La rédaction [de Yagg] a reçu un courrier de « Francis/Florence Magerand » s’exprimant « à titre personnel et au nom du Collectif confédéral CGT de lutte contre l’homophobie pour l’égalité et la non-discrimination des lesbiennes, gays, bi, et trans’ » :
« La vocation de mon courrier n’est pas de nier les difficultés de vie quotidienne de Chloë et de son compagnon en détention, l’univers carcéral n’est pas connu pour être de ceux où s’affirmer en tant que personne homosexuelle et transsexuelle est source de bienveillance à son égard… Chacun peut en mesurer les dangers qui sont évidents et immenses à tous points de vue, une condamnation à une peine de prison ne doit pas se transformer en peine de mort !
Mon propos concerne l’organisation syndicale dont je suis adhérente et militante, la CGT, qui est mise en cause et présentée comme transophobe. Hors il se trouve que je suis l’un des membres du Collectif confédéral CGT de lutte contre l’homophobie pour l’égalité et la non-discrimination des lesbiennes, gays, bi et trans’ (LGBT).
C’est à ce titre que je vous adresse ce droit de réponse que je vous serai reconnaissante de bien vouloir publier, car si une faute a bien été commise par le camarade qui a rédigé ce tract, l’intention première n’était pas la transphobie qui est effective dans le passage qui concerne la personne détenue citée, c’est l’ensemble des difficultés de travail des personnels qui étaient dénoncées, ce document doit être remis dans son contexte et pris en lecture dans sa globalité.
Les sujets liés à la transidentité sont source d’incompréhensions et de réactions qui sont de la transphobie primaire, mais comme j’ai eu l’occasion de le dire personnellement de vive voix au téléphone à la Présidente de l’association Trans-Europe, si l’on doit traduire en justice et mettre au supplice en place publique toutes les personnes qui ne mesurent pas les blessures qu’elles causent et le manque de discernement de leur comportement envers autrui au seul motif qu’il ne leur est pas semblable, les places publiques du monde entier n’y suffiront pas ! La lecture des lignes en question dans ce tract ont immédiatement provoqué mes plus vives réactions et ma colère, je l’ai transmis sans délai aux responsables de notre Collectif, leur réaction a été semblable et dans la continuité de cette chaîne le document a été porté à la connaissance de la Secrétaire générale de la CGT Pénitentiaire. Sa condamnation a été des plus vives et le communiqué qui présentait les excuses de la Fédération a été rédigé sur l’instant, les responsables régionaux de la CGT Pénitentiaire ont été saisis et la section du centre pénitencier de Caen rappelée aux valeurs humanistes qui sont celles de notre organisation syndicale et qui sont à l’opposé totale de telles attitudes.
Comme vous l’indiquez, le camarade à l’origine de ces lignes à lui-même présenté ses excuses par écrit à Chloë dans une lettre adressée à la direction de l’établissement. Je peux comprendre que pour Chloë en premier lieu et pour l’association Trans-Europe tout ceci soit insuffisant et il est de leur droit le plus absolu d’entamer une action en justice contre celui qui a rédigé les lignes en question et à travers lui contre la CGT au nom de qui il s’exprimait individuellement en faisant part de ses conditions de travail compliquées dans ce tract, dans le seul objectif de mettre en face de ses responsabilités la direction du centre de Caen.
La situation des personnes transidentitaires qui sont incarcérées et placées sous la surveillance et l’autorité de l’administration pénitentiaire est un dossier qui demanderait un travail important et sérieux de la part de tous, que ce soit pour la formation et la sensibilisation des personnels, pour le suivi médical et pour assurer la sécurité de celles et ceux qui sont gravement menacé-e-s, victimes de brimades et de violences multiples dans les prisons !
Sur ce point, je dois vous informer que lors des deux entretiens téléphoniques que j’ai eu avec Brigitte Goldberg, présidente de Trans-Europe, à qui j’ai directement adressé par courriel les excuses de l’Union de la CGT Pénitentiaire, je lui ai proposé de rencontrer les camarades de l’UGSP-CGT qui travaillent dans ce secteur pour aborder ces questions ensemble et élaborer des actions qui permettent une prise de conscience éclairée de ce qu’est la transidentité pour ceux qui la vivent.
La CGT n’est pas une organisation syndicale qui ignore tout de la transidentité et des personnes transidentitaires, en son sein elles sont présentes et représentées. Ce sont des adhérents et des militants parmi et comme les autres, je peux vous le dire et en témoigner.
Si je m’exprime à titre personnel d’abord et au nom du Collectif ensuite, auprès de vous pour réagir sur ces articles publiés sur Yagg, c’est que je suis moi-même une personne transgenre, je ne minimise certainement pas l’impact des écrits et je partage la blessure infligée à Chloë et à toutes mes consœurs, je lui présente toutes mes excuses de militante CGT transidentitaire que je joins à celles de mon organisation syndicale.
Pour autant, ma politique n’est pas de demander la « tête » de tous ceux qui me blessent par ignorance, comme c’est involontairement le cas de mon camarade de Caen, je préfère la pédagogie et l’éducation par l’exemple à la sanction « disciplinaire » tout aussi brutale et maladroite que les lignes de ce tract que je prends comme m’étant adressé également au même titre qu’à Chloë ».
Source : http://yagg.com/2011/04/16/homophobie-en-prison-lappel-au-secours-dun-detenu-du-centre-penitentiaire-de-caen/