« Je vis dans un pays... »
Je vis dans un pays où dans les prisons règne l’arbitraire servant à humilier et à soumettre l’individu.
Je vis dans un pays où les prisons sont « une honte pour la république » c’est ce que disent nos Elus.
Je vis dans un pays où en prison on peut vivre à quatre ou cinq par cellule pour une seule cuvette de toilette.
Je vis dans un pays où le placement à l’isolement peu durer des années, ce sont les nouvelles oubliettes.
Ce pays c’est la France.
Terre d’espérance et de tolérance.
Mais dans ses prisons ne règne que déchéances,
Souffrances et violences...
Je vis dans un pays où les miradors peuvent tirer dans le dos d’un homme désarmé.
Je vis dans un pays où je n’ai plus le droit à l’expressions, où mes courriers sont lu, où mes conversations sont écoutées.
Je vis dans un pays où ma vie est sous surveillance constante et où je n’ai droit à aucune vie intime.
Je vis dans un pays où l’on me refuse le droit d’avoir une vie affective et sexuelle avec ma concubine.
Ce pays c’est la France.
Terre d’espérance et de tolérance.
Mais dans ses prisons ne règne que déchéances,
Souffrances et violences...
Je vis dans un pays où des femmes peuvent accoucher menottées.
Je vis dans un pays ou lorsque je suis emmené à l’hôpital je suis entravé et menotté et où le secret médical n’est pas respecté par la présence de policiers.
Je vis dans un pays où au lieu de soigner les malades mentaux on préfère les jeter en prison.
Je vis dans un pays où l’on me refuse la suspension de peine lorsque que je suis atteint d’une maladie létale, nouveau système d’élimination.
Ce pays c’est la France.
Terre d’espérance et de tolérance.
Mais dans ses prisons ne règne que déchéances,
Souffrances et violences...
Je vis dans un pays où on laisse les malades et les vieux mourir en cage, ou l’on attend que la phase terminale pour daigner les libérer.
Je vis dans un pays où je ne peux être soigné convenablement parce que la sécurité est prioritaire sur la santé.
Je vis dans un pays où les prisonniers sont exploités pour des salaires de misère.
Je vis dans un pays où en prison être solidaire avec ces frères est synonyme de transfert.
Ce pays c’est la France.
Terre d’espérance et de tolérance.
Mais dans ses prisons ne règne que déchéances,
Souffrances et violences...
Je vis dans un pays où, pour l’opinion public, l’animal domestique à plus d’importance que la vie d’un détenu.
Je vis dans un pays où lors de fouille à nu je suis, par la force, obligé de m’accroupir et de tousser, comble de l’humiliation absolu.
Je vis dans un pays où des hommes cagoulés peuvent, lors de transferts, venir m’enlever, me bâillonner, m’attacher et m’emmener dans un lieu inconnu sans prévenir ma famille.
Je vis dans un pays où les longues peines sont emmurées vivants au fin fond de « centrales tombeaux » où tout espoir s’éparpille, où plus jamais le soleil ne brille.
Ce pays c’est la France.
Terre d’espérance et de tolérance.
Mais dans ses prisons ne règne que déchéances,
Souffrances et violences...
Je vis dans un pays où la population pénale a un taux de suicide 7 fois supérieur à la moyenne nationale.
Je vis dans un pays où le taux de mortalité dans les prisons ne permet pas de dire que la peine de mort est abolie, la vie carcérale nous est fatale.
Je vis dans un pays où la prison tue aussi certainement qu’elle emprisonne voilà nos véritables peines
Je vis dans un pays où dans les prisons règne en maître la dictature du tout sécuritaire, où ne résonne que le bruit des chaînes, que l’écho de la haine...
Ce Pays c’est la France, terre d’espérance et de tolérance, patrie des droits de l’homme.
Pourtant il y demeure encore des Bastilles où vivent des prisonniers à qui nul ne pardonne.
Ouvres les yeux sur cette négation des droits les plus fondamentaux avant que la mémoire ne devienne lisse.
Car, saches-le, même à cinq par cellule, il restera toujours une place pour ton fils....
Laurent JACQUA