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Date : 23-04-2006

(2006) Blog 07 « Sous les pavés, la cage... »

Mise en ligne : 28 avril 2006

Dernière modification : 11 juillet 2006

Texte de l'article :

’’Sous les pavés, la cage...’’

Ils ont commencés en 2002 par la fermeture des portes de cellule.
En effet le fait de circuler de cellule en cellule, de manger entre co-détenus, d’avoir un semblant de vie sociale, était toléré par les directions des différentes centrales et cela depuis toujours. Puis, sous prétexte de quelques incidents, le ministère en a profiter pour réagir contre le soit disant « laisser aller » régnant dans les centrales et faire en sorte que ces établissements soient réellement des prisons sécuritaires de niveau 3, celles qui sont aptes à recevoir les individus dangereux et les longues peines.
Bref le gouvernement avait décidé d’expérimenter sa politique sécuritaire et de tolérance zéro en commençant par la base, c’est à dire les prisons. C’est ainsi que nous avons vu fondre, au fil des mois, tout un tas d’acquis pour être remplacé par un durcissement des règlements intérieurs. Bien sûr ce ne fut pas sans conséquence, car la vie en détention avait changé du tout au tout et les détenus réagissent toujours, d’une façon ou d’une autre, pour garder leurs « privilèges » obtenus de haute lutte durant les émeutes des décennies précédentes.
Donc forcement il y eut quelques incidents et mouvements d’humeur au sein des centrales dont le plus important fut l’émeute de Clairvaux en février 2003.
En mars 2003 Perben, le Garde des Sceaux de l’époque, convoquait tous les directeurs pénitentiaires régionaux pour leur demander encore plus de sécurité et de discipline suite à ces incidents et autre évasion spectaculaire.
En avril Clairvaux explosait pour la deuxième fois. Émeute et incendie pour dire NON au nouveau régime hyper répressif qu’ils étaient en train de mettre en place dans les centrales.
En novembre 2003 sont crées les E.R.I.S, (sorte d’unité spéciale composé de surveillants entraînés pour le maintient de l’ordre dans les prisons), ceci afin d’enrayer et de prévenir toute révolte.
En quelques mois j’ai pu constater l’escalade sécuritaire que ce gouvernement nous a imposé, d’abord dans les prisons, puis progressivement dans toutes les autres classes sociales en commençant par les plus précaires, donc les moins défendu ; détenus, immigrés, prostitués, habitants des banlieues ghettos, chômeurs, intermittents etc....
Bref tout un tas de mesures et de lois régressives et répressives vont apparaître et être mises en place au détriment des couches les plus basses de la sociétés, afin de parer à la colère et aux débordements probables de ces quelques millions de citoyens qui vont être mit sur la touche en raison d’un choix de société ultra libérale qui ne favorise que les intérêts du pouvoir et du patronat.
L’état va se donner les moyens d’appliquer cette politique par une dissuasion exacerbée et une présence de plus en plus importante de la police sur le territoire.
Les contrôles d’identité se passent souvent mal, surtout concernant les jeunes issus de l’immigration et petit à petit une sorte d’impunité va se développer au sein des forces de l’ordre qui ont reçu des consignes de fermeté et de résultat. Les lois Perben 1 et 2 vont mettre un sacré coup à nos libertés individuelles sans que personne ne réagisse vraiment.
Durant des mois la pression est donc mise sur les populations les plus défavorisées et cela fait grandir un ressentiment de plus en plus vif vis-à-vis de l’Etat et de ces institutions. La jeunesse des banlieues va se sentir de plus en plus agressé par cette politique répressive.
Le contexte économique et social qui se dégrade, les délit de sale gueule, le racisme, le chômage, les exclusions, la suppression des subventions pour les associations travaillant dans les banlieues, la suppression de postes dans l’éducation, la suppression de moyens dans tous les secteurs sociaux sur le terrain, la paupérisation des familles dans les cités...tout semble réuni pour favoriser le malaise et les tensions. Le baril de poudre n’attend plus qu’une étincelle pour exploser.
Novembre 2005 à Clichy sous Bois, des gamins de banlieue sont pourchassés par une patrouille de flics zélés, la peur les pousse à se planquer dans une centrale EDF, et voilà cette fameuse étincelle qui foudroie deux mômes.
Des paroles provocatrices prononcées par Sarko et une bavure, il n’en fallait pas plus pour que les banlieues explosent.
Voilà, la France entière est rivée sur le petit écran et tremble face à ces hordes de barbares qui mettent le feu aux bagnoles, le fameux « la France a peur » de Roger Gicquel prend tout sont sens.
Comme en prison, quelques mois plus tôt, se sont émeutes et incendies. Les banlieues s’enflamment et l’embrasement va s’étendre dans toute les régions de l’hexagone, les autorités n’hésiteront pas à instaurer le couvre feu. Bien sûr on trouvera toute sorte de raisons aussi farfelu les unes que les autres pour expliquer cette révolte des jeunes de banlieue, délinquance organisée, guerre de religion, guerre ethnique bref tout ce qui fait peur à la populace. Débats et spécialistes viendront noyer le poisson dans les medias, mais pas à un seul instant on mettra en cause la politique désastreuse du gouvernement. Gouvernement qui par sa rigidité, son aveuglement est le seul responsable de ce grand incendie du mois de novembre.
Maintenant c’est au tour des jeunes et des étudiants avec le CPE, le gouvernement a trouvé une autre classe sociale à précariser. Evidement ce ne sont pas des « sauvages » comme nous, alors au début ça manifeste gentiment, mais quand même, en fin de cortége ça finit par exploser à cause de « casseurs » infiltrés, là aussi les occupations de FAC et manifestations qui tournent mal font souffler un vent d’insurrection dans le pays.
Malgré cela ce gouvernement reste inflexible et mise sur le pourrissement
Vraiment ils n’ont rien compris et persiste dans l’aveuglement et la surdité...les syndicats d’ouvriers s’en mêlent car le droit du travail est salement attaqué avec ce CPE... mais comment tout cela va- t-il finir ?
Ça sent la bavure et la répression à plein nez, une escalade dont seul ce gouvernement sera responsable dans les prochaines semaines, les prochains mois. Il y a quelque chose qui ne va pas, la révolte gronde et ce gouvernement ne se remet jamais en cause. C’est une arrogance absurde qui se paiera très cher...
Imaginons que les prisons, les banlieues, les manifestations d’étudiants, le monde du travail, explosent en même temps ça ferait un drôle de feu d’artifice, non ?
Progressivement nos dirigeants ont imposés leurs lois sans aucune concertation en utilisant le passage en force pour soumettre les classes sociales les plus faibles.
Demain quel va être la prochaine étape et quelle catégorie sociale va morfler ?
A l’heure ou j’écris ces lignes ont peut tout imaginer dans cette escalade et tout peu arriver. Je reste donc à observer tous ces mouvements sociaux en m’attendant au pire. Tous ces événements me font penser à un texte prémonitoire que j’avais écrit en 2002, je vous laisse à sa lecture en vous souhaitant bonne chance pour ce qui va arriver...

A bientôt sur le « BLOG » pour la suite...

Avril 2006