Publié le jeudi 24 août 2006 | http://prison.rezo.net/2004-survivre-contre-le-sida/ Ce texte de l’émission Maghreb-Afrique Survivre au Sida, publié le 19 mai 2004, résume l’éssentiel de notre prise de position contre la logique de criminalisation et d’enfermement. L’équipe de l’émission est constituée de personnes vivant avec le VIH - hommes et femmes, Français et Immigrés - et de proches vivant en couple avec des séropositifs. Pour la première fois en France depuis le début de l’épidémie du sida, un homme vient d’être condamné par un tribunal à Strasbourg pour « administration volontaire d’une substance nuisible ayant entraîné une infirmité permanente » [1]. Ce jugement a eu lieu en l’absence de l’intéressé et sans la présence d’un avocat. Nous savons que d’autres plaintes similaires ont été déposées un peu partout en France [2]. Contre la pénalisation, la mobilisation collective pour survivre au sida Il peut paraître compréhensible que des personnes récemment contaminées tiennent d’autres séropositifs responsables de leur contamination. Mais quelle que soit la « punition » infligée, elle ne guérira personne de l’infection à VIH. Par contre, en criminalisant la transmission du virus, elle précarisera l’ensemble des séropositifs. Responsables mais pas coupables Une condamnation pour réduire les séropositifs au silence N’est-il pas profondément injuste de faire porter uniquement à ceux qui sont déjà malades le poids de la responsabilité de la prévention, et de réduire le débat à une question de morale à sens unique ? Pour poser la question brutalement : veut-on faire payer aux séropositifs le prix de l’inconscience de séronégatifs « irresponsables » [8] ? Pénaliser, c’est terroriser et confondre ignorance et responsabilité Enfin, nous savons que ce n’est pas par la menace de l’emprisonnement qu’on mettra fin aux prises de risques sexuels, encore moins à l’injustice de l’épidémie du sida. Des séropositifs des « classes dangereuses » dans la ligne de mire En France, le gouvernement s’acharne contre les séropositifs les plus pauvres en laissant des malades du sida croupir en prison, en refusant le droit au séjour et en expulsant dans l’ombre des séropositifs, en réduisant en lambeaux la protection sociale et en supprimant l’accès aux soins pour des pans entiers de la population. S’il n’y avait pas eu de condamnation en France, cela tient à un acquis issu de l’histoire de l’épidémie chez les homosexuels blancs, articulé autour d’une double exigence de la santé publique et des droits de l’homme. La question aujourd’hui - alors que les associations classiques issues de cette époque sont affaiblies, collaborent étroitement avec la santé publique officielle, et méconnaissent la réalité sociale des séropositifs - est de savoir si ces exigences s’appliqueront avec la même rigueur aux populations qui en bavent aujourd’hui sur le front de l’épidémie. Survivre au sida Source : Survivre contre le sida [1] Strasbourg : 6 ans de prison pour avoir sciemment contaminé par le VIH ses partenaires [2] Contaminées par leur compagnon, elles lancent Femmes Positives pour les envoyer en prison [3] Lire Prise de position complète de l’Aide Suisse contre le Sida sur la criminalisation de la transmission du virus VIH [4] Lire Appel : Refus de la violence de la pandémie du sida et de la transmission du VIH aux femmes par le déni des hommes [5] Survivre au sida est l’émission de radio du Comité Maghreb-Afrique des familles pour survivre au sida. Depuis 1995, l’émission informe et donne la parole aux séropositifs issus de l’immigration et de la banlieue, et milite pour l’égalité des droits face à la maladie. Pour en savoir plus sur l’émission Survivre au sida, lire La voix des oubliés du sida (360° Magazine) [6] Écouter Le sexe avec les séronégatifs : qui est responsable ? [7] Forum des auditeurs : quand déclarer sa maladie à son partenaire ? [8] Lire et écouter Forum des auditeurs : « Séropositive, j’ai craqué, je n’ai pas mis le préservatif » [9] La condamnation de Mohammed Dica en Angleterre est exemplaire, lire Un homme africain séropositif condamné pour viol à 10 ans prison et à la Double peine |