UNE JOURNÉE ORDINAIRE
pour beaucoup ...
Réflexion
Depuis des mois, pour ne pas dire des années, des parents, des associations, des intellectuels, des psychologues et autres pédopsychologues, etc., se plaisent à nous informer, à nous obliger à réfléchir, à nous contraindre à surveiller nos enfants, car, nous dit-on, le paysage audiovisuel ne montre que des programmes pornographiques et/ou des démonstrations de violence. C’est de ces dernières que je veux vous entretenir.
Aujourd’hui, 20 mars 2003, il est sept heures lorsque j’ouvre, j’allume ma lucarne sur le monde.
Aujourd’hui, 20 mars 2003, je ne vois pas, je n’entends pas de parents, d’associations, d’intellectuels, de psychologues et de pédopsychologues, etc.
Aujourd’hui, 20 mars 2003, il est sept heures : en Irak, on a commencé à tuer des enfants, des femmes, des hommes.
Aujourd’hui, 20 mars 2003, c’est mon quarante-septième anniversaire. Je viens de comprendre.
Aujourd’hui la violence est réelle, et non virtuelle, elle ne s’adresse pas aux enfants mais aux parents, mais les enfants peuvent aussi regarder : normal : il n’y a pas d’index en bas à droite de l’écran.
Aujourd’hui, que l’on soit pour ou contre, les femmes, les hommes ont une préoccupation, un autre centre d’intérêt ... Alors ... les enfants ... On reprendra ce sujet plus tard !!!
Aujourd’hui, 20 mars 2003, on tue pour de vrai.
Regardez les enfants ! ces parents, ces maîtres, tous ces adultes qui savent, eux, ce qui est bon pour vous. Regardez, ce sont eux ... A la télé.
Écoutez-les vous dire : "c’est différent", pour ceux qui sont pour, ou vous expliquer combien la guerre ce n’est pas beau, pour ceux qui sont contre.
Voyez-les dans l’accomplissement de leur violence active ou passive.
Ce 20 mars 2003, c’était un jour, pour beaucoup, comme les autres, seulement la veille du printemps, renaissance pour la nature.
C’est un jour anniversaire pour moi, l’anniversaire d’un jour que je n’ai pas choisi de voir. Un jour, une vie, une planète que je me serais bien passé de connaître.
Nous sommes le 20 mars 2003, toutes les minutes des enfants naissent, des êtres meurent. C’est rarement par choix mais c’est comme cela la vie.
Alors, comme on ne peut pas choisir, on peut s’intéresser. On peut s’interroger. Ces parents, ces associations, ces intellectuels, ces psychologues et pédopsychologues, etc. ... préfèrent-ils la mort réelle à celle virtuelle ?
Aujourd’hui, 20 mars 2003, j’aurais bien voulu offrir à George W.Bush une Game Boy, une Sega ou autre playstation.
Jean-François DUDOUÉ