Publié le jeudi 30 mars 2006 | http://prison.rezo.net/les-voix-de-la-prison-parloir-avec/ Les voix de la prison Ce n’est pas un livre à thèse mais un "roman polyphonique" qu’a écrit Sophie Lucet. Cette maître de conférence en études théâtrales souhaitait "faire entendre les voix" de femmes dont la vie est centrée sur la prison. Certaines sont enfermées, à Caen ou à Bamako, d’autres attendent un mari ou un fils incarcéré. Sophie Lucet a longuement écouté toutes ces femmes. Parloir avec toi est composé de ces paroles entrelacées, de ces voix qui racontent l’enfermement ou l’attente, les soucis matériels, les états d’âme. On y découvre par bribes les histoire de ces femmes, jeunes ou vieilles, "indigentes" ou venues d’un milieu aisé, en prison pour vol, meurtre ou pédophilie. "On se cache, en prison" De sa voix douce, Marie raconte la prison. Quatre filles dans 10 m 2 - "quand j’allais partir, ils prenaient des mesures pour mettre un troisième lit en hauteur, pour arriver à six par cellule" -, trois douches par semaine, des détenues "shootées aux calmants" ou collées à la télévision "24 heures sur 24". Pour ça, comme pour tout le reste, il faut payer, "cantiner", dans le langage des prisons. Le plus dur, pourtant, ce n’est pas le manque de confort, c’est "l’arrachement" à la famille, surtout pour les mères. "La plus grande peine, pour une femme, c’est qu’on la prive de son enfant. Certaines deviennent folles, d’autres se suicident". "Combien de fois j’ai entendu des femmes pleurer parce qu’elles cherchaient leur mère ou leur enfant", renchérit Sophie Lucet. Derrière les barreaux, la violence existe, mais aussi la solidarité. "La prison, c’est un cocon, affirme Marie. La sortie, c’est la peur de tout. Sans soutien, on ne peut pas s’en sortir." Anne-Aël Durand Source : Métro [1] Le prénom a été changé |