Laurent JACQUA
Maison Centrale de Poissy
17 Rue Abbaye
78300 POISSY
’’Procès Moussaoui : chronique d’une humanité suicidaire...’’
Zacarias Moussaoui vient d’échapper à la peine de mort pourtant tant réclamée par une Nation américaine avide de vengeance. Le monde entier n’a pu assister qu’à une grossière tentative de suicide par procuration d’un pseudo kamikaze qui a voulu se servir de la justice américaine pour se donner la mort. La volonté de mourir de Moussaoui ne lui a pas été accordée par le verdict des jurés, ils ont préféré le laisser vivre, lui interdisant toute possibilité de devenir un martyr immédiat. Cela sera donc la mort lente et la folie comme seule compagne durant des décennies jusqu’à l’oubli.
Andy Warhol disait que nous aurions tous notre quart d’heure de célébrité. Moussaoui n’a pas dérogé à la règle, inconnu lors de son arrestation pour un problème de visa, il est devenu le vingtième kamikaze du 11 septembre.
Drôle de raccourci auquel il est difficile de croire et qui semble complètement artificiel. Même si ses idées extrémistes sont une réalité, tout semble s’être construit petit à petit autour de ce coupable idéal.
Peu importe, le monde occidental et les USA en particulier, ont besoin de symboles même s’ils sont factices, cela sert les intérêts troubles qui marquent les dessous de son Histoire tout en désignant et stigmatisant le nouvel ennemi à combattre aux yeux des masses. Cela bien souvent nous dépasse, comme si nous n’étions que des pions sur un grand échiquier que quelques fous manipulent à leur gré.
Illusion, manipulation, mensonge, destruction, voilà les nouveaux gourous et les nouveaux noms des quatre cavaliers de l’apocalypse qui s’avancent sur le grand échiquier du monde.
Zacarias Moussaoui a sans doute voulu s’auto persuader qu’il a sacrifié sa vie pour une quête mystique, mais peut-être aussi que cette condamnation à mort avortée, n’était pour lui que le seul moyen de se libérer de sa souffrance et d’en finir avec ses conditions de détentions.
Ceux qui ont vécu l’isolement et l’enfermement à long terme connaissent ce comportement suicidaire et on peut toujours le déguiser de spiritualités ou de fanatisme cela ne trompe pas. Les effets de ces détentions d’exceptions donnent toujours le même résultat, elles altèrent l’esprit et le discernement ce qui conduit inévitablement à une torture psychique dont la seule issue pour qu’elle cesse est le suicide.
Le procès est terminé, Moussaoui a été condamné à la prison à vie mais cela ne résout rien et ne répond à aucune question que cet attentat hors norme pose à l’humanité toute entière.
En effet, le « 11 septembre » a marqué l’esprit de tous à travers la planète, chacun a pu l’interpréter à sa façon, selon sa propre perception liée à sa culture, sa philosophie, sa religion, sa race ou autres différences.
Nous avons tous vécu une expérience intime et personnelle avec cet événement. Cette journée nous a touché et métamorphosé d’une façon ou d’une autre et je crois que son impacte dans les consciences est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît.
Je pense qu’il faut considérer cet acte insensé comme un « signe » nous renvoyant à ce que nous sommes et a ce que nous allons devenir si nous n’arrêtons pas notre folie auto destructrice. Nous ne nous en rendons pas vraiment compte à cause des distractions, du bruit et de la fureur, mais l’humanité ce fait de plus en plus suicidaire depuis quelques années.
Je suis persuadé que cet événement est un message, une mise en garde adressé à chaque âme de ce monde dépressif et qui nous dit, qu’il est temps de comprendre que si nous continuons ainsi, nous allons tous sombrer dans un abîme où il n’y aura place ni pour le bien, ni pour la paix, ni pour la vie.
Ce procès me donne donc l’occasion de vous livrer ma perception « vu de prison » de cette tragédie, c’est une vision personnelle qui n’engage que moi, mais je crois qu’il est bon pour chacun d’entre nous d’avoir une réflexion sur ce désastre qui à marqué ce nouveau millénaire car il en va de notre avenir et celui de nos enfants. Quitte à nous remettre en question, nous avons intérêt à savoir pourquoi des hommes sont capables de donner leurs vies pour commettre de telles actions.
11 septembre 2001...
Au fond de sombres cachots lorsque je pouvais voir un bout de ciel bleu à travers d’épaisses grilles et de solides barreaux, je restais de longs moments dans le silence à observer puis suivre les traînées blanches que font les avions à haute altitude.
Je me mettais à rêvasser en pensant à ces voyageurs insouciants qui partaient pour des destinations lointaines. De mon lieu de souffrance je saisissais un fragment de leur vie sans qu’ils ne le sache et je leur prêtais des destinations exotiques et fabuleuses, je les enviais et me disais que moi aussi un jour je serai à leur place pour partir, ailleurs très loin, mais avec la conscience que, peut-être en bas quelqu’un, privé de liberté, regarderait les traînées blanches de mon avion...
Les temps ont changé et en ce jour les traînées blanches ressemblent à des coups de griffes acérés déchirant l’azur. Arrivées au-dessus de la grande Babylone, elles se sont transformées en flèches de feu, décochées par des anges exterminateurs autoproclamés.
Des textes sacrés, aux profondeurs des grottes de Patmos, un parfum de fin du monde se fait sentir, comme un vent qui se lève, comme une armée d’ombres en marche, avec à leur tête les quatre cavaliers de l’apocalypse.
Ils se sont dressés aux lueurs de l’aube pour fondre sur les villes pécheresses, chevauchant des dragons mécaniques ayant la forme de jets rugissants et étincelants...
Les portes de ce nouveau millénaire s’ouvrent sur un bain de sangs, une tuerie, un carnage au nom des spiritualités. Choque des cultures, des civilisations qui repend ses guerres de religions et trouve ces victimes innocentes à travers le monde.
Il est beau ce matin d’été indien sur les grandes villes d’Amérique. A New York le soleil est radieux. Il frappe des milliers de baies vitrées qui brillent comme autant de diamants scintillants de mille feux, on croirait les buldings serties de pierres précieuses tel une rosée luminescente sur un horizon infini de tours de Babel.
Gratte-ciels qui remplissent d’orgueil et de vanité le cœur des yankees, conquérants dont les glaives saignent encore des crimes du passé et qui sont loin d’abaisser l’épée ou d’accorder une trêve aux peuples encore insoumis.
Glaives dont les reflets aveuglent toute l’humanité et toute la sagesse des anciens. Ce sont les nouveaux barbares sans histoire qui envahissent la terre avec leurs machines de guerre écrasant tout sur leur passage. Il reste peu de temps et d’espoir aux générations futur...
Le paradis et l’enfer se rapprochent rapidement, dangereusement amené par le vent divin. Il va souffler très fort, comme une tempête de braise dans le ciel bleu de Manathan ...
Ils se sont levés brandissant leurs lames. Ils ne sont déjà plus là, ils s’estiment déjà martyrs. Personne n’imagine, dans cet avion, que tous vont mourir dans une guerre spirituelle qui les dépasse.
Le sang coule pour s’emparer du cockpit et s’installer aux commandes.
Le vol AAL 11 d’American airlines avec quatre vingt douzes passagers et membres d’équipage vient d’être détourné et se dirige tout droit sur les symboles de l’empire économique et financier du nouvel ordre mondial... les Twins Towers.
Quatre cent mètres de verres et d’aciers grouillant de femmes et d’hommes d’affaires, d’employés, de secrétaires, de sociétés en tout genre...
La journée a débuté, comme d’habitude, autour de la machine à café, en fond sonore, des discussions et des bonjours matinaux entre collègues. C’est une journée de boulot qui commence.
La vue panoramique est splendide avec ce soleil et ce ciel pur troublé seulement par un point brillant qui se rapproche à l’horizon.
8 h 45. Le vacarme des réacteurs traverse la ville, les têtes se lèvent pour scruter les cieux et voir l’aéronef surgir de nul part. Une camera filmant le banal quotidien va saisir pour l’Histoire les dernières secondes de l’avion avant le crash. Big Brother ouvre l’œil ...
Le Boeing 767 percute la tour nord du World Trade Center dans une explosion formidable faisant vaciller l’édifice et laissant une blessure béante dans l’immense façade. Une boule de feu et un nuage de fumée noir envahi le ciel de New York.
Terrible accident ?
Personne ne sait encore...
Déjà toutes les télévisions sont sur le coup pour filmer la catastrophe. Les tours sont prises sous tous les angles et en un instant la planète entière peut voir l’événement en directe.
C’est à 9h03 que le deuxième avion de ligne s’écrase dans la tour sud et c’est à ce moment là que les consciences collectives basculent dans l’incrédulité, le cauchemar et la peur. Stupeur infinie face à un acte aussi fou, aussi spectaculaire, aussi démentiel. On vient d’entrer de plein fouet dans une guerre sainte, le courroux divin vient de frapper en direct sur CNN...
Le paradis et l’enfer se sont rapprocher très prés de nous pour s’abreuver d’âmes fraîches et terrifiée à l’heure de la fin des temps qui semble avoir pris de l’avance ce matin là...
Des météores d’aciers pilotés par des hommes se réclamant du châtiment de Dieu sont tombés sur l’orgueilleuse Amérique. La terre yankee saigne, blessée par la vengeance de combattants venus du désert d’Arabie. C’est la lame entre les dents qu’ils ont voulu punir le démon américain en lui sectionnant ses deux cornes d’aciers et de verres plantés comme deux poignards en plein cœur de Manathan...
Je suis à quelques milliers de kilomètres de là, en plein Paris, embastillé à la prison de la Santé. J’observe l’événement à la télévision avec six heures de décalage, c’est le début d’après-midi et cette journée n’est déjà plus comme les autres...
La télé, même si elle lobotomise à la chaîne, est devenu une sorte de seconde fenêtre dans ma cellule et j’y vois défiler l’histoire des hommes, à force, j’ai l’impression de me retrouver en orbite géostationnaire, tournant autour de la terre, les doigt solidement accrochés au hublot de peur d’avoir le vertige et le tournis face à ces visions d’horreur. Au fond, je suis spectateur d’un monde en décomposition. Du fond de ma grotte moderne j’ai accès à la folie des hommes et parfois j’en ai mal au crâne. Décidément l’humain est irrémédiablement fou !
Depuis le premier « crash » ça court dans tous les sens dans les coursives de la tôle, véritables « ruches » où circulent des abeilles non productives remplies de fiel. Ici ou là, fuse des « Allah ou Akbar » reflétant la joie de ceux qui approuvent l’acte des « kamikazes ».
Julio passe à ma porte :
-Tu regardes la 2 ? Il y a encore d’autres avions qui vont tomber. »
Comme s’il s’agissait d’une averse insolite.
Puis il retourne dans sa cellule pour ne rien rater de ces images irréelles, ahurissantes, stupéfiantes...
C’est sûr il y aura un avant et un après 11 septembre, charnière tragique débouchant sur un avenir aux odeurs nauséabondes de charniers et d’hécatombes. Le monde se transformerait-il en une immense fosse commune ? Le 20eme siècle fut un siècle politique, le 21eme sera celui de l’avènement des religions et des conflits qui en découleront. La guerre des dogmes est inéluctable. L’humanité se rassure ainsi de la venue du grand massacre de la fin des temps, l’Apocalypse...
Nos journalistes nationaux sont sur le pont, « édition spéciale » sur « édition spéciale », les rédactions sont en fusion toutes excitées comme des vautours autour d’une carcasse encore chaude.
Information continue où l’on nous garantie, certifie, que ce n’est pas un film, une fiction, que c’est la réalité, la vérité vrai... c’est dire l’énormité de l’événement.
Les Twins Towers, le pentagone et ce n’est peut-être pas fini, on est tous suspendu aux images guettant, quand même, les bruit de réacteurs dans le ciel Parisien.
L’un des journaliste lâchera même un « c’est génial ! » sans prendre garde que sont micro était resté ouvert...
George Bush junior et ses allures de cow-boys a disparu on ne sait où, tel un enfant ayant peur du noir. Le haut commandement américain est en planque dans un « blaukaus ». Seul les civiles ont le droit de fuir en tous sens sans trouver d’abri, comme des poules ayant la tête tranchées courant en tous sens dans les rues de New York.
Des cris, des larmes et la peur, mais où s’en est allé la première puissance mondiale ?
Dans un fracas terrifiant les tours ont finis par s’effondrer comme des châteaux de cartes, soulevant un énorme nuage de poussière étouffant éternellement le cri des victimes ensevelis dans les ténèbres de ce jour funeste.
Manathan se couvre d’un vaste brouillard, comme un linceul sombre, petit avant goût du jugement dernier, images incroyables digne des plus grands films catastrophes, sauf que cette fois c’est du vrai, du violent, du sanglant. Hollywood, l’industrie du mensonge, ne fera jamais mieux....
L’occident vient de se prendre une gifle monumentale par quelques illuminés ayant lu Tom Clency.
Tandis que les uns sont apeurés, choqués ou fascinés, les extrémistes et djihadistes du monde entier rient et fêtent l’événement savourant la vision de la grande Amérique un genou à terre et sonné par se coup de massue asséné par leurs « frères »...
Cela résonne jusqu’en Afghanistan où quelques jours auparavant Massoud le « Lion du Panshire » s’est fait occire par deux faux journalistes ayant fait exploser leur camera piégée lors d’une interview. Narcisse assassin !
On commence à comprendre et les experts et spécialistes en géopolitiques s’éternisent en débat sur l’existence d’une entité, d’une organisation terroriste nommé AL-QAÏDA, soi-disant monstre rependant le sang au nom de Dieu. Mais n’est-ce pas, là encore, un « bébé » crée dans les laboratoires secrets de la CIA à Langley en Virginie, ou depuis des décennies « l’agence » prépare et organise, comme un savant fou, les conflits futurs ?... Mais quel est le véritable visage du mal ?
En ces temps incertains on ne distingue plus le bien du mal comme le blanc du noir, j’ai cru longtemps que je ne percevais plus les couleur de la vie, mais en fait, c’est le monde qui est devenu gris et sale, moi je n’ai fait que constaté cette métamorphose négative depuis ces vingt dernières années passées derrière les barreaux et je crois que cela a fini par m’atteindre. Il n’y a que les insouciants, les inconscients, et les égoïstes qui vivent bien et heureux sur ce globe, les autres sont livrés en pâture à la misère, à la famine, aux maladies, aux chiens de guerre, aux illuminées, aux dictateurs, aux tyrans et aux despotes de tous poils.
Au fond ma cellule s’est transformée en observatoire et de mon balcon je vois passer en cortège l’horreur de cette humanité soumise à si rude épreuve et qui s’automutile au quotidien. Sacrifice humain sur l’autel de la bêtise, de l’ignorance, du vice, du pouvoir, de l’argent, de la vanité...c’est un grand bûcher qui se prépare en enfer.
La logique de la vie est défiée, la haïssons-nous à ce point pour n’aimer que tuer, détruire, anéantir, souffrir et mourir ?
Qu’est-ce qui pousse l’homme à tant de folies, le surnaturelle, le libre arbitre ou le mal absolu ?
Qui sont ceux, qui porté par le vent divin, sont capable de répandre la mort aussi facilement ?
Voient-ils ce que nous ne voyons pas, entendent-ils ce que nous n’entendons pas, comprennent-ils ce que nous ne comprenons pas ?
Etre aussi pressé de rejoindre l’au-delà n’est-ce pas là un geste dicté que par la métaphysique, élimination du corps pour la libération de l’âme refusant la corruption, la perversion, la décadence, la répugnance de notre époque...est-ce vraiment le seul raccourci pour l’Eden ? Ou n’est-ce qu’une grande illusion ?
Serions-nous dans un tel cul-de-sac pour ne vivre que cette finalité ?
La terre se rétrécie et la pensée métaphysique impose sa loi, elle éblouit et hypnotise les hommes.
Nous arrivons au fond de l’entonnoir, vous savez celui que le fou met sur sa tête...
Les vieux sages de ce monde ne peuvent que verser des larmes d’amertumes sur cette humanité déchue et si prompt à donner la mort à son frère, Caïn a encore faim...
Si nous avons été chassé du paradis il y a bien longtemps c’est que nous en étions indignes, c’est pour cela qu’aujourd’hui il est si difficile d’y retourner, les hommes en deviennent fou et sont prêt à tous les sacrifices, quitte à sombrer dans l’erreur et se perdre en chemin.
« Qui veut faire l’ange fait la bête... » Dit le proverbe...
Nous avons perdu l’innocence et la vérité qui étaient inscrites en nous, elles se sont diluées comme les larmes dans la pluie, finissant leur chemin dans les égouts d’un monde qui se meurt...
Celui qui retrouvera au cours de sa vie ces deux trésors méritera sûrement sa place au paradis...
A bientôt sur le ’’BLOG’’ pour la suite...
Laurent JACQUA, "Le blogueur de l’ombre"