question de : Internaute (postée le 12/06/2004 à 14h19)
> pensez vous que vous pourrez continuer votre mandat à la CRF en tant que permanent des prisons ? Si oui, comment comptez vous pouvoir différencier l’OIP de la CRF même si l’objectif est le même ; sachant, qu’une est trés bien "vue" par l’AP et l’autre malheureusement ne l’est pas ? bon courage à vous
> Depuis que je suis sorti de prison je suis rentré à l’OIP, voilà deux ans que je suis membre du conseil d’administration de l’OIP et parrallèlement j’étais salarié à la Croix-rouge française. Je n’ai jamais eu de difficulté à gérer mon engagement associatif et citoyen et mon engagement professionnel. Je trouve mon équilibre d’homme dans cette dualité. En effet, la question carcérale est éminemment politique, une question qui devrait regarder l’ensemble des citoyens. C’est à ce titre-là que je me suis engagé dans l’OIP. Mais l’action politique ne peut provoquer des changements que dans le moyen et le long terme d’où mon engagement dans l’humanitaire au travers la CRF, une action qui me permet d’intervenir dans le court terme. Ainsi, je puis répondre à l’urgence de la souffrance des personnes incarcées au même titre que toutes les personnes intervenant dans le milieu carcéral, au travers du milieu associatif et donc, lorsque j’ai terminé mon travail, de mener une action citoyenne, ce que je fais dans les rangs de l’OIP.
question de : Internaute (postée le 17/06/2004 à 11h12)
> Monsieur Mouesca bonjour, toute le monde est d’accord sur le fait que les prisons françaises sont surpeuplées... mais pourquoi n’y a t il pas plus de réflexion sur les moyens de résoudre ce problème ? Pourquoi ne parle t-on jamais de travaux d’intéret public ? Cela pourrait peut-être créer une meilleure dynamique de réinsertion ? Pourquoi ne parle t on jamais de construire de nouveaux centres ’’d’incarcération’’ spécialisés pour les trés jeunes délinquants ou les délits vraiment mineurs... je sais qu’il en existe mais trés peu. Qu’en pensez-vous et que préconisez-vous, pas seulement, pour améliorer les conditions immédiates de détention mais aussi pour la future réintégration de certains détenus ? Merci de votre réponse
> Concernant l’incarcération des mineurs, la prison n’a jamais été et ne sera jamais une solution responsable au problème posé par cette catégorie de personnes. Ce sont des mesures éducatives qui sont la réponse à apporter à la problématique "mineur". Nous devrions nous tourner vers l’exemple espagnol. A été abolie l’incarcération pour les mineurs en janvier 2001. Il a été constaté que depuis, l’Espagne n’a pas été mise à feu et à sang. Divers rapports parlementaires et autres ont mis en lumière le fait que la prison pour des mineurs signifiait la récidive quasi systématique. C’est bien donc vers des mesures éducatives et sociales que nous devons nous diriger. Concernant le problème de la surpopulation, prétendre la résoudre via la construction de nouveaux établissements est un leurre. En effet, l’Histoire nous démontre que chaque nouvelle prison construite est amenée à être rapidement l’objet de surpopulation. La seule et unique réponse à la surpopulation est de vider nos prisons des personnes qui n’ont rien à y faire. Nous avons évoqué le cas des mineurs, on peut parler des malades, des personnes âgées, des sans-papiers, des toxicomanes autant de catégories de personnes détenues pour lesquelles la réponse sociale ne peut être l’enfermement. Il faut écouter pour cela aussi le témoignage de ceux qui travaillent en milieu pénitentiaire, personnel surveillant y compris, qui au quotidien sont de plus en plus confrontés à la présence surréaliste derrière les barreaux de personnes qui à l’évidence n’ont pas leur place en prison.
question de : Internaute (postée le 17/06/2004 à 15h29)
> Je vous ai vu l’autre jour sur LCI dire qu’il fallait "libérer les prisons". Qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ?
> Etre responsable politique est avant tout être responsable et l’attitude responsable en matière carcérale revient à vider les prisons des personnes qui n’ont rien à y faire et trouver des alternatives qui ne soient pas la sanction par la privation de la liberté. Cet effort, cet esprit de responsabilité demande du temps, il faut pour cela travailler sur le moyen et le long terme. Le fait est qu’aujourd’hui, la majeure partie du personnel politique mise sur le court terme qui se mesure aux échéances électorales. Les réponses qui sont à amener aux personnes prises en faute sont des réponses médicales, sociales, éducatives "suivant les cas" qui nécessitent du temps. D’où la nécessité que le personnel politique ait le courage de miser sur les alternatives à la prison. Le refuser revient à sacrifier des générations et des pans entiers de notre société. La société est en droit d’exiger de la personne "prise en faute" une prise de conscience sur le non renouvellement de l’infraction. Force est de constater qu’aujourd’hui les conditions de détention ne permettent pas d’asseoir cette exigence. La surpopulation et tous les maux que cela engendre au quotidien entravent toute possibilité pour la personne détenue d’avoir une réflexion et un comportement attendus par la société.
question de : Internaute (postée le 21/06/2004 à 09h56)
> L’état des prisons et leurs surpopulations sont-ils des problèmes purement hexagonaux ou sont ils plus largement européens ? Ne faudrait-il pas une harmonisation transeuropéenne de la politique des prisons ?
> Ces dernières années, divers organes européens ont montré du doigt la France dans sa politique carcérale. Dernier en date, le rapport du CPT en 2003 parlant de traitements inhumains et dégradants dans les maisons d’arrêt françaises. Le gouvernement tourne le dos à l’Europe et refuse de s’aligner sur les avis et conseils avancés par ces structures transnationales. La réalité carcérale au niveau européen est diverse ; il en est de même au niveau de l’échelle des peines appliquée dans les divers Etats. La France doit absolument réviser son échelle des peines afin que certaines condamnations ne soient pas considéréres par ceux qui y sont soumis comme une vengeance sociale et non comme acte de justice.
question de : Internaute (postée le 23/06/2004 à 21h47)
> On dit que les prisons sont inssalubres, mais ce n’est pas fait pour etre des club med en meme temps, si les conditions de vie dans les prisons était connue comme étant bonne ou relativement normal, il y aurait moins de crainte de faire de la prisons et donc plus de méfait commis, il faut bien penser qu’au yeux de l’opinion public la prison doit représenter la pire des choses afin de la craindre. Non ?
> Les prisons aujourd’hui produisent les récidivistes de demain. Les chiffres sont là : 70% en moyenne des personnes passées en prison récidivent. Si l’on appliquait la logique du marché, à l’évidence, l’ensemble des directeurs de prison et le Garde des Sceaux seraient licenciés. La prison a fait preuve de sa contre-productivité. S’impose aux responsables politiques la nécessité de trouver au nom de l’intérêt de la société des réponses qui ne soient pas du tout-carcéral.
question de : BILL (postée le 25/06/2004 à 17h21)
> Bonjour, est il normal de vouloir depenser des fortunes pour les prisons alors que certaines ecoles n ont meme pas de salles de sport pour les enfants ?
> Nous sommes bien là au coeur du problème. L’Etat est prêt, directement ou indirectement, à favoriser une industrie répressive tout en sacrifiant la dimension d’éducation et de suivi social lui incombant. C’est un choix éminemment politique. Au-delà de la demande, de l’exigence d’une école ayant des moyens pour mener à bien sa mission, il nous faut exiger desdits responsables politiques d’effectuer des efforts budgétaires non pour créer de nouvelles prisons et des milliers de nouveaux postes de personnels surveillants, mais bien pour créer des écoles nouvelles, des centres sociaux, et des postes d’instituteurs, d’éducateurs, d’aides aux familles en difficulté. Il s’agit d’un choix de société.
question de : Internaute (postée le 25/06/2004 à 19h09)
> Bonjour. J’ai eu l’occasion de vous rencontrer l’année passée lors d’une journée de formation organisée par le GENEPI et votre message m’avait perticulièrement touché. Je suis actuellement à l’ENAP, et ce pour un an encore afin d’y terminer ma formation de CIP. J’aurai souhaité savoir quelles relations entretenaient l’OIP et l’AP, ainsi que votre position et celle de l’observatoire sur la loi Perben II, notamment en ce qui concerne la systématisation des aménagements de peine compte tenu des moyens humains et financiers débloqués. D’autre part, l’OIP porte-t-il un regard sur les peines alternatives à l’incarcération ainsi que sur les aménagements de peine ? Enfin, je souhaiterai connaitre votre opinion sur le PSE en tant que peine mettant au service de l’Etat les membres de la famille du placé, ceci étant approximativement mon sujet de mémoire. Merci d’avance, voici mes coordonées : el_marteau@hotmail.com
> Concernant nos relations avec l’administration pénitentiaire, elles sont évidement nulles dans la mesure où notre action vise en partie à dénoncer ses abus, ses errements. Pour ce qui est de Perben II, à l’évidence, le gouvernement ne s’est pas donné les moyens de mener à bien sa politique affichée : lutter contre les sorties sèches est effectivement un objectif responsable, le fait est que cette loi est inapplicable au regard des moyens humains et financiers qui sont aloués. Concernant les alternatives à la prison, l’OIP a attiré l’attention sur le fait que dans la pratique, certaines dites alternatives à l’incarcération se transforment en alternatives à la liberté : exemple le bracelet électronique.
question de : Internaute (postée le 26/06/2004 à 10h27)
> Que pensez vous de la répression en Corse et du traitement des détenus politiques corses ??
> L’OIP ne peut porter un regard particulier sur telle ou telle catégorie de personnes détenues. Nous exigeons de l’Etat l’application stricte des textes de loi nationaux à toutes les personnes maintenues en détention en France.
question de : Internaute (postée le 26/06/2004 à 12h19)
> Merci de transmettre à Gabi Mouesca le témoignage de mon amitié. Nous nous sommes connus par voie de presse (je suis journaliste et j’ai eu à relater quelques épisodes de sa militance, notamment lorsque je dirigeais une agence de presse depuis Bayonne). Même si je ne l’ai jamais rencontré plus que celà, j’ai toujours été reconnaissant de la qualité humaine et de l’essence dont il est porteur. Son parcours est exigeant, parce qu’il participe d’un engagement au-delà de sa cause. Il fait partie des vivants, de ceux qui donnent plus de vie encore à la vie. Félicitez-le pour ses nouvelles responsabilités. Je sais qu’il en aidera beaucoup à sortir de l’étranglement de leurs existences. Je n’ai pas de question à lui poser. Si je peux lui rendre service, mon service lui est acquis. Patrick Busquet
> Merci pour ton message, mon action présente et à venir est mue des mêmes exigences et du même souffle que ceux qui m’ont porté jusqu’à ce jour.
question de : Internaute (postée le 26/06/2004 à 20h03)
> Que pensez vous de la libération des membres du groupe terroriste Action Directe ?
> La loi s’applique à tout le monde. La loi sur la suspension de peine pour raison médicale ne peut souffrir de facteurs parasitaires d’ordre politique ou autre. Seul l’état de santé est juge en matière de demande de suspension de peine.
question de : Internaute (postée le 26/06/2004 à 20h06)
> bonjour pensez vous que la loi Kouchner doit etre améliorée ? aujourd’hui y-a-t-il beaucoup de personnes qui devraient en beneficier et qui n’en ont pas droit ?
> Effectivement, la loi Kouchner sur la suspension de peine ne bénéficie pas à la totalité des personnes détenues malades. Ceci s’explique en partie par le manque de lieux d’accueil pour ces personnes malades mais aussi par, entre autres, le manque de médecins experts, ce qui nuit à une gestion en des temps raisonnables des demandes de suspension de peine.
question de : Rico (postée le 26/06/2004 à 20h14)
> Alors finalement, les conditions de detention dans les prisons francaises sont encore pire qu’a Guantanamo ?
> Il ne sert à rien de comparaît tel ou tel système carcéral. Chaque lieu de privation de liberté génère souffrances, violences, autant d’éléments qui blessent les personnes incarcérées. Notre travail, au nom de l’intérêt du plus grand nombre, au nom d’un idéal de société civilisée, est de dénoncer tous les éléments rendant ces lieux si improductifs.
question de : Internaute (postée le 27/06/2004 à 01h38)
> Existe-t-il selon vous un traitement différent, dans le système judiciaire et pénitentiaire français, des prisoniers dits "politiques" ? Si oui, quelles en sont les manifestations - et comment définiriez vous de tels prisoniers ?
> Il y a autant de traitements différents appliqués que de personnes détenues. Il se trouve que l’administration pénitentiaire se comporte parfois au mépris des règles du droit avec toute les personnes détenues qui s’opposent d’une façon ou d’une autre à ses pratiques. Les prisonniers auxquels vous faites référence font parti des prisonniers sus-cités. L’OIP exige là encore que le droit soit respécté et que toute forme d’abus et d’atteinte à la dignité humaine soient bannis du paysage carcéral français.
question de : Internaute (postée le 27/06/2004 à 16h26)
> Bonjour et merci à l’OIP pour son travail. Ma question : dans quelle mesure (jusqu’à quel point) le devoir de réserve s’applique-t-il aux conseillers d’insertion et de probation, surtout au regard de leur éventuel engagement dans une association comme la vôtre ? Que pensez-vous concrètement des CIP ? Y’en a-t-il à l’OIP ? Sont-ils "obligés" de tenir leur engagement secret ? Merci.
> L’OIP est informée au quotidien par une myriade de citoyens provenant d’horizons sociaux, professionnels, culturels extrêment différents. Parmi ceux-là des CIP. Ceux et celles qui informent l’OIP agissent au nom d’une idée qu’ils ont de la citoyenneté et d’exigences morales qui leurs sont propres. Parce que la prison est l’affaire de tous, que ceux qui y sont incarcérés le sont au nom dela société et que cette institution vit avec nos deniers. Informer l’OIP est avant tout une action citoyenne.
question de : Internaute (postée le 27/06/2004 à 21h09)
> Pourquoi les raisons de votre emprisonnement (fusillade dans laquelle un policier est mort) n’est pas indiquée sur le site ???
> Comme je l’ai dit, lors d’une conférence de presse de présentation, les militants de l’OIP ne m’ont pas élu pour que je fasse état de mes options politiques, de mon casier judiciaire ou de ma vie privée. C’est pourquoi lors de mes interventions publiques je ne m’exprime que ce pour quoi j’ai été élu c’est à dire la prison et l’action que mène l’OIP.
question de : Zoé (postée le 29/06/2004 à 20h02)
> Êtes-vous pour l’abolition du mitard ?
> Un chiffre : on se suicide sept fois plus en prison qu’à l’extérieur. Un autre chiffre : on se suicide sept fois plus au mitard qu’en détention dite normale. Ces deux chiffres devraient suffir à exiger l’abolition d’un lieu aussi suicidogène.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 08h35)
> Le scandale de la prison d’Abbou Graïb vous a-t-il choqué, étonné ? Existe-t-il, en France, des cas de torture dans les prisons ?
> Les faits avérés qui se sont produits à la prison d’Abbou Graïb m’ont évidemment choqué mais pas étonné. Les guerres ne pouvant produire que de tels faits. Où commence le mauvais traitement ? Ou commence la torture ? Le fait est que le rapport du CPT de 2003 soulignait des traitements inhumains et dégradants dans les maisons d’arrêt françaises. La transparence de notre système carcéral permettrait d’éviter tous les abus constatés. Il y a là urgence à légiférer afin que nous créions ou que nous mettions en place des conditions favorisant la transparence dans nos prisons. C’est une exigence démocratique.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 08h35)
> Jean-marc Rouillan dit s’être fait tabassé par des gardiens cagoulés. Avez-vous déjà entendu des chsoes pareilles ?
> Malheureusement, de tels faits sont régulièrement dénoncés. Il y a de cela quelques mois, le ministère de la Justice a créé un corps de "supermatons", les fameux ERIS. Ces équipes spéciales interviennent en prison cagoulées. L’impression d’impunité aidant, les ERIS ont déjà commis un certain nombre d’actes de violence. L’OIP demande la supression des ERIS, leur mode de fonctionnement ne pouvant que générer des atteintes aux droits de l’homme en détention.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 08h36)
> Comment expliquez-vous que les journaux ou les télévisions ne parlent pas plus du scandale de la prison ? Est-ce parce que ce n’est pas "vendeur" ?
> On ne parle des prisons que lors d’événements tragiques : mutineries, suicides, etc... Il nous faut faire en sorte que la question carcérale redevienne une question sociétale. Car au-delà de l’enjeu de la mise à l’écart de plus de 60.000 personnes la prison pose la question des règles sociales régissant notre société. La prison pour qui ? POur quoi faire ? Quel sens pour la peine ?
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 08h36)
> Existe-t-il un journal, un bulletin, édité par votre association ?
> Oui, il s’agit de Dedans Dehors. POur s’y abonner (six numéros par an pour 30 euros) bulletin à renvoyer à l’OIP, section française, 31 ter rue des Lilas, 75019 Paris.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 08h37)
> N’y-a-t-il pas des problèmes plus importants que de s’attendrir sur le sort de quelques malfrats qui savaient ce qu’ils risquaient ?
> Ceux que vous appelez les malfrats sont aujourd’hui au nombre de 64.000. La prison en France est une réalité qui touche directement ou indirectement des centaines de milliers de nos concitoyens, (familles de détenus, personnels surveillants etc...). S’occuper des prisons de façon responsable reviendrait à éviter la récidive future, à éviter les victimes de demain. S’occuper des prisons aujourd’hui revient à penser à la société de demain, celle de vos enfants et de vos petits-enfants.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 09h57)
> J’ai lu un jour une interview de Thierry Lévy qui se disait pour la suppression des prisons ; N’est-ce pas un peu utopique ?
> Les grands progrès de l’humanité ont été le fruit de l’engagement d’hommes et de femmes considérés comme utopistes. Un jour viendra où la société pourra se dispenser de cet outil ultra répressif. La prison est par essence attentatoire à la dignité de la pesrsonne humaine. C’est cette réalité incontestable qui est le moteur de l’engagement des hommes et des femmes qui composent l’OIP.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 09h56)
> Combien, à votre avis, de personnes sont-elles emprisonnées indûment ? Si elles étaient libérées, les prisons seraient-elles toujours surpeuplées ?
> Le 1er janvier 2004 40% des personnes condamnées, qui représentent deux tiers des effectifs, étaient condamnées à des peines inférieures à un an. De telles peines concernent de petits délits, de petites infractions. Des délits et infractions qui devraient être l’objet de sanctions non privatives de liberté. Une personne qui a été condamnée à un mois de prison ferme pour n’avoir pas payé son ticket de transport RATP ou SNCF ne serait-elle pas mieux à faire un TIG (travail d’intérêt général) auprès d’un service RATP ou SNCF quelques semaines durant que derrière les barreaux ? L’intérêt de la personne condamnée, des organismes lésés (RATP, SNCF...) et de la société en général est bien de sanctionner cette personne via une mesure alternative à la prison. La sanction aurait ainsi un sens.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 10h08)
> Le plus intolérable dans votre expérience de la prison ?
> Ce qui est intolérable aux yeux d’une personne ne l’est pas forcément aux yeux d’une autre. Le quotidien carcéral, le fonctionnement de cette institution est générateur d’une multitude de réalités intolérables. C’est l’ensemble de ces réalités qui fait que la prison infantilise déresponsabilise, fait que la personne détenue finit par perdre les ressorts qui lui permettrait éventuellement de se réinsérer une fois la sanction effectuée. La prison produit des "handicapés sociaux".
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 11h53)
> Bonjour, pouvez-vous nous décrire la journée type d’un détenu ?
> Pratiquement dans tous les établissements, la personne détenue reste enfermée en cellule de façon permanente de 18h à 7h du matin. En maison d’arrêt, de 8h à 11h30 et de 14h à 17h30 la personne détenue peut avoir divers activités (cours scolaires, parloire, infirmerie, extraction judiciaire, etc..) la réalité contemporaine, celle de la surpopulation rend cette possibilité légale tout à fait aléatoire. Le nombre de personnes détenues croissant mais les créneaux horaires d’activité n’évoluant pas, pas plus que le nombre de personnels surveillant, il est de plus en plus diffficile aux personnes détenues de bénéficier des activités.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 11h56)
> Le gouvernement annonce la construction de nouvelles prisons. Voilà les choses avancent, que voulez-vous de plus ?
> Le Conseil de l’Europe a récemment affirmé que l’extension du parc pénitentiaire n’est pas propre à offrir une solution durable au problème du surpeuplement. Entre 1986 et 2007 les Garde des Sceaux de droite Chalandon, Méhaignerie et Perben auront construit près de 30.000 places de prison. A chaque fois, on nous a vendu ces programmes comme étant la solution à la surpopulation.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 11h54)
> Monsieur Mouesca, comment s’est passé la réinsertion pour vous ? quelles prises en charges existent pour les détenus français ?
> Maintenir les liens familiaux et sociaux me semble être la première des conditions pour parvenir à réussir sa réinsertion. La réinsertion n’est pas un problème qui se pose au sortir de la prison. La réinsertion est un sujet qui se prépare dès le prononcé de la condamnation. A l’évidence, dans le contexte actuel, l’administration pénitentiaire ne se donne pas les moyens pourtant exigés par la loi de fournir les éléments favorisant une réinsertion réussie. Reste aux associations (Secours catholique, Farapej, Croix-Rouge etc...) de répondre à l’urgence. Mais cela ne suffit pas. Le taux important de récidive dans notre pays trouve sa source entre autres choses dans la non préparation à la sortie. La faute en incombe à l’Etat.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 11h55)
> On parle d’islamisation des détenus. Avez-vous constaté un tel phénomène. Comment l’expliquez-vous ?
> Il faut signaler qu’il y a peu, la direction de Fleury Mérogis a sanctionné des personnes détenues pour avoir descendu un tapis de prière en promenade. Il s’agit d’une pratique discriminatoire. Et on peut craindre qu’une telle attitude provoquer des reactions communautaristes. Pour le reste, "l’islamisation" des personnes détenues n’est qu’une vision excessive relevant du fantasme.
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 14h29)
> Que pensez-vous du travail du Genepi ?
> Le Genepi partage avec les personnes détenues le savoir, la connaissance. Leur travail est essentiel car il permet aux personnes détenues de transformer une partie de leur temps de détention en temps utile. Le Genepi comme d’autres associations intervenant en milieu pénitentiaire concours au fait que la personne détenue ne se voit pas imposer un quotidien de "végétal".
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 16h23)
> L’OIP etant mal "vue" par l’AP pensez vous que vous pourrez faire valoir les droits des détenus plus facilement ? je pense, que connaissant le milieu pénitentiaire, il vous sera plus facile d’intervenir auprés des directeurs d’etablissements (entre autres pour la circulation de "dedans dehors" qui est souvent censuré !!!) je vous souhaite bon courage
> Les changements en milieu carcéral seront le fruit de l’engagement du plus grand nombre. L’OIP a assumé, assume et assumera totalement ses engagements. POur cela, j’appelle le plus grand nombre à aider l’OIP dans son action. Vous qui avez la possibilité d’avoir de l’information relative à ce qui se passe dans la prison de votre ville n’hésitez pas à informer des militants de l’OIP de votre ville ou à prendre contact avec l’OIP France 31 rue des LIlas, 75019 Paris, 01 44 52 87 90 ou par mail : contact@oip.org
question de : Internaute (postée le 30/06/2004 à 18h20)
> Est-il vrai que comme dans les prisons américaines, des entreprises en France utilisent comme main d’oeuvre des détenus en prison ? Si oui, est-ce que cela peut se développer à l’avenir ?
> Il y a effectivement des chefs d’entreprise qui utilisent la main d’oeuvre carcérale. Les personnes détenues travaillant en prison ne bénéficient pas de la majeure partie des garanties du droit du travail. POur la personne détenue lambda le travail est synonyme de surexploitation. Dans ces conditions, il est inutile d’espérer que ces personnes puissent voir dans le travail un levier pour la réinsertion comme le prévoit la loi. Il serait grandement temps que les syndicats français portent un regard sur l’énorme entreprise d’exploitation qu’ est le monde carcéral français. Je n’ai pu répondre à l’ensemble des questions posées par manque de temps. J’espère avoir permis à un certain nombre de lecteurs du site du Nouvel Obs de mieux connaître le travail de l’OIP. Notre association s’inscrit dans le champs des associations citoyennes utilisant le droit comme arme pour la défense des personnes détenues. N’hésitez pas à prendre contact avec l’OIP pour nous aider dans notre action. Il en va de l’intérêt de la société dans son ensemble.
Source : Nouvel Obs