Pour sortir de ses multiples enfermements, un homme entre dans une prison française, rencontre une centaine de détenus, recueille des écrits et des envies d’écrire, stimule et accompagne plus d’une dizaine d’écritures - de projets de « livres d’une vie », et s’attelle à sa propre mutation d’écrivain, autrement seul...
Cet abri-livre est ainsi un "ensemble de témoignages, de cris, d’efforts, d’esquisses, d’essais, de constructions patientes, de jets fulgurants, de langues détruites, reconstruites, bredouillées, affirmées... un ensemble soumis à une expérience d’écoute", à une expérience de l’autre. Si, aujourd’hui, la prison tend à devenir le modèle réduit - et violent - de toute la société qui la produit, voilà une expérience poétique concrète qui tente de s’en échapper, en s’aidant de Walt Whitman, d’Armand Gatti, de Peter Handke et de quelques autres... Ce livre reconstruit à sa façon une fonction poétique dans les diverses fonctions sociales qu’elle traverse. Par son accessibilité et son exigence, il se présente comme une franche alternative à "l’auto-télé-réalité" qui enferme, exploite et défigure sans vergogne les corps, les consciences et les relations sociales.
Ecrivain, animateur d’ateliers d’écriture, maître de conférence associé dans un département de sociologie (Université de Rouen), Philippe Ripoll rassemble ici ses identités passées et présentes (théâtrale, culturelle, littéraire, universitaire) en les soumettant à l’épreuve - à "l’altération" - poétique de la coexistence : vaste chantier de "co-écriture" dont un abri-livre se veut l’ouverture.