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Un menottage systématique pendant les consultations médicales

Mise en ligne : 12 décembre 2006

Texte de l'article :

Un menottage systématique

L’Observatoire international des prisons (OIP), qui avait saisi le Comité d’éthique sur les problèmes de menottage pendant les consultations, cite deux cas récents.
 
 Michel C., maison d’arrêt de Fresnes
Obèse, diabétique, hypertendu, équipé d’un appareil qui l’aide à respirer, Michel C. n’est pas le genre d’individu qui risque de partir en courant pour fausser compagnie à ses surveillants. Un certificat médical établi par l’hôpital pénitentiaire de Fresnes indique qu’il a besoin de bilans répétés et spécialisés. Et que, « du fait de ses pathologies, le patient peut présenter des complications aiguës mettant en jeu le pronostic vital ». En octobre, il doit effectuer les 150 mètres qui séparent la maison d’arrêt de l’hôpital de Fresnes pour deux consultations, l’une en dermatologie, l’autre en cardiologie. Ce trajet s’effectue toujours en fourgon et sous escorte. Les surveillants ont tendance à pratiquer le menottage systématique, même si une circulaire leur demande de moduler les mesures de sécurité en fonction des risques d’évasion, sur une échelle allant de un à trois. Dans son rapport de 2005, le médecin de l’unité de soins de la maison d’arrêt de Fresnes déplore cet usage systématique d’entraves. Le jour des consultations, Michel C. signale que son certificat médical interdit le port d’entraves en raison de risques de phlébite. Les surveillants refusent alors de l’emmener. Les consultations sont annulées. « Depuis que nous avons signalé cette situation, ça s’est arrangé... jusqu’à la prochaine fois » , signale un membre de l’OIP.

Michel G., centrale de Lannemezan
C’est un détenu particulièrement surveillé (DPS) en raison de ses tentatives d’évasion, dont une, sanglante, en 1992. En octobre, il a dû subir un examen neurologique à l’hôpital de Toulouse. Dans le cabinet du médecin, il y avait trois surveillants plus un nombre indéterminé de gendarmes pendant toute la durée de l’examen, rapporte l’OIP. Selon Michel G., les gendarmes étaient cinq. Selon la direction de la gendarmerie, ils n’étaient « que » deux pendant l’intégralité de la consultation, les autres assurant une garde périphérique (fenêtre, couloir...). D’autre part, le détenu est resté menotté. « Dans de telles conditions, toute confidentialité est impossible, relève un membre de l’OIP, mais les médecins ne réagissent pas tous de la même façon. »

Par Jacqueline COIGNARD
Source : Libération