Publié le dimanche 10 décembre 2006 | http://prison.rezo.net/2004-nor-juse0440025c-formation/ BULLETIN OFFICIEL DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE Circulaires de la direction de l’administration pénitentiaire Circulaire relative à la politique de formation continue des personnels de l’administration pénitentiaire AP 2004-04 RH3/27-01-2004 Administration pénitentiaire Formation continue POUR ATTRIBUTION Directeurs régionaux des services pénitentiaires - Chef de la mission des services pénitentiaires de l’outre-mer - Directeur de l’ENAP - Sous-directeurs - Chef de l’inspection des services pénitentiaires - Chef du service de la communication et des relations internationales - 27 janvier 2004 -
La formation continue, levier essentiel pour l’accomplissement des politiques pénitentiaires et la gestion des ressources humaines, constitue une activité dont la mise en oeuvre est largement déconcentrée. Elle doit cependant satisfaire aux objectifs et besoins généraux de l’administration pénitentiaire. La présente circulaire a pour objet la définition de ce cadre permanent. Elle précise : 1° Les finalités des politiques déconcentrées de formation continue ; 2° Les principes d’action pour la mise en œuvre de cette politique ; 3° Les orientations fondamentales de formation continue liées aux missions confiées à l’administration pénitentiaire. Si les plans régionaux de formation doivent s’inscrire dans le cadre des principes énoncés par cette circulaire, ceux-ci doivent être modulés en fonction des réalités et des besoins propres à chacune des régions pénitentiaires.
I. - LES FINALITES DES POLITIQUES DECONCENTREES DE FORMATION CONTINUE 1. L’accomplissement des missions et la modernisation du service public pénitentiaire La formation des personnels pénitentiaires constitue un enjeu stratégique pour l’administration pénitentiaire dans l’effort de modernisation qu’elle doit poursuivre pour mieux accomplir les missions qui lui sont imparties. 2. Un droit et une obligation partagée et réciproque entre l’administration pénitentiaire et ses personnels Conformément aux dispositions du décret n° 85-607 du 14 juin 1985 relatif à la formation professionnelle des fonctionnaires de l’Etat et de l’article D. 216 du code de procédure pénale, la formation des personnels pénitentiaires est à la fois un droit et une obligation. 3. Un moyen privilégié au service de la conduite de l’action administrative La politique de formation continue des personnels n’est pas une fin en soi. Elle constitue un moyen privilégié pour l’accomplissement des missions imparties à l’administration pénitentiaire et dans la mise en oeuvre des réformes qui lui sont fixés.
II. - LES PRINCIPES D’ACTION 1. La formation, moyen d’action privilégié pour accompagner les agents dans le déroulement de leur parcours professionnel 1° A l’égard des agents stagiaires, la formation d’adaptation à l’emploi constitue une priorité. Les chefs d’établissement et personnels d’encadrement, ainsi que tout agent titulaire se doivent de favoriser l’adaptation à l’institution et l’intégration au service des nouveaux agents afin d’aider à leur positionnement professionnel et à la maîtrise des compétences liées à leur emploi. 2° Un certain nombre de personnels ne bénéfice pas de formation à l’occasion de leur recrutement dans l’administration pénitentiaire. Il s’agit, d’une part, de personnel appartenant à des corps pour lesquels aucune formation statutaire n’est prévue et, d’autre part, d’agents recrutés par voie de détachement et de contractuels. L’intégration de ces personnels au sein de l’administration pénitentiaire à travers la réalisation d’actions de formation adaptées à leur profil est à développer. 3° Plus largement, tout agent nouvellement affecté sur un poste doit bénéficier d’un accompagnement en vue d’une adaptation à l’emploi ou à la fonction selon des modalités adaptées. Le principe du suivi de formation à la prise de poste est à développer plus particulièrement sur les aspects liés : - au niveau de responsabilité exercée et aux relations professionnelles à établir (visite des services partenaires et correspondants) ; - aux spécificités des structures d’affectation (visite de l’établissement et des locaux) ; - éventuellement, à la maîtrise de la technicité liée à la fonction exercée si elle n’a pas été acquise préalablement (greffe, service des agents, service des ressources humaines, gestion du patrimoine et des équipements...). 4° L’accompagnement des agents dans l’évolution de leur parcours professionnel se traduit par la réalisation de formations préparant aux examens et concours administratifs. Les agents doivent être incités à suivre des formations leur permettant d’enrichir leur culture générale. Celles-ci doivent être assurées de manière permanente et peuvent recourir aux méthodes d’autoformation ou d’enseignement à distance. 2. La formation, moyen d’action privilégié pour réaliser les missions de l’administration pénitentiaire 1° Favoriser l’émergence des compétences professionnelles individuelles et collectives en : - concevant des activités de formation susceptibles d’optimiser la cohésion d’équipe de travail et/ou d’accompagner les personnels affectés à des postes particulièrement difficiles ; - développant les lieux et moments d’échanges entre agents (groupes de paroles, supervisions, forums thématiques, jeux de rôles...) en vue notamment d’accroître la qualité du travail pluridisciplinaire et en équipe ; - permettant le coaching de cadres confrontés à des situations de crise ou pilotant des projets particulièrement lourds, etc. 2° Développer l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC), levier privilégié pour moderniser les pratiques professionnelles. Parallèlement à la diffusion et au développement dans les services des outils et produits qui s’y rapportent, l’appropriation de l’environnement informatique par la formation des utilisateurs doit être favorisée. Il en est ainsi plus particulièrement de la connaissance, de la maîtrise et de l’usage des applications nationales telles que GIDE, OMAP, MOUVE ou SIEC. 3° Capitaliser les savoirs de l’institution et la technicité des agents : - l’ENAP est chargée d’élaborer les documents d’information et les supports d’autoformation sur les thèmes relatifs à l’institution pénitentiaire, à ses règles et procédures de fonctionnement, aux spécificités des personnes placées sous main de justice et à leur prise en charge. Ces outils pédagogiques permettent d’harmoniser les contenus de - elle produit et diffuse, après validation par l’administration centrale, les mémentos et guides des pratiques professionnelles (gestion de la connaissance) des métiers de l’administration pénitentiaire en s’appuyant en tant que de besoin sur les services déconcentrés. Selon la même procédure, ces derniers peuvent prendre l’initiative 4° Optimiser les dispositifs de formation déconcentrés en : - favorisant les formations d’initiative locale réalisées sur site pour répondre à des projet de services ou d’établissement particuliers. Le plan régional de formation réalise la synthèse de ces projets spécifiques ; - élaborant des dispositifs d’évaluation de la formation permettant de mesurer l’adéquation entre les réponses apportées et les besoins identifiés mais aussi les effets de la formation en situation de travail, par le biais notamment des entretiens de formation (évaluation par agent) et d’évaluations plus globales (par stages, domaines, projets...) ; - développant le recours au référentiel emplois compétences en matière de formation. Cet outil permet de cerner, à partir d’un contenu d’emploi, les activités essentielles et les compétences requises pour son exercice. Il peut donc préparer une évaluation plus fine des besoins individuels et collectifs de formation et faciliter la détermination des contenus pédagogiques. 5° Situer les problématiques professionnelles de l’administration pénitentiaire dans un contexte européen en : - développant la connaissance et l’intégration dans les pratiques des principes fondamentaux et des recommandations issus de la Convention européenne des droits de l’homme et de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme ; - permettant la découverte des systèmes pénitentiaires européens et des pratiques professionnelles développées dans les différents pays de l’Union européenne via notamment l’organisation et l’exploitation pédagogique de rencontres interinstitutionnelles et internationales. 6° Assurer la promotion des formations aux langues étrangères dans le cadre de l’observation et de la communication avec les personnes placées sous main de justice. Le choix des langues étrangères est lié aux besoins propres à chaque établissement.
III. - LES ORIENTATIONS DE FORMATION CONTINUE LIEES AUX MISSIONS CONFIEES A L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE Les plans régionaux de formation continue doivent comporter de manière constante des actions de formation à caractère institutionnel en lien avec les missions du service public pénitentiaire et les fonctions d’administration générale et de gestion économique et patrimoniale. 1. Garde et insertion 1.1. La mission de garde 1° La réglementation pénitentiaire et la procédure disciplinaire applicable aux détenus sont des thèmes à développer dans les plans régionaux et locaux de formation en direction : - d’une part, des cadres (rappel des textes existants, étude de la jurisprudence, nouvelles procédures, utilisation de ces textes et procédures comme outils de gestion de la PPSMJ et outils de management du personnel) ; - d’autre part, du personnel de surveillance pour lui permettre de connaître et d’appliquer ces textes (connaissance des textes existants et nouveaux, maîtrise des procédures d’application, connaissance de l’évolution de la procédure, rédaction du compte rendu d’incident et pratique de l’enquête, intervention en commission de discipline). S’agissant des gradés, la maîtrise de l’enquête et des écrits professionnels s’y rapportant représente un objectif fort. 2° La sécurité. Les thèmes suivant sont à développer dans les plans régionaux de formation : - la maîtrise des règles de sécurité et d’intervention dans l’exercice des fonctions de surveillance (gestes professionnels et techniques d’intervention, lutte contre l’incendie et utilisation de l’appareil respiratoire individuel, secourisme) est un objectif prioritaire ; - concernant l’obligation de former les agents au tir et à l’usage des armes et de la force (circ. NOR : JUSE9840004C du 1er juillet 1998 relative à l’usage de la force et des armes dans les établissements pénitentiaires), il s’agit de rendre régulière et continue la participation des personnels de surveillance à des sessions de formation et à des exercices de tir ; - il est également important d’organiser des opérations de sensibilisation des personnels de surveillance à la lutte contre l’entrée et la circulation de drogues dans les établissements pénitentiaires ; - la pratique d’activités sportives favorisant d’une part la maîtrise de soi dans le cadre de l’exercice professionnel (self-défense, autres sports de défense, sports collectifs) et d’autre part le maintien en condition physique des personnels de surveillance sont des axes à privilégier. 3° Les fonctions de greffe. Compte tenu de leur caractère essentiel, il est nécessaire de consolider et développer les compétences techniques indispensables à l’exercice des fonctions de greffe des établissements pénitentiaires tant à l’égard des personnels que des responsables (maîtrise des procédures et des techniques du greffe pour les personnels nouvellement affectés, modification des pratiques professionnelles générée par l’implantation de GIDE, suivi des écrous et exécution de la peine). 1.2. La mission d’insertion et la prise en charge des personnes sous main de justice Il convient de poursuivre la réalisation de formations visant : 1° Au développement des compétences des agents sur les thèmes et domaines relatifs à la connaissance de l’institution et aux dispositifs liés à l’incarcération (informatisation de la détention/GIDE) et à ses principes de fonctionnement ; 2° Aux spécificités des personnes placées sous main de justice ainsi que celles du contexte de la prise en charge (mineurs incarcérés, phénomènes de violence, déviance sexuelle, troubles du comportement, cultures étrangères et droit des étrangers, vieillissement de la population incarcérée, déstructuration, indigence, nouvelles formes de criminalité, gestion des longues peines...) ; 3° A l’éducation pour la santé, à la prévention des risques sanitaires, des maladies infectieuses, des conduites addictives, stupéfiants et toxicomanies, pour l’accès à la culture, à l’enseignement et à la formation professionnelle dans le cadre d’une approche globale. Des outils méthodologiques, permettant aux agents de parfaire leur comportements professionnel en vue d’assurer une prise en charge optimale de la PPSMJ, doivent être enseignés dans le cadre de sessions spécifiques (gestion du stress et de la peur, prévention des suicides, appréhension des phénomènes de violence, prévention des conflits, techniques de communication non violente, approche psychologique du détenu, techniques d’observation, etc.). 2. Administration générale et gestion économique et patrimoniale 2.1. Management et gestion des ressources humaines Dans le cadre de la déconcentration, il s’agit de former les agents à la gestion locale des ressources humaines. 2.2. La gestion économique et patrimoniale Les personnels qui exercent des fonctions de gestion administrative et budgétaire au sein des services déconcentrés (comptable publique, économe, chef de l’unité économique et financière, contrôleur de gestion, etc.) doivent pouvoir bénéficier d’actions propres à la maîtrise des compétences liées à leurs fonctions. Ce thème, qui figure dans le programme de formation continue de l’ENAP, est à développer dans les plans régionaux de formation. Le garde des sceaux, |