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1 Rappel de la problématique et des objectifs

Mise en ligne : 12 novembre 2004

Texte de l'article :

1.1. État des connaissances et problématique

La population des usagers de drogues (UD) est extrêmement hétérogène. Bien que les recherches sur la typologie et le parcours des UD soient peu nombreuses, il est généralement reconnu que leurs caractéristiques socio-démographiques varient en fonction des produits utilisés et des modalités d’utilisation. En outre, certains produits peuvent induire une modification des parcours et des caractéristiques.
Environ 40 à 50 % des usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI) auraient vécu au moins un épisode d’incarcération au cours de la vie (Cavailler, 1997). Les études conduites par l’ORS PACA dans le cadre du réseau européen sur les prisons auprès d’UDVI incarcérés ont montré que 60 % d’entre eux avaient déjà été incarcérés (Rotily, 1994).
Le Haut Comité de la Santé Publique évaluait, en 1993, la proportion de détenus concernés par la toxicomanie à 15 % à 20 % (Haut Comité de la Santé Publique, 1993).
Pour certains UD en situation d’exclusion, l’emprisonnement peut constituer une « opportunité » de prise en charge médicale (dépistage, vaccination, programme de prévention, contact avec un psychiatre ou un intervenant en toxicomanie) et sociale (inscription à la Sécurité Sociale, contact avec une assistante sociale). À l’inverse, il peut aussi accroître la vulnérabilité sociale et médicale des UD.
Peu d’études ont été publiées concernant les problèmes sociaux et médicaux rencontrés à la sortie de prison et encore moins l’évaluation de programmes de préparation. Ce type de programme est peu développé à notre connaissance dans la plupart des pays, à de rares exceptions près (Gray,1992 ; Inciardi, 1996). Une étude d’intervention randomisée, réalisée chez des UDVI de sexe féminin, a montré que la prise de risque d’infection à VIH était moins fréquente chez les détenues ayant bénéficié d’interventions répétées, basées sur l’élaboration de compétences et l’aide sociale (Schilling,1994 ; Vigilante,1997).
Quelques travaux ont porté sur la mortalité durant la période suivant la libération (Jones, 1994 ; Seaman, 1998). Ils ont montré un taux élevé de mortalité (hors Sida) chez les UDVI (10 %), notamment par overdose (8 %) pendant les 15 jours suivant la libération.

1.2. Objectifs de l’étude de mortalité des sortants de prison
Une étude a été effectuée en 2001 sur la mortalité des sortants de prison. Ses objectifs initiaux étaient les suivants :
- Estimer le taux de mortalité des détenus dans l’année suivant leur sortie de prison et le comparer à celui d’une population de référence (population générale française) ;
- Identifier et quantifier les facteurs de risques associés aux décès, notamment la dépendance à l’égard de substances licites ou illicites, le statut virologique vis-à-vis du VIH et des hépatites B et C, la durée de l’incarcération ;
- Identifier les facteurs protecteurs vis-à-vis des décès après la libération : contact avec le service social, le psychologue, l’éducateur, le médecin, réalisation d’un stage de préparation à la sortie (Quartiers intermédiaires sortants [QIS]).
Seul le premier objectif a pu être complètement réalisé pour des raisons qui sont expliquées et discutées dans ce rapport.