Le 3 juin 2000, un détenu s’était pendu dans la cellule du quartier disciplinaire du centre pénitentiaire où il avait été placé. Dans un jugement rendu fin juillet, le tribunal administratif d’Amiens a condamné l’Etat à verser 12.000 euros à la famille du détenu, un jeune homme d’une vingtaine d’années.
Placé en quartier disciplinaire, le jeune homme, après la visite obligatoire du médecin, avait menacé de « s’éclater la tête contre les murs », s’il n’obtenait pas une nouvelle visite. Devant le refus, le jeune homme s’était pendu dans sa cellule à l’aide d’un drap quelques minutes plus tard.
L’hôpital dégage sa responsabilité
Dans son jugement, le tribunal administratif reconnaît une double faute. En premier, celle de l’administration pénitentiaire qui « à l’occasion du placement au quartier disciplinaire, n’a pris aucune précaution, ni mesure de surveillance spécifique, alors qu’elle ne pouvait ignorer les nombreuses tentatives de suicide antérieures. »
Des essais que le père du détenu avait d’ailleurs signalés, ainsi « que l’état dépressif lié à ses conditions de détention. »
Sergio Salvadori, directeur général des services pénitentiaires Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Normandie, n’ayant pas eu connaissance du jugement ne peut qu’insister sur un point : « Nous développons une politique de formation pour tous nos personnels sur la prévention du suicide. Malheureusement, c’est un phénomène très imprévisible, avec des variations énormes. Mais c’est vraiment un domaine, cette prévention du suicide, où il y a une mobilisation. »
Par contre, le coauteur désigné par le tribunal administratif est bien plus informé : l’hôpital de Laon. « J’ai reçu le jugement ce mois-ci » explique Geneviève Karimet, la nouvelle directrice de l’hôpital. Car dans les attendus du jugement, le tribunal administratif pointe l’action du médecin qui a examiné le détenu avant son placement au quartier disciplinaire : « une consultation succincte du dossier médical avant de donner l’avis favorable à son placement. » Selon le tribunal administratif, le docteur n’aurait ensuite prescrit que des somnifères et des calmants.
« J’ai étudié le dossier, et selon moi, tout a été réalisé dans les normes de la part de notre médecin, explique Geneviève Karimet, « Tout ce qui devait être fait, l’a été. Ce qui m’incite à dégager toute responsabilité de l’hôpital. D’ailleurs, je me réserve le droit de faire appel auprès de la cour administrative d’appel de Douai. »
La ligue des droits de l’homme ainsi que l’observatoire international des prisons avaient attiré l’attention sur plusieurs suicides survenus ces dernières années à Laon. Mais c’était la famille du détenu qui avait porté plainte. A noter qu’actuellement, une enquête est en cours sur la mort par « surdose médicamenteuse » d’un jeune Laonnois, décédé le lendemain de son arrivée à la prison d’Amiens.
Stéphane Massé
Source : L’union