Est-ce le jour ou la nuit,
l’hiver ou l’été ?
Je ne sais pas, je ne sais plus.
Je ne me souviens que d’une chose.
Cette fois-là, la terre a tremblé,
c’était l’enfer.
Cette fois un trou béant m’a englouti.
Ici, je sais, c’est la nuit,
c’est l’hiver.
La terre ne tremble plus.
Le trou s’est refermé.
Ce n’est pas le paradis.
De la surface j’ai disparu.
Nombreux sont venus pendant quelque temps.
Le temps du souvenir.
Ayant disparu de la surface
Il fallait disparaître des mémoires.
C’est chose faite.
Descendu ici, je ne sais plus.
Alors que là-haut les souvenirs passent.
Ici, je m’y attache, pourtant,
je le sens, ils s’effacent.
Depuis le temps.
Il me reste des amis, quelque rare fidèle.
Ma pierre sonne encore de leur gentille affection ;
c’est l’amour fraternel,
c’est celui des parents.
C’est dans leur coeur, dans leur souvenir ; g
râce à eux sans nul doute
j’existe encore !
Ai-je disparu à jamais ?
je ne sais pas, je ne sais plus.
est-ce un rêve, un cauchemar,
suis-je vivant ou mort ?
Je me prends à rêver au fond
de mon caveau.
Plus de nuit, plus d’hiver.
Il fera jour, ce sera l’été.
J’en suis sûr, c’est pour bientôt.
Mais il fait si froid encore !
Jean-François Dudoué
Mai 2003