vendredi, 12 décembre 2003
L’œillet bascule, j’ouvre un œil.
« Bonjour Monsieur Soz, à la douche. »
Je suis épuisé. Je n’ai pas envie de me lever mais cependant, j’aime cette sensation de réveil. En prison, la moindre sensation que l’on a déjà connu en liberté est agréable. On la savoure qu’elle soit agréable ou pas, à partir du moment où on l’a ressenti dehors.
Je m’assied sur mon lit et repense à ce rêve que j’ai fait cette nuit :
J’étais à mon ancien travail, un petit job de week end en cuisine d’un restaurant, qui me permettait de payer l’essence de mon scooter et d’économiser un peu. Là, un de mes collègues, bien plus agé que moi, me provoquait constament. On ne s’est jamais aimé. Mais aujourd’hui c’était pire, il m’avait dénoncé au patron du restaurant en expliquant que je volais, certains soirs, du champagne. Et moi, dans ce rêve, pour contre-attaquer, j’avais dis au patron que justement, c’était lui qui volait du champagne et qu’il avait préféré me dénoncer pour éviter que je le fasse avant. Malin. Mais mon collègue n’a guère apprécié, et tout le long de mon rêve, il me menace en m’expliquant qu’il allait m’envoyer à l’hopital ce soir puis violer ma petite sœur ( qu’il avait déjà vu ). Je pense que c’était la parole de trop. Dans ce rêve, voyant que je m’aprétais à attaquer, il m’a sauté dessus et mis un coup de poing. J’ai attrapé un couteau qui traînait sur un plan de travail et je l’ai planté en m’efforcant de ne lui toucher ni le ventre, ni la tête. Puis je suis partis en courant en direction de ma maison. Les autres collègues me dévisageant, horrifiés.
Ce rêve, c’est exactement ce qu’il s’est passé dans la réalité, et la raison pour laquelle je suis là..
Avec le recul, j’arrive à revoir la scène. Je la revois au ralenti. Neuf coups de couteau.
Sensation désagréable dans le ventre.
Il ne faut plus que je me souvienne. Je me lève, prends ma serviette et attends devant ma porte que le surveillant vienne rouvrir ma porte pour que je puisse prendre ma douche au calcaire. Il fait trop froid, ici.