L’univers carcéral n’arrête pas de faire parler de lui. Prisons surchargées, conditions de détention dégradantes, surveillants à bout de nerfs… Face à ce marasme, le slameur Verbal prend la plume pour dénoncer à la pointe de ses mots, un malaise récurrent. - See more at : http://www.lecourrierdelatlas.com/5...
Avec 68.569 prisonniers au 1 er juillet pour seulement 57.235 places disponibles, la France détient là un triste record. La condamnation par la Cour européenne des droits de l’homme pour ‘traitement dégradant’ en avril dernier n’a pas modifié la donne. Les manifestations des surveillants de prisons non plus.
Face à l’échec de la politique carcérale hexagonale, Verbal, artiste slameur de Mantes la Jolie, a choisi de prendre sa plume. Son spectacle P.R.I.S.O.N.S, joué au collectif 12 de Mantes la Jolie, est une plongée haletante au cœur de l’univers carcéral.
Comme un détenu cramponné à son espoir de liberté
Poète, Verbal connaît la prison. Il l’a fréquentée. Du bon côté des barreaux. Mais il n’en pas vu que du beau. Il a vu autour de lui des mamans, des sœurs, des épouses, multiplier les allers retours pour passer quelques minutes avec l’être aimé. Ces pestiférés, ceux qu’on pointe du doigt sans connaître le pourquoi.
Seul sur scène, Verbal nous emmène dans son monde. Dans sa prison. Celle des détenu(e)s. Celle des surveillants pénitentiaires. Celle des espoirs déçus.
De prisonnier à surveillant, Verbal slam, chante, rap. D’un décor minimaliste il se construit un univers. Une plongée enivrante dans l’ordinaire d’un centre pénitentiaire. Cellule, barreau, garrot. Mitard, solitude, promiscuité. Personne n’est oubliée. Personne n’est épargnée.
Tel un funambule, Verbal déclame ses mots sur un fil invisible. On craint qu’il ne bascule, mais tout est calculé, ciselé. Epuisé, il continue. Comme un détenu cramponné à son espoir de liberté.
Soudain la scène disparaît. Ne reste plus que les cellules, les couloirs, les parloirs, témoins d’une oppression quotidienne, de sentiments refoulés, d’une solitude ignorée.
Envoutant, P.R.I.S.O.N.S dénonce les dérives d’un système au bord de l’asphyxie. Un système qui a empilé sans penser au lendemain. La réinsertion, oubliée, pliée et laissée sur le bas côté.
Verbal se mue en miroir. Celui qu’on préfère ranger au placard. Un souffle de vérité au milieu d’un océan d’absurdités.
Loin des artistes formatés, Verbal détonne. Son P.R.I.S.O.N.S étonne autant qu’il questionne. Enfin un spectacle qui ne suit pas la norme. Trop réaliste pour franchir le périph ? Ce serait une injustice.
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