Publié le mardi 29 août 2006 | http://prison.rezo.net/1994-aides-hautes-pyrenees/ Action prison en Htes Pyrénées Pierre Gassain, volontaire à AIDES Hautes Pyrénées nous parle des action menées par AIDES en milieu carcéral dans ce département. A la demande de la DDASS des Hautes-Pyrénées, AIDeS intervient régulièrement à la Maison d’arrêt de Tarbes et de façon ponctuelle à la Centrale de Lannemezan depuis 1994. La Maison d’arrêt de Tarbes est un petit établissement : 120 places en cellule de 2 au maximum où sont incarcérées des prévenus (50%) et des détenus effectuant de courtes peines ou en instance de placement en centre de détention ainsi que quelques détenus en fin de longues peines. La situation de l’établissement fait qu’il n’y a pas de problèmes de surpopulation. Au départ il était prévu que l’intervention de AIDeS se fasse en entretiens collectifs une après-midi par mois et en entretiens particuliers à la demande (au parloir avocats). Le démarrage a été difficile : les détenus volontaires étaient peu nombreux pour assister à nos permanences, malgré une information correcte et la bonne volonté du personnel de surveillance. La plupart des personnes rencontrées avaient des UCSA (Unité de Consultation et de Soins Ambulatoires) a radicalement modifié ce problème. Cette structure médicale, rattachée au Centre Hospitalier de la ville, a permis la mise en place d’un personnel médical et paramédical totalement indépendant de l’administration pénitentiaire. 1 médecin généraliste 5 matinées par semaine, 1 médecin psychiatre 1/2 journée par semaine, 3 infirmières présentes tous les jours de 9h à 18h, 2 infirmières psy, un psychologue à mi-temps, 1 kinésithérapeute intervenant à la demande. Ce personnel est sous la responsabilité d’un médecin chef hospitalier. Lors de la visite médicale d’incarcération ou lors des contacts fréquents avec les détenus ceux-ci sont informés par les infirmières ou le médecin des possibilités de rencontrer les volontaires de AIDeS sans former de groupes de paroles informels sans sujets imposés. Cette présentation des rencontres a fait que le nombre des détenus intéressés a rapidement augmenté. Des rencontres collectives sont devenus hebdomadaires et pour répondre aux souhaits des détenus des groupes ont été séparés : délinquants sexuels et autres détenus, en majorité toxicomane, pour la plupart multirécidivistes. Au départ 2 volontaires de AIDeS assuraient ces rencontres : l’une était infirmière psy travaillant dans une structure d’aide aux professionnels a facilité leur intégration et leurs relations avec le personnel de surveillance et avec les prisonniers. Que constante-t-on à la Maison d’arrêt de Tarbes concernant la prise en charge du VIH ou du VHC ? 1- Un test de dépistage VIH et VHC est systématiquement proposé à tous les entrants lors de la visite médicale initiale. Ces tests sont pratiquement toujours acceptés. Ils sont pratiqués à la Maison d’arrêt par le médecin du CDAG de Tarbes dans les conditions habituelles. 2- Durant les 8 années de présence de AIDeS, la moyenne des tests VIH positifs réalisés par le CDAG à la Maison d’arrêt est de 1 par an. 3- 80 % des détenus UDVI sont VHC plus ou moins tous les nouveaux cas décelés, tous les tests bio et les explorations complémentaires sont proposés et s’ils sont acceptés, ils sont réalisés par le service d’Hépatologie référent du Centre Hospitalier. Si nécessaire la mise en traitement est proposée. La brièveté des séjours, les mutations fréquentes sont un obstacle à un suivi régulier et à la mise en train des traitements sans compter le respect de la liberté de choix des détenus. 4- Les détenus VIH en traitement ont accès sans problème aux médicaments. Ils peuvent consulter le Service référent du centre hospitalier de Tarbes. Les hospitalisations sont rarissimes en 8 ans, il n’y a eu aucun décès lié au Sida. 5- Des préservatifs sont à disposition des détenus de façon discrète à la bibliothèque et à l’infirmerie (lors des permissions). AIDeS veille à l’approvisionnement régulier. Une enquête sur la sexualité en milieu carcéral est peu réaliste si l’ont veut privilégier la confidentialité en 8 ans : un seul cas de tentative de viol sur un détenu particulièrement fragile psychologiquement a été relevé. 6- Pour les usagers de drogues les traitements de substitution sont initiés ou poursuivis selon la volonté du détenu y compris la prise de Méthadone pour ceux qui sont inclus dans un programme à leur incarcération. Le suivi est effectué par le médecin, l’infirmier psy et le médecin psychiatre si nécessaire ou souhaité. La création récente à Tarbes d’un centre d’accueil et de soins des conduites additives aurait permis une prise en charge encore mieux adaptée. 7- La distribution des médicaments est effectuée par les infirmières, la prise des produits est faite en leur présence. Cette distribution, l’après-midi, à lieu à 17h30 avant la fermeture des cellules et l’application des conditions de détention nocturne. De ce fait la prise d’hypnotiques, d’anxiolytiques s’avère trop précoce et leur effet est décalé, ne permettant pas l’efficacité de leurs effets durant toute la nuit. 8-Le pourcentage de séropositif VIH ou VHC n’est pas plus important qu’à l’extérieur. Nombre de détenus peu important : 120 au maximum. Pas de phénomène de surpopulation : brièveté des séjours, mutation fréquentes. Je pense que la qualification, la sélection et la formation des volontaires appelés à intervenir en milieu carcéral doit être très "pointue", si l’on veut être bien perçu et accepté dans un milieu difficile par essence. C’est à ces conditions que l’on pourra être utile et efficace. Enfin, en milieu carcéral plus qu ’ailleurs, le turn-over des volontaires est un handicap grave pour la continuité et la prise au sérieux de notre action. Pierre GASSAN Il est bien entendu que cet exposé qui peut paraître optimiste ne concerne qu’une situation locale, dans une petite Maison d’Arrêt, et ne concerne que l’aspect prévention, traitement et situation épidémique VIH/sida et VHC. La situation des conditions générales de la vie dans le milieu carcéral est un tout autre problème. |