Républivain lorrain du 1er mars http://www2.republicain-lorrain.fr/...
FAITS DIVERS/centre de détention d’oermingen Suicide d’un détenu et deux surveillants agressés Le centre de détention d’OErmingen aura connu un mois de février mouvementé. En quinze jours, deux agressions contre des surveillants et un suicide ont troublé la quiétude habituelle de l’établissement. > Le centre de détention d’OErmingen n’a pas mauvaise réputation. Cadre rural, ouverture vers l’extérieur et absence de surpopulation carcérale font de cet établissement réservé aux longues peines une prison unanimement considérée comme modèle. Le centre vient pourtant de connaître un mois de février difficile, avec deux agressions de surveillants et le suicide d’un détenu. "Il s’agit de trois incidents qui n’ont rien à voir les uns avec les autres>, prévient d’emblée la directrice, Sophie Bleuet. Le premier incident est survenu le 15 février, quand un détenu s’en est violemment pris à un surveillant. Pour un motif futile, souhaitant qu’il lui remette son paquet de cigarettes. En réalité, le détenu aurait été pris d’un accès de démence. "Ce fut une crise complètement imprévisible et très violente>, note Sophie Bleuet. En lui assénant plusieurs coups de poing, le détenu a causé au surveillant des blessures au visage et au crâne.
Suicide par pendaison
Après une interruption totale de travail de 5 jours, le fonctionnaire n’a toujours pas repris le travail. "Notre collègue reste très marqué par cette agression, tant physiquement que psychologiquement>, indique Christian Fischer, délégué régional CGT. Quant à l’agresseur, il a été reconnu pénalement irresponsable par le Tribunal de Saverne et transféré au Centre hospitalier spécialisé de Brumath. "À l’image de ce détenu, il y a en prison des gens qui n’ont rien à y faire et devraient être placés en hôpital psychiatrique>, regrette Christian Fischer, en reprenant les conclusions d’un récent colloque national à Nancy.
Vendredi dernier, la série noire continue : les surveillants découvrent un détenu, un père de famille d’origine turque âgé de 47 ans, pendu dans sa cellule.
L’homme avait déjà tenté d’attenter à ses jours il y a un peu plus d’un an, mais un surveillant était intervenu à temps. Il bénéficiait pourtant d’une surveillance spéciale. En pure perte. "Il est difficile d’empêcher une personne déterminée de passer à l’acte. Ce suicide ne remet pas en cause le fonctionnement de l’établissement>, remarque Sophie Bleuet. "Ce détenu n’était pas abandonné dans son coin, loin de là. Tout le monde a fait son travail, mais on ne peut pas mettre un surveillant derrière chaque porte>, ajoute Denis Gotti, délégué régional FO. L’homme n’ayant laissé ni lettre, ni justification derrière lui, les raisons de son suicide restent obscures. Son emprisonnement prenait fin en décembre, mais il avait aussi été condamné à une peine d’interdiction du territoire. Le décès accidentel de son fils, survenu récemment, l’aurait peut-être poussé à mettre fin à ses jours. Alcool "fait maison" Enfin, la deuxième agression est survenue samedi soir lorsque deux détenus s’en sont pris à un surveillant lors de la distribution des repas. Sous l’emprise de l’alcool, puisque les prisonniers étaient visiblement en état d’ébriété. Si l’alcool est interdit en prison, des détenus parviennent à en produire de façon artisanale, en laissant fermenter un mélange de jus de fruit, de mie de pain et de sucre. "Ils étaient tellement ivres qu’ils ne se sont pas rendus compte de ce qu’ils faisaient>, note Sophie Bleuet. Un surveillant aurait reçu des coups au visage et dans les côtes, et un deuxième, venu à son secours, aurait été blessé au pouce. Les surveillants, aidés -c’est assez rare pour être souligné-, par des détenus, ont finalement réussi à maîtriser les deux agresseurs. Ces derniers devront répondre de leurs actes devant la justice, une enquête de gendarmerie est en cours. Du côté syndical, on remarque que cette agression aurait pu être évitée. "Cela aurait pu arriver n’importe où. Le manque de moyens humains est un problème qui concerne tout le système pénitentiaire français. À Oermingen, il n’y a qu’un surveillant par étage d’une cinquantaine de détenus : c’est insuffisant>, avance Christian Fischer. Cela pourrait s’aggraver : "Le centre de détention est appelé à s’agrandir. Des travaux devraient être lancés prochainement, qui y ajouteraient 130 places supplémentaires. Or, il n’y a que 10 créations de postes de surveillants prévues. On va au-devant de nouveaux problèmes", conclut Denis Gotti.