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2007 N°2 KAMO : SCO Service Carcérale Obligatoire

Publié le mercredi 15 août 2007 | http://prison.rezo.net/2007-no2-kamo-sco-service/

LE SCO

Vous avez entendu parler du SCO, le service civil obligatoire, que de droite comme de gauche, on voudrait parfois établir. Une proposition de loi a même été déposée à l’Assemblée nationale le 22 septembre 2004 relative au service civil obligatoire et mixte pour les jeunes gens de 18 à 25 ans.

Mais ce n’est pas de ce SCO dont je veux vous parler mais du service carcéral obligatoire. Il est « tendance » de s’immerger en live dans certaines situations pour s’en rendre réellement compte. Les enfants de Don Quichotte en sont une illustration récente. Il faut camper dans le froid pour trembler en phase avec le vécu des SDF. Autre expérience, l’installation d’une pseudo cellule de prison en place de Grève à Paris pour sensibiliser la « beaufitude » aux dures conditions pénitentiaires.

Mais pourquoi ne pas faire mieux et instaurer un service carcéral obligatoire. Chaque citoyen pourrait être incarcéré pendant un an par exemple et éprouverait les affres de la séparation, de l’oisiveté, de la promiscuité, de la violence, de la privation sexuelle ou de ses succédanés, des bruits nocturnes insomniants, des attentes interminables, de l’infantilisation, de l’absurde bien souvent. Tout cela structurellement dû à la volonté des citoyens et non par travers de fonctionnement des personnels pénitentiaires. Le doublement du parc pénitentiaire voulu par un certain candidat aux élections présidentielles pourrait permettre d’absorber ce surplus de participation citoyenne à la vie pénitentiaire. Ce SCO concernerait tous les citoyens, les mineurs puisque maintenant ils devraient être punis comme les majeurs, mais aussi les retraités dont la pension suspendue pendant le temps d’incarcération serait un des moyens pour résoudre le délicat problème du financement des retraites.
Toutes ces initiatives pour de nobles causes sont certes honorables mais elles signent un déficit de représentation dans nos sociétés. Il ne serait plus possible de prendre conscience d’une situation sans la vivre personnellement.
Prééminence du passage à l’acte sur l’élaboration psychique : risque certain de dangerosité.
MD.

LA PENSEE CRITIQUE EN MEDECINE

Deux professeurs de médecine, Christian Funck-Brentano et Michel Rosenheim, et le doyen de la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie viennent de signer un article dans le Monde du 9 mars 2007 intitulé : « La pensée critique en médecine, une nécessité ». De quoi s’agit-il ?

Le ministère de l’enseignement supérieur prévoyait d’inclure à partir de 2008 dans l’examen classant national (ECN) remplaçant l’ancien internat en médecine une épreuve dite de lecture critique d’articles (LCA). En février 2006, des représentants d’étudiants en médecine ont obtenu la suspension de cette épreuve. Comme le soulignent les auteurs « les études médicales ne développent pas l’intelligence critique ». En somme les études de médecine s’apparenteraient de plus en plus à une sorte de super brevet de technicien supérieur. Les psychiatres étaient le plus souvent assez fiers de leur discipline où la réflexion, l’élaboration (parfois alambiquée, il faut en convenir) primaient sur la technicité somaticienne, elle-même dominée par les examens complémentaires et la médecine d’appareil réduisant le patient à son organe malade. D’ailleurs Freud ne disait-il pas que pour être psychanalyste, il fallait s’intéresser à l’histoire, l’archéologie, l’ethnologie, les religions et tout ce qui culturellement concerne l’homme.

Le renoncement des étudiants à la lecture critique des articles scientifiques et à la littérature médicale indique qu’ils sont déjà bien formatés pour ne suivre que les formations « politiquement » correctes pour valider leurs points de formation médicale continue et l’évaluation de leurs pratiques professionnelles (EPP) et se contenter d’une médecine reposant essentiellement sur l’application de protocoles, ce qui devrait aider aux transferts de compétence entre professionnels.

Quant aux psychiatres, fiers de leur discipline où l’on pense, on peut craindre que les nouvelles générations suivent davantage le modèle du reste de la médecine avec prééminence du scientisme médicamenteux sur le travail relationnel. Ce déficit d’élaboration et les mutations que rencontre la psychiatrie contribuent à une mauvaise gestion de situations cliniques difficiles comme le rappelle le rapport des trois administrations sur la prise en charge des patients susceptibles d’être dangereux évoqués dans l’article ci-dessus sur l’injonction de soins.

Ce refus de développer une pensée critique est non seulement le « signe de l’acceptation du déclin de la responsabilité médicale » comme l’écrivent ces trois professeurs de médecine mais renvoie également au déficit des représentations évoquées à propos du « SCO ».
Kamo a la petite ambition de maintenir ce regard critique.
MD.