Il y a peu, toutes mes nuits étaient peuplées de cette image de la liberté ; au fond de ma geôle je l’ai chérie, je l’ai souhaitée, je l’ai attendue.

J’allais revivre, me faire de nouveaux amis, peut-être, peut-être, avoir une douce amie. Aimé et être aimé. La liberté prenait des airs de fête.

« La liberté est seulement l’idée qu’on s’en fait dans nos têtes » (Bernard Werber)

Un matin, les grilles se sont ouvertes. Elle était là, elle m’attendait, les bras ouverts. Je l’ai reconnue, c’était la liberté.
J’ai humé ses parfums, empli mes yeux de ses couleurs, ses paysages. Mes oreilles vibraient à la musique, au pépiement des oiseaux, au murmure du ruisseau, au bruissement des feuilles.
Mais le temps a passé ; au fond de mon village la prison a repris ses droits ; je ferme ma porte à dix neuf heures, je l’ouvre pour partir au travail à sept heures.

Le pépiement des oiseaux, le murmure du ruisseau, le bruissement des feuilles sont devenus le cliquetis des clefs dans les grilles, le filet d’eau du lavabo, le bruissement des feuilles que le juge tourne comme autant d’années à perdre.

Un matin je réunirai quelques affaires dans un sac, je fermerai ma porte, par les chemins j’irai courir le monde, j’irai chercher la liberté et peut-être, peut-être la douce amie.

Un matin j’irai chercher la liberté.

 J.F. Dudoué
 Mars 2007