranchu, que j’estime beaucoup, avait modestement proposé que les périodes de sûreté ne soit plus prononcées automatiquement... c’est pas mal, mais est-ce que cela vaut le coup de voter à gauche pour que les périodes de sûreté ne soient plus automatiques ? Non, ce ne sont pas des valeurs qui nous permettent d’aller au combat électoral avec des arguments. - 3 - faire en sorte, avec volontarisme, sens et outils, que la prison ne soit plus centrale en matière pénale. Ce ne sont pas que des mots, il y a des façons simples de le faire. Il s’agit de définir toute une série d’infractions, avec des conditions particulières peut-être en terme de récidive, qui ne pourront plus être sanctionnées par la prison. Par exemple, le vol simple pour un non récidiviste ne sera plus sanctionné par l’enfermement mais par un TIG (dont je précise qu’il faudrait parler de Service d’Intérêt Général... sanctionner quelqu’un qui peine à s’insérer et à trouver du travail, par le travail, il y a là quelque chose de pervers ; les symboles c’est important). - 4 - Personnellement et avec d’autres, je pense qu’on aurait intérêt à simplifier le code pénal et pour les mineurs à créer quelque chose qui serait calqué sur une « probation à l’Anglaise ». Par exemple, pour les mineurs notamment, faire disparaître le sursis simple (qui n’a pas de sens). * LOI no 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes : * Projet de loi pénitentiaire : Surtout ne pas penser comme au PS, « la loi pénitentiaire est prête, votons là ». * Le numerus clausus : Merci. Enregistré et retranscrit par L. Leriche (2006) |